la haine. elle remue ses sens, échauffe son sang, se reconnait dans son regard guerrier et sa posture martiale, dans sa démarche assurée et son poing serré à s'en blanchir les phalanges.
soumises à la hiérarchie du règne animal, les émotions comme la joie ou la résignation ne font pas le poids tant ce sont des élans vains face à cette colère qui repeint son monde de rouge.
(ou de noir).
seraph se love dans les bras de cette fureur, avec un certain masochisme, cette pulsion de vie qui rapproche les passions aux extrêmes, jusqu'à les brouiller. cecil. le maudit demi-frère, le seul dont l'égo peut rivaliser avec le sien: c'est qu'il croit pouvoir réécrire les règles, déjouer le destin tout tracé.
cecil, ce nom qu'il ne supporte plus d'entendre dans la bouche des gladiateurs: jour après jour, la grandeur sparte de l'arène faiblit un peu plus sous les hauteurs de l'olympe.

alors seraph a décidé d'aller le chercher.
les marches de l'ecclésia sont gravies sans y penser, et plus il prend de l'altitude, plus il se sent puissant. il comprend pourquoi cecil aspire à cette élévation. après tout, leurs ambitions se sont toujours fait écho, et c'est ce qui fait de lui son ennemi le plus redoutable.
au sommet, sous les colonnes de marbre, il s'impose sans avoir été invité.
le trouve enfin. seul. tant mieux.
cecil... ce n'est ni une salutation ni un avertissement mais un véritable grondement sorti des tripes, et ses pas s'accélèrent, s'arrêtent seulement lorsqu'il lui fait face. toi et moi on a des choses à se dire.
à la vue de ce visage familier et de sa moue suffisante, il frôle la perte de contrôle, se fait violence pour garder la tête froide. il le faut.
il en est sûr, il n'y a pas la place pour deux aux sommets du pouvoir.
la fin justifie les moyens: un jour, il le piétinera.

@Cecil Warren

l'envie de le saisir par le col s'empare de seraph avec une violence insoupçonnée. il s'imagine le traîner loin de ce trône factice duquel il parvient à le prendre de haut. les genoux à terre, cecil lui semblerait peut-être un peu moins détestable.
lève-toi, ou c'est moi qui vais te lever.
face à son air placide, seraph lutte contre sa soif de brutalité (la fatuité olympienne attise l'orgueil du sparte).
personne ne t'a demandé de l'ouvrir. et comme pour répondre à la moquerie, il revêt lui-même un sourire torve, qui n'anime que la partie inférieure de son visage. dans ses yeux sombres, le tumulte. j'entends beaucoup parler de toi, tu sais... et ton nom dans la bouche de mes gladiateurs, j'apprécie pas trop.
d'un léger mouvement de tête, il ponctue ces mots par le craquement sourd de sa nuque. il n'est que nerfs, sang, chair et muscles. l'ego provoqué par la concurrence d'un moi tout aussi encombrant, il ne peut que se câbrer dans une tentative desespérée de marquer son territoire. la coexistence lui est insupportable.
avoir le cul posé sur ton fauteuil, ça te suffit à oublier que tu n'as pas ta place à l'arène? le sourire s'élargit mais sous les cils, toujours ce feu hivernal.  moi, je n'oublie pas que tu n'es pas à la hauteur.
il peut user de stratagèmes, manipuler, empoisonner s'il le veut: seraph ne l'envie en rien. il l'écrasera par la force brute. éperdument, il se sent, se sait, se veut supérieur.

@Cecil Warren

s'il faut la provocation pour attirer son regard, il le provoquera. s'il faut remuer la lame d'un couteau dans ses plaies mal refermées, il s'en donnera à coeur joie.
à la morsure de la lame contre sa joue, seraph répond par un terrible sourire, incontrôlé, incontrôlable. aux anges de le voir céder à la colère. et lorsqu'enfin, cecil daigne lui faire face, il étouffe un rire guttural. c'est avec un certain plaisir qu'il reflète ses pas, rompt la distance. s'il ne le dépasse que de quelques centimètres, cela lui suffit pour jubiler. il ne s'arrête que lorsque leurs fronts se frôlent.
c'est bien. lève donc les yeux pour soutenir mon regard.
oh mince... je te dois des comptes ?
le sang s'écoule de la plaie fine, suit le tranchant de sa mâchoire. du pouce, il le recueille. pardonne-moi, maître... et sur le visage suffisant de cecil, du côté immaculé, peint une traînée de rouge.
qu'il l'empoisonne, donc, si ce n'est pas déjà fait.
bien vite, le sourire se dissipe: il admire son oeuvre, d'un sérieux à faire peur. de sa présence irréductible, il cherche à l'étouffer, venu le chercher directement dans son espace personnel.
tu te penses intouchable, mon frère ? ce n'est pas son trône, les cent marches de l'ecclésia ou même un conseil d'ambassadeurs qui se mettront en travers de son chemin. seraph n'oublie pas le cecil désemparé de la colonie, celui qui a du supplier pour susciter la reconnaissance du paternel.
fais donc. ta chute n'en sera que plus belle.

@Cecil Warren

puisque c’est comme ça, pas de problème. convaincant, il peut l’être. il le sera. si cecil se veut indéchiffrable, il n’en reste pas moins humain. et son corps crie à l'aide, quoiqu'en disent les mots.
ces mots qu'avec expertise il manipule, à l'image d'une lame qu'il imprégnerait de venin mortel; c'est qu'il s'y connait en la matière.
pour être un bon chien il faut aboyer. seraph plisse les yeux. le toise au travers de ses cils, sans bouger. il ne va pas oser.
et fidèle à lui-même, cecil ose.
de sa bouche odieuse, l'ordre est plus sale qu'une simple insulte, indigne du combat de titans auxquels leurs egos se livrent depuis des années.
l'inspiration qui suit est lente et profonde. cruellement conscient de la colère qui lui tord les tripes, seraph se livre au supplice de l'émotion, se réjouit de cette épreuve avec masochisme. enfle le torse de sorte à l'envahir davantage dans leur proximité. pendant un court instant, il détend sa nuque, semble contempler un point au-dessus de leurs têtes.
puis la douleur, aigüe, des fronts qui se percutent.
le souffle coupé par le choc, il recule d'un pas, se plante au sol, anticipe le vertige qui suit de coutume une telle offensive.
l'expiration est empreinte de délivrance. si tu veux mon avis, tu aboies très bien sans mon aide.
et le sang qui s'écoule du nez de cecil, tapageur, jubilatoire. ce que tu es fragile... la remarque est cruelle, l'intonation l'est davantage : loin d'être vindicative, elle ne laisse paraître qu'une vague déception.

@Cecil Warren  

enfoiré de merde.
et cette fois, l'injure sonne comme un compliment qui le berce et l'enchante. arracher cecil à son indolence, le priver de son arrogante indifférence, voilà qui suscite chez seraph un plaisir indicible. il rayonne, ravi de constater que sa colère est contagieuse, corruptrice.
quand cecil le capture, il ne répond à sa fureur que par un sourire satisfait.
qu'il se laisse dévorer, qu'il ne puisse plus lui cacher son vrai visage.
si j'avais voulu t'abattre tu serais déjà mort. il le pense. a rarement été aussi sincère. je préfère te détruire.
son regard se pose sur la chaîr brulée de son rival, elle qui vient crier le paradoxe à sa belle gueule à peine repeinte de rouge. son détachement a quelque chose de dédaigneux. ah, parce que tu crois que ça m'intéresse...
et, comme pour le déstabiliser davantage, le sourire se mue en un ricanement sinistre. qu'il essaie, donc, de le traîner avec lui dans les profondeurs du styx - il n'attend que ça!
libéré de la poigne du demi-frère en furie, seraph s'époussette d'un geste ordonné.
j'attends de voir ça, cecil. et je dois dire que je m'impatiente. le contaminer de sa haine, voilà ce dont il avait besoin. débarassé de cette passion éprouvante qui le ramenait à sa vaine condition, il n'en est que plus puissant.

@Cecil Warren  

face à ce demi-frère qu'il déteste et méprise, seraph est plus vivant que jamais. le défi, il le relèvera avec ardeur; et aux mots de cecil, l'adrénaline semble lui brûler les tripes, de ce feu qui ne s'éteint jamais vraiment.
je passerai un million de vies à te voir échouer, mon frère.
la promesse est porteuse d'une animosité en nuances de rouge: cette haine n'existe pas dans l'indifférence, seulement dans l'attraction. s'ils sont capables de se rendre fous, c'est parce qu'ils s'estiment et parfois, se regrettent - dans le regard de l'autre, un désir enfoui de reconnaissance.
d'une dureté qui ne laisse percevoir aucun tremblement de l'âme, il retourne ce serment solennel. et je te traînerai avec moi, jusqu'au fin fond des enfers s'il le faut.
puis, lentement, il rétablit la distance de quelques pas en arrière. répond à ses menaces par un hôchement de tête lent et consciencieux, qui semble vouloir dire c'est ça, si tu veux.
je n'en ai pas fini avec toi, cecil. sinistre, le rictus qui étire ses lèvres. tu veux que je m'en aille? tu as peur, peut-être? de nouveau, ce mouvement de tête entendu, équivoque, appliqué. revêtu de son sérieux à faire peur. tu veux la guerre, tu l'auras. mais quand tu te sens confiant, puissant, intouchable... ne m'oublie pas. le pouce ensanglanté, brandi comme ultime rappel.

@Cecil Warren