(FLASHBACK DU SOIR OÙ ILS SE SONT MIS EN COUPLE // PASSÉ PROCHE // www)

l'esprit anesthésié par les exaltations divines et Nate succombe à ses vertiges, il n'est plus qu'accumulation de sentiments euphoriques et d'une allégresse légère; ses pas ne sont plus francs alors qu'il menace de s'écrouler à chacun des roulements lourds de ses pieds sur le sol. malgré tout la gorge s'essaie à des rires sonores et honnêtes alors que ses joues le tirent que de sourire, benêt, à chaque fois que ses doigts s'entremêlent à ceux de celui à ses côtés
Nate l'encéphale noyé ne cherche plus à faire sens et tous ses sens ne répondent plus qu'à l'appel d'un myocarde dérobé; et c'est Leon qui joue avec alors qu'ils rentrent difficilement vers l'habitation de ce dernier
eh Leon ? il articule clairement mais son discours rencontre des entractes ponctuées de rires et de presque-chutes imprévisibles
Leon ? j'avais jamais remarqu- tu m'écoutes ?
je te disais ... j'avais jamais remarqué que tes mains ne faisaient pas la taille du verre, au bar, je te regardais longuement ! et je me suis dit, tiens, c'est marrant ses mains
j'aime beaucoup tes mains, tu le sais, ça ? je te l'ai jamais dit, je crois et sans permission Nate s'empare des siennes et vient comparer ses longs doigts fins à ceux de Leon, puis emprisonne leur main l'une dans l'autre sans rien dire, les joues rougies par la boisson et les émotions
ils avancent doucement comme ça, font un bout de chemin, avant que Nate ne vienne faire signe à Leon de s'asseoir un instant

il ne veut pas rentrer

@leon morban guttiérez

Les lumières du quartier tracent des lignes opales comme des couronnes ivres sur nos cheveux ; cupidons électriques dont je me fous, j'aimerai Nate dans le noir absolu. Et je serai toujours là pour le guider.
‹ Oui je t'écoute. › Je ne fais que ça, en fait. La rue est diluée par la présence de Nate que je couve soucieusement. Je n'ai pas de gêne à le tenir contre moi, et parfois nous décrivons de petites courbes ensemble, riant tout bas ; j'avoue que je me complais, en fait, dans son contact, dans le découpé de son profil près du mien, dans son parfum troublé par l'alcool. Quand il bascule trop en avant, je le retiens d'une main sur l'épaule, et je ris de sa maladresse comme de la bonne fortune.
Moi aussi je chancèle, des fois ; surtout mon cerveau pétille et quand je bascule la tête je sens mes sentiments se décoller et couler jusqu'à l'arrière de mon crâne. L'amour est un corps externe — je suis son développement dans mon organisme comme celui d'une maladie tendre.
Moi non plus, je ne veux pas partir.
Je veux continuer de l'écouter et marcher en le faisant. Singer l'amour jusqu'à ce que ce soit vrai ; mon corps se réchauffe d'être convoqué dans sa voix, une combustion spontanée qui me fait tourner la tête — vers lui. Je les regarde, mes mains, incrédule. Et j'attrape sans hésiter celle qu'il me tend en les portant au niveau de nos yeux. Toujours nous nous touchons. ‹ Je vois pas ce que tu leur trouves. Regarde les tiennes. › Elles sont un peu calleuses, chaudes, et mes doigts courts sont pleins de cicatrices traitres. Ce ne sont pas des mains sur lesquelles on écrit. Le contraste est drôle ; son allure romantique pourrait me désoler, mais je ne suis pas jaloux et j'aime trop le regarder et j'ai la tête lourde et la légère ivresse m'aide à demander tout bas, plus haut, pourtant que les passant-es, tandis que nous asseyons : ‹ Il y a d'autres choses que tu m'as pas dit, que t'aimes chez moi ? ›
Je me rapproche de lui et colle ma cuisse à la sienne sur le banc. Je le vois mieux à la lumière des réverbères, ses yeux irisent comme deux étoiles. Qu'est-ce qu'on fait, si on ne rentre pas ?

Nate était un soldat amoureux. il ne prenait les armes que pour lui, les siens, c'était tout; n'ouvrait ses confessions jamais. il ne se confiait réellement qu'à lui-même et jusqu'alors il sentait qu'il devrait porter le poids de son monde seul sur ses épaules, parce qu'il ne croyait personne assez fort pour ça.
c'était avant Leon

ils se tenaient deux sur ce banc et si le contact était maintenu Nate aurait volontiers gardé Leon toujours près de lui, non pas par peur qu'il s'envole : plus sans doute par peur de perdre ce qu'on ne rencontre qu'une fois dans l'existence, voire même l'univers
tes mains sont vraies (celles de Nate étaient belles mais vides. beau c'est synonyme de creux, vain, éphémère et superficiel. beau ce n'est bon que quand on a que ça; et c'est souvent pire quand on le réalise ou qu'on est aussi lucide)
les pupilles se ferment pour chercher un semblant de clarté ; les oeillades de Leon n'étaient jamais affamés toujours gourmandes. elles n'étaient pas teintées d'une volonté perverse d'objectivation de ses traits; le monde ne voulait de Nate que ses émois et ses faveurs, Leon voulait de tout et c'était probablement tout nouveau pour lui.
j'aime ...
quand tu marches, tu n'es pas tout à fait droit mais tu n'es pas penché non plus.
j'aime quand tu cours et que tu deviens rouge, un peu, je trouve ça adorable
j'aime quand je fume et que tu t'arrêtes de respirer si y'a de la fumée qui vient vers toi- désolé si je te dérange quand je fais ça. il reste stoïque un moment mais son corps est pris de soubresauts nerveux j'aime beaucoup de choses chez toi Leon

@leon morban guttiérez

Il ne ment pas
Nate, il ne me ment pas. Je le sais à le voir trembler sans faire le fier. On dirait qu'il apprend à aimer.
Je le regarde lentement dérouler sa parole fluide comme l'alcool, et retrace dans ses yeux son image de moi qui est d'une précision obscène. Ce n'est pas une photographie ni un tableau - trop figés, trop classiques - mais une anthologie de mes charmants défauts. Je dis ça sans prétention et sans trembler moi : c'est Nate qui les sublime comme s'il parlait en dormant, les yeux mi-clos il me raconte son rêve en marge de la foule — j'y pense, est-ce que je suis dans ses rêves parfois ? — et je l'écoute me décrire, prononcer je t'aime en soixante-seize mots. Ça me fait sourire très sincèrement, mes lèvres comme des couleuvres serpentent et avalent leurs sœurs.
‹ C'est pas grave. › Par indulgence et stupéfaction pour l'évidence de ses sentiments, je lui pardonne sans y penser. ‹ Même si tu devrais fumer moins. ›
Il sursaute, comme surpris de lui-même et je suis attendri plus que tout parce cette vulnérabilité qu'il m'offre, car je la sais spéciale, une chose à chérir et savourer non pas par prétention mais par attention envers ces âmes vertueuses qui s'ouvrent quand on leur demande. Des âmes olympiennes, seigneur, avant d'être vertueuses, qui s'assagissent et se rapetissent hors des temples et c'est là que je peux les aimer comme il faut. Nate je le trouve beau quand il est à portée de cœur, quand il est humble. J'aime chez lui ses mains qui sont faites pour être prises et comblées.
‹ Moi aussi j'aime beaucoup de choses chez toi. › Je ne bouge pas. A moitié tourné vers lui, de ma main libre je me tiens la tête, le coude posé sur le dossier du banc. J'ai l'alcool gai. Je lui tiens toujours la main et je la serre un peu plus fort, les yeux rivés sur lui. ‹ Par exemple j'aime bien quand tu es ivre et que tu es un peu plus sincère, pas toi ? › Ainsi je dépiaute l'air de rien cet idéal qui ne m'intéresse pas.

Nate s'était interrogé sur ce que c'était que l'Amour. c'était une idée compliquée à attraper, toujours plus fugace quand on essaie d'y mettre le doigt dessus. il n'avait connu que des pulsions, illusoires souvent, qu'il aimait créer chez les autres. mais lui-même n'aurait jamais su le décrire et l'imaginer, encore moins l'exprimer;
sauf pour Leon

d'un aveu sourd il laissa de sa gorge sortir un râle rieur alors que sa tête alourdi par l'alcool vint s'approcher de celle de Leon. il l'écouta sans rien dire et quand il eut fini d'écouter Nate chercha ses mots un moment, puis s'évaporer dans les yeux de celui qui lui faisait face; éclairés par les réverbères et probablement par la lueur timide de l'envie. il regarda ses lèvres et reprit parole
c'est de la triche il était amusé moi je te parle de Toi et tu profites d'un moment de faiblesse mais il n'avait pas tort, ses lèvres s'étaient déliées et Nate ne semblait plus en mesure de pouvoir s'arrêter j'aime quand tu m'aimes, mais que ce n'est pas moi qui te forces
j'aime comment tu me regardes, là, maintenant, Leon et sans crier gare il vient l'embrasser rapidement, le libère de son étreinte un moment court je t'aime Leon
tu le sais, ça ? et sans attendre sa réponse il vient reposer ses lippes sur celles de Leon, un grand sourire contenu par son baiser tandis qu'il vient apposer son front sur celui de son guerrier
est-ce que tu m'aimes Leon ? mais Nate connaissait déjà la réponse

@leon morban guttiérez

J'avais aimé, avant ; mais jamais d'un sentiment qui dépassait à ce point mes attentes. J'en saisissais toute la teneur en l'écoutant parler, je déballais, en même temps que Nate faisait son cœur, les instants partagés qui m'avait semblé si naturels sur l'instant ; à vrai dire j'avais un peu peur de la façon dont les émois de Nate terrassaient, en moi, toute envie de résistance dès lors rendue vaine car il n'y avait rien auquel je souhaitais m'opposer — je me sentais avoir des sourires débiles et délicieux et m'y plonger avec lui jusqu'à l'étourdissement. Il ne me forçait pas. Et moi-même je ne m'étais jamais forcé à autre chose qu'à brider des désirs creux, mais cet amour là était profond et sûr, je n'avais pas à m'en méfier. Je regardais ses lèvres quand il regardait les miennes : mus par une symétrie fébrile et confortable, nous avancions pas à pas l'un vers l'autre.
Nate embrasse bien, sans surprise ; mais il est plus ravissant sans doute d'en être acteur pour en témoigner proprement et se hisser à la hauteur des mythes — imaginez l'ironie dans le mot —. J'embrassais le fils de l'Amour en dégorgeant ce titre de tout son contenu, j'embrassais Nate, voilà tout ; on m'a déjà fait la remarque amusée que j'embrassais avec tout mon corps, de manière littérale, à vrai dire, avec mes bras, mes lèvres, et ici mon cœur tout entier. Je prenais tout mon temps et tout mon corps pour anéantir la distance entre nous. Je suis servile à mon désir, et m'en sépare à contre-cœur, les mains en coupe sur le visage de l'être aimé. Mes doigts glissent très vite de ses joues pour lui reprendre la main, les yeux baissés contre son front je respirais doucement l'air qu'il expirait. Une seconde, et Nate reprenait la parole.
‹ À ton avis ? › Je répondais avec amusement, tout proche de lui, mais parce que je refusais que mon ironie soit prise pour de la timidité et que ça me plaisait de le formuler autant que de l'entendre : ‹ Je t'aime. › Et ici mes doigts qui serrent sa main, mon cœur pétillant d'adoration.
Et ensuite l'instant d'après, qui n'est pas un instant même, qui est intrinsèquement relié au précédent ; car nous y repensons et que la nuit, le quartier sont relégués à des cadres bien inférieurs à notre intimité. Enfin quand je juge qu'on l'a bien ressassé — et l'on aura l'occasion de le refaire —, je me détache de lui, je parle à mon tour. Parce qu'il faut bien en venir au présent.
‹ ...On est ensemble, alors ? › Je pose la question par convention. J'arque les sourcils, je ne sais pas vraiment ce que ça change.

les paupières presque closes par le rire et le soir, Nate s'abandonnait aux caresses et aux affections de Leon tandis que son coeur s'emballait. il s'abandonnait à une romance douce, un miel sirupeux dont il se nourrirait pour le restant de ses jours; ça semblait comme une évidence : Leon était un nectar dont Nate ne pourrait assurément plus se passer.

il sourit à l'écoute des mots de Leon, il n'est pas rassuré mais charmé, parce Nate savait qu'il avait déjà gagné le coeur de Leon, mais il n'y avait pas de plaisir plus grand que de l'entendre, le ressentir et le savoir. il se sentait vu et aimé, pour qui il était; c'était un sentiment honnête et mis à nu.
déclarer son amour était pour Nate un acte aussi bénin que magnifique : il aimerait entendre Leon le répéter encore et encore (qu'il ne s'arrête jamais de le dire mais surtout de le penser)
redis le encore, s'il te plaît il l'embrassa encore j'aime t'entendre le dire et il ria de sa dernière exclamation; c'était amusant de devoir l'affirmer (qu'ils étaient un couple, désormais) oui, Leon, on est ensemble maintenant il se leva spontanément et écarta les bras comme pour ouvrir au mieux sa cage thoracique, comme pour que sa voix se propulse et envahisse les tympans de tous ceux en mesure de l'écouter; il cria JE SUIS AMOUREUX DE LEON MORBAN GUTTIÉREZ ET IL M'AIME AUSSI! il étouffa un rire enfantin avant de reprendre, toujours en hurlant ET NOUS SOMMES EN COUPLE! il attrapa Leon qu'il força à se lever puis partit d'une course enfantine
un sourire toujours aussi lumineux (il scintillait d'un amour plus brillant que tous les soleils, c'était une certitude)

@leon morban guttiérez

‹ Je t'aime. › Et je sentais sur le t apostrophe quelque chose exploser dans mon ventre, ce qu'on appelle vulgairement les papillons, le romantisme idiot de l'image m'arracha un sourire franc et je soufflai aussi du nez, amusé par ma propre transe. Je sentais tout cela grandir jusqu'à l'éclatement devant la gaminerie volontaire de Nate, sa bonne volonté en fait, pour toutes ces sortes de choses qui ne s'expriment pas bien gravement — je t'aime on se le dit sourire aux lèvres. Très humainement. Car je doute que ce soit sa mère là-haut qui lui ai appris, à aimer ainsi plutôt qu'autrement, la vision de lui riant de sa propre candeur m'exposa le charme de la sincérité et de l'abandon. Moi je lui abandonnais ma main qui est le prolongement du reste du corps, en riant de bon cœur. ‹ Nate, arrê- › Il me coupe en se levant, d'abord je mens, qu'il n'arrête jamais ! ‹ Nate ! › Tiré derrière lui d'abord, je me ramène à ses côtés et on court comme des cons, je ne sais plus combien de temps, pas longtemps ; je n'habite plus très loin. Juste assez pour qu'en nous arrêtant on inspire avidement l'air du soir, entrecoupés de rires. La lumière dans la lune renvoyait la lueur rouge pâle de mon sang à mes joues. Je rougissais subitement et me passai la main sur la joue, dissimulant un sourire honnête, mes dents en rangée de perles. Nous étions presque à ma porte.
‹ T'es con... › Je t'aime, troisième fois, le t apostrophe me tue toujours. Je posai sur lui un regard joyeux car il croisa le sien. Beaucoup de bouts de phrases s'emmêlèrent dans ma bouche, le feu me brûlait toujours les tempes alors que je condensais tout en un seul mot, en reprenant sa main : ‹ Viens. › On remonte la rue rapidement. Nate connaît déjà le chemin, moi je ne fais que lui ouvrir. La ferveur du moment accélère tout ce que je fais, un peu comme si tout n'était qu'un rêve que la lune allait avaler, me reprendre mes mots d'amour parcimonieux et que quelque chose me rattraperait si j'arrêtais de les prononcer — là nous venions de courir, et maintenant je traversais le hall à grandes enjambées ma main dans la sienne. J'habitais au deuxième étage. Je précipitai Nate à ma suite dans l'escalier, pressé de n'être que deux.

ils dévorèrent la distance entre eux et leur idylle en quelques instants seulement et sans prendre de précaution Nate propageait sur son chemin un rire sonore et idiot; de ceux qui s'aiment pour la première fois mais omettait la maladresse des débuts, les actions que l'on aurait changé avec le recul de la fin
Nate faisait tout pour envers et pour Leon, il n'avait pas appris, il avait toujours su faire ça. c'était ses fantasmes qu'il exauçait. enfin, l'Amour prenait un sens

il s'isola un instant dans la salle de bain pour reprendre ses esprits et ses mains sentirent le froid de l'eau coulant sur l'évier. sans crier gare son sourire s'atténua doucement parce qu'une pensée ne voulut plus quitter son esprit : un couple doit être honnête; Nate lui mentait encore. il se passa trois fois (religieusement, pas une de plus ou de moins) le visage sous la fraîcheur aqueuse avant de quitter la salle de bain
et dans la pièce il vint s'assoir près de Leon; le sourire était faible mais subsistait
Leon il l'embrassa avec une retenue étrangère à l'instant il faut que je te dise un truc. mais tu dois promettre de ne jamais le répéter;
même si tu me détestes un jour ou que tu veuilles que je disparaisse
il faut que tu me le promettes
c'est important il se refrénait de l'embrasser encore parce que c'était tomber sans ses travers. Nate se défend avec les armes et parfois avec le coeur. il ne voulait pas se battre avec Leon je ne suis pas mort à l'extérieur, comme j'ai pu le faire croire
je possède encore la bénédiction d'Hébé. mais tu ne dois jamais le répéter à personne, tu comprends ? et dans ses yeux il y avait un feu déterminé qui brûlait. et Nate avait décidé de faire confiance à Leon.

@leon morban guttiérez

Les moments grands sont toujours précédés de plus mondains alors voilà, je verrouille la porte, je vais déposer mon manteau et me laver les mains à la cuisine quand il est dans la salle de bain. Tout est exactement semblable aux autres fois où je l'ai raccompagné, seulement avec un nouvel envers qui m'assèche la bouche et me fait tendre les muscles. Je laisse couler l'eau glacée sur mes doigts, de l'autre côté Nate fait pareil. J'étais serein et je ne savais rien quand lui faisait tout refluer, j'imagine, maintenant. Voilà : la porte de la salle de bain s'ouvre et la manière dont il dit mon prénom avant de m'embrasser me fait réaliser que quelque chose s'est fini sur cette minuit, écrasé par autre chose de plus naturel, de plus sain et de plus vertueux. Il avait quelque chose à me dire, et je répondais naïvement : ‹ Oui ? › craignant encore un problème quelconque, une peur, je ne sais pas. Ça me paraissait étrange alors je l'écoute m'expliquer,
Alors
Alors je comprends
Alors je me forge une promesse à moi-même de ne pas me laisser distraire ou troubler. La main posée sur son bras, ma retenue prend appui sur la sienne. Sa sincérité fait effondre en moi quelque chose tout en reconstruisant par-dessus ; je suis ému sans rien dire, sans paraître grand chose. Je l'écoute juste. Je rougis à peine. On est dans le couloir entre le salon et la chambre, un endroit que les rayons de lune n'atteignent pas. Il n'y a que lui et moi, alors, dans le secret de mon appartement avouer et promettre sont des preuves d'amour, je comprends la double confession.
‹ À qui d'autre est-ce que tu l'as dit ? › Dis personne et dis je t'aime en même temps, c'est le vœu que je fais dans le secret de mes entrailles, qui remonte dans mes côtes et se bloque dans ma gorge. Mais je ne suis pas égoïste alors je le regarde bien droit en promettant : ‹ Je le répèterai pas. › Et dans un mouvement contraire la nouvelle connaissance plonge vers mon ventre et y injecte ses racines, après je lui demanderai, après là où le soleil non plus ne peut pas nous atteindre il me confessera son mensonge qui deviendra une vérité nouvelle. Ma surprise s'évanouit comme elle est venue, c'est une émotion très vive et vaine qui ne sert à rien d'autre qu'épuiser et confondre, et je n'ai pas le cœur à ça. J'ai toujours ma main posée sur son bras sans appuyer du tout, je lui montre que je suis près de lui et que je l'écoute, c'est tout.

Personne ne le sait et personne n'aura jamais à le savoir
À part toi
Nate n'avait pas l'impression de se libérer d'un poids, non au contraire, il s'imaginait en poser un nouveau sur les épaules de Leon. C'était un serment qu'il se faisait, peut-être même ce propre serment avait vocation d'un oui je le veux. Personne n'était étranger au caractère réfractaire de Nate sur le mariage, pourtant, c'était son secret qui les liait par l'annulaire; cette vérité faisait acte de serment, c'était un dans la maladie et la santé.
Il prit un moment pour s'expliquer, réalisant que si le moment était aussi adéquat et impromptu, il ne pouvait imaginer passer leur première nuit liés gouvernée par un mensonge planant. Je- Malgré la présence rassurante de la main de Leon, les mots butèrent et les idées s'entrechoquèrent au point de museler Nate un quart de seconde. Il excellait dans tout : l'amour, la politique (la manipulation) mais la vérité (la vulnérabilité) n'avait jamais vraiment été son fort Les olympiens ... je ne leur fais pas confiance. C'est un ramassis de menteurs et d'exploiteurs. Je ne me considère pas mieux, mais je joue pour moi-même. Et plus Nate s'avançait dans ses déclarations, plus ses confidences se faisaient amoureuses : il se mettait à nu, d'une nudité qu'il n'avait jamais dévoilé à personne. Cette nudité métaphysique dépassait la sensualité, c'était son âme qui venait embrasser celle de Leon et son ouverture était plus significative que n'importe quel baiser qu'il aurait pu partager avant. Alors leur faire croire que je suis fragile, c'est tout ce qu'ils désirent. Me voir comme un objet à protéger et qui a connu le danger, c'est me valoriser à leur yeux, et les contrôler aux miens
Tu comprends ? Sans doute Leon devrait avoir peur des manigances de l'enfant d'Amour et assurément devrait-il craindre son esprit stratège, mais c'était là toute la force et la résilience de Nate : il gouvernait par les sentiments. Et quand il se mettait à nu, comme ça, comme il le faisait maintenant, c'était sans doute la forme la plus belle et désintéressée qu'il pouvait offrir à quelqu'un. C'était son coeur le plus à vif et le plus noble qu'il pouvait présenter.
Et il avait choisi Leon pour le confier.

@leon morban guttiérez