L’odeur du sang encore tapissée contre son palais qu’il savoure cette victoire qu’il a arraché trop aisément encore - car Ashe ne perd jamais. Ce qui devrait être lassant pour certains ne l’est aucunement pour lui, car il ne se complaît que dans la guerre et le sang, alors il frappe et propage son venin. Il frappe et jubile dans le sang, c’est pour cela qu’il est né.
Il n’a besoin de rien de plus, qu’on l’acclame, qu’on l’adule - ce n’est qu’un bonus ; car tant qu’il est capable d’asséner les coups il est à l’apogée de la béatitude. Dans sa loge pourtant, il ne peut qu’admirer cette silhouette que le temps lui a forgé ; pas même besoin de se rendre surhumain. Il avait acquis une carrure qui suffisait naturellement aux combats contre des colosses. Pourtant trop occupé à s’assurer qu’il était présentable, il n’avait pas même remarqué ce demi-dieu pénétrer sa loge ; avait-il même le droit d’être ici ?

À l’observer ainsi, Ashe comprit qu’il devait être un de ces parieurs qui misent gros sur lui et ses victoires. Ces hommes-là avaient indéniablement fait le bon choix ; ils savaient comment se faire une petite fortune, alors le Minotaure comprit bien rapidement comment cette créature frêle et minable avait réussi à se frayer un chemin jusqu’ici, pour venir l’aduler droit dans les yeux. Alors qu’il se présente, Ashe pivote en sa direction et son odeur parfumé le tourmente l’espace d’un instant - comme mortifère dans un champ de guerre tel que lui. La sueur et le sang, voilà tout ce qu’il connaissait - alors quand le demi-dieu se présente ainsi, il est surpris un court instant.

— Champion et champion, j’ose dire que c’était évident. Bien que son accent ne soit pas des plus parfaits, il pouvait se vanter d’en saisir la définition. Il avait dévoré tellement de champions, n’est-ce pas ? Son rire gouverne le silence qui s’en suit, alors qu’il accueille sans sourciller les compliments qui lui sont du.

— Moi, preux chevalier ? Le rire moqueur, car jamais il n’aurait pensé qu’on puisse le décrire ainsi ; il était davantage des créatures malsaines qui dévorent sans ne rien laisser d’autres que des ossements. Il va falloir me trouver un titre plus adéquat si tu veux me toucher. Alors lui, se fait plus dévorant quand il s’approche de lui, le regard qu’on ne décèle pas, qu’on n’ose pas regarder sous peine qu’il nous embrase ; Tu penses que tu peux faire ça ? Lui en tout cas, ne s’hésitera pas à poser ses mains sur lui. Car il est de ces silhouettes si fines qu’il pourrait les briser, simplement avec ses doigts.

Ashe n’avait aucune idée de qui était ce pitre bateleur et de la raison pour laquelle il avait décidé de faire son numéro ici - si de toute évidence il le suivait de près lors de ses matchs, Ashe était curieux de comprendre ce qui l’intriguait tant pour se rendre jusqu’à lui. Car s’il savait ce qu’il se cachait derrière le combattant, un monstre plus grand encore, il aurait probablement omis l’idée. Mais comme il était là, le Minotaure décida qu’il s’amuserait avec lui, rien qu’un peu - pour lui changer.

— On va dire que le glorieux guerrier te sauve pour cette fois. Un titre, il n’en a qu’un ; et c’est le Minotaure. La créature dévastatrice et monstrueuse, celle qui dévore tout et ne laisse rien. Mais se présenter ici, ça revenait à alarmer toute une armée - et c’était bien loin d’être la période idéale. Peu importe ; Ashe était persuadé qu’il lui trouverait bien d’autres utilités..
Mais grimace quand suit son monologue - si bien qu’il se demandait l’espace d’un instant si ce n’était pas quelqu’un venu directement le tourmenter, à faire fondre son cerveau simplement par la langue. Y’a bien d’autres raisons pour lesquels les mecs que je bats ne peuvent plus marcher. Lui, c’est parce qu’il ne craint pas de leur bouffer une partie de l’âme au mieux, une partie du corps au pire ; mais jamais en public. Et elles ne survivent jamais ses proies là - alors à quoi bon s’en vanter ?

— Je ne suis pas du genre à me priver. Probablement parce que c’est à lui que la vie fait le moins mal, il peut probablement se vanter de faire ce qu’il veut sans ne jamais en subir les conséquences directes ; et son corps s’effondre bruyamment sur le siège qui trônait en face du bureau sur lequel son invité s’était assis. Du coin de l’oeil, il l’invitait - l’invitait à se jeter dans la gueule du loup, pour mieux le briser ensuite.
C’était ce que la vie lui offrait, alors pourquoi se priver ? Je t’en prie, ne soit pas timide. À l’aise sur son siège, comme trône où lui seul pouvait s’installer - car ici, c’était lui qui régnait, là-bas il régnera aussi, il régnera partout et c’était ainsi.

Il n’est pas timide Ashe n’en doute pas, cependant il doit avouer le trouver quelque peu naïf et stupide pour ainsi dire - c’est ainsi que sont les mortels, ceux qui frôlent les bords et se suspendent trop près du vide ; Ashe est toujours en bras, prêt à les accueillir. La gueule ouverte et les muscles saillants, il vient chercher la chair ou on lui amène directement. C’était parfaitement ce que lui faisait, en prenant position sur lui ; alors il profite de sa position. Celle d’un roi sur son trône, celle d’un roi qui aurait le monde à ses pieds - c’était certain.
Alors quand ses mains vient effleurer son torse il le contemple, l’air amusé.

— Et c’est comme ça que tu sers ton roi, en lui grimpant dessus ? Soutient son regard, la voix grondante - et son instinct le guide ici, vers un amusement certain. Car lui, peut obtenir tout ce qu’il veut, simplement en demandant, simplement en le désirant, simplement en arrachant ce qu’il désire de ses propres mains. Personne ne lui dira quoi faire ; alors pourquoi se priver ? C’est plutôt moi qui te sers, la vue te plaît ? Il peut en avoir plus, s’il le veut. Mais Ashe n’y gagnera rien, à part un petit boost d’ego ; et il n’a pas besoin qu’on lui rappelle à quel point il est grandiose, n’est-ce pas ?

— Allons, Axel. Montre-moi donc comment tu sers un roi. Qu’il questionne, l’une de ses mains venant se glisser sous son menton pour lui faire relever la tête ; une tête qui lui apparaissait si minime maintenant qu’il l’observait. Et son corps, contre le sien brûlant encore des combats qui l’avait précédé, semblant si frêle qu’il n’aurait pas besoin de se fatiguer pour l’éliminer.
Pourtant, autre chose le gouvernait. Une curiosité malsaine, un désir patibulaire - s’il pouvait bénéficier d’un traitement de roi, peut-être qu’il pourrait vivre encore un peu.

Son Roi, n’était-ce pas une appellation digne de lui ? Il ne rêvait que du sang qui couvrait ses mains, des tripes dans lesquelles il finirait par se noyer - il ne vivait que pour le massacre, que pour le désir de voir un jour sa faim comblée. Mais être traité comme un Roi, n’était-ce pas le summum du plaisir ? Qu’il s’érigeait plus haut qu’il ne l’était encore, quand lui s’exécute et le couvre d’attentions plus licencieuses les unes que les autres ; Ashe lui jubile, il jubile car il le dévorera sans doute bientôt. Quand il lui aura donné tout ce qu’il a à lui offrir, quand il ne sera plus qu’une débauche créée et gouvernée par ce que les Hommes ont à offrir - alors il le dévorera tous, quand il sera enfin comblé de tout ce que ce monde est né pour lui offrir.

— Tu es plutôt doué. Doué, mais il ne souffle pas même ; son appétence est davantage dans la chair que l’on dévore que dans les plaisirs charnels. Mais si on lui offre si gentiment, pourquoi devrait-il refuser ? Et si Axel se sent désiré, écouté et aimé il n’en est rien ; il ne le sait probablement pas mais se tient devant lui une créature plus bestiale et grondante que la mort elle-même.

— Alors comme ça, tu es un de mes serviteurs ? Il arque un sourcil - l’une de ses mains vient acculer le dos de son bassin pour le presser contre sa chair brûlante ; et il rêve de lui ! Il rêve de lui arracher ce sourire malicieux, il rêve de le presser si fort contre lui qu’il en étoufferait probablement.. Il rêvait mais pour lui cela ne serait qu’un cauchemar prenant vie. Dis moi, serviteur pourquoi être venu me chercher jusque dans mon nid ? Il sourit, un sourire qui brûlait les commissures de son visage ; lui rendant l’air mi-charmant mi-dévastateur.
Désirait-il être de ceux qui lui servaient de repas ? Ne désirait-il rien d’autre que son attention ? Il l’avait, c’était certain ; il l’avait car Ashe rêvait de cette sensation qu’il lui procurerait une fois dans son gosier.

— La vie fait mal, mais il ne faut pas se priver. Ses doigts pressent sa chair, s’écoule sur cette peau qui se déroule sous son tissu - et s’il le dévorait maintenant ? Et si l’appel du sang était tel qu’il n’arrivait pas à se retenir ? Il le consumerait ici, tout entier - ah ! Il ne fallait pas se priver, n’est-ce pas ? Laisse-moi te montrer comment la douleur peut être transformée en plaisir. La vie fait mal, probablement - concernant le Minotaure, tout était bien loin de réussir à l’atteindre. Car c’était lui, la douleur ; c’était lui la mort. Il était les crocs et les serres, il était le sang et la colère.

Ashe riait de ces êtres si naïfs, ceux qui ne sont pas conscient du danger qui rode au dessus d’eux. Il était le danger, et il dévorait tout ceux qu’il rencontrait, y compris les êtres naïfs, y compris ceux qui s’érigeait comme plus puissant que lui-même ; et il y en avait si peu !
Il n’y avait que ça qui l’intéressait, et il se pliait volontiers aux plaisirs humains pour obtenir ce qu’il voulait - pourtant quand le jeune homme se resserre contre lui et que ses mains s’attardent sur sa silhouette, Ashe se demande comment les Hommes peuvent apprécier ce genre de plaisirs si futiles.

— À ce que je vois tu es habitué. Il sourit, de ces sourires aussi malsains dont le monde ignore la raison. Si seulement ce pauvre mondain savait ce que la bête désirait réellement, rien d’autre que son corps à dévorer, mais probablement bien loin de ce que lui désirait. Mais puisque tu m’as vu combattre, tu dois savoir que la douleur que j’offre est plus terrible encore. Et ce plaisir qu’il mentionnait, ne profitait généralement qu’à lui.
Et lorsqu’il mordille son oreille, Ashe se demande si c’est cette sensation qu’il inspire aux gens - car il ne lui fait aucun effet ; peut-être est-ce qu’il se doute de la simplicité de cette âme probablement tant esseulée qu’elle est venue jusqu’à lui.

— Je ne serais pas si sûr de moi, si j’étais toi. Il rit et avant même qu’il ne s’ose à rompre la distance de leurs visages, le Minotaure se saisit de sa gorge, qu’il enveloppe de ses doigts. Et il appuie, fermement sans trop forcer pourtant - il s’imaginer son visage devenir rouge et son visage imploser. Il s’imagine entièrement le dévorer et ça n’a rien de lascif.

S’il serre fort ? Bien évidemment que oui - c’est pour mieux te dévorer, mon enfant qu’il pense, c’est pour mieux lui déchirer les lombes ensuite, pendant que sa main s’assurera que le silence est avisé. Ce qu’il aimerait voir ses doigts se lamenter sous sa chair à lui pourfendre les carotides ; ce qu’il aimerait admirer son visage mi-apeuré mi-pleurant déjà !

— Mais quand même ? Le regard insistant, alors que ses doigts ne s’éternisent pas autour ; ce n’est pas très prudent de faire cela ici. Tu n’es quand même pas venu me demander d’être doux ? Ça sonne comme une insulte et il rit, railleur au possible. De l’autre côté, il ressentait déjà les vivants s’impatienter. Il aurait aimé aujourd’hui, ce soir, tout lui arracher mais c’était trop tôt, c’était trop long, et il n’avait pas assez de temps, ni même d’espace. Lorsqu’il s’imaginait les murs et les fauteuils se tapisser de rouge, il imaginait la terreur d’un monde autour de lui ; ah ! Il allait falloir attendre.

— Il n’y a pas de raisons que tu le sois. Mais dans son esprit il y en a une, et ce jour-là il le tuera. Mais si ce jour-là devait arriver, je te conseille de t’entraîner. Un sourire fier étire ses lèvres, alors que ses orbes viennent glisser le long de sa musculature quelque peu frêle à son goût. Car je ne ferais qu’une bouchée de ta personne.
Ce jour-là, il le dévorera tout entier ; et ce jour-là il ne pourra rien faire.