Je passais de fleurs en fleurs dans la boutique, les remettant minutieusement en ordre
Parfois ramassais quelques pétales et feuilles tombées a terre, naturellement ou par maladresse d'un client
Notant minutieusement chaque plante manquante qu'il me faudra recevoir pour la fois prochaine ;
La fermeture approchant à grand pas et en l'absence d'âmes, je me permettais de prendre un peu d'avance sur ces tâches répétitives et déplaisantes, m'avançant ainsi pour le lendemain ─ et puis, à cette heure, alors que ma journée allait bientôt se terminer
qui donc oserait troubler le calme
qui donc osera braver l'interdit implicite et s'attarder dans mon antre pour me faire perdre du temps ?

Mais c'était sans compter sur toi, osant alors venir comme une provocation à mon encontre ; je ne te remarques pas d'abord, concentré.e sur mes tâches, jusqu'à ce que du coin de l’œil j'aperçoive quelque chose bouger avant qu'un raclement de gorge n'attire entièrement mon attention et
quelle ne fut pas mon (dé)plaisir de constater que ce n'était autre que toi, incarnation même de ce prénom qu'aujourd'hui tu portais à merveille car
seul un être empli de malice pouvait s'abaisser à telle farce et ainsi gâcher ma satisfaction
-Oh, Malice, Malice, ma très chère Malice ! je t'accueille avec une joie faussée ; ce n'est pas très gentil de venir me déranger à une heure aussi cruciale
Un sourire s'étire sur mes lèvres alors que tu m'exposes la raison de ta venue
alors que tu me fait part d'à quel point tu es mécontente de mon attitude envers toi
((d'à quel point je te manque))
Oh, pardon, j'étais occupé.e ces derniers temps... si j'avais su que tu ma présence te délectais temps, j'aurais essayé de trouver un peu de temps pour venir te voir !
au fond pourtant je sentis soudain un bien étrange sentiment poindre en moi comme
de l'affection...?
AH !
je devais bien le rêver
je m'avance d'un pas félin vers toi, provocateur.ice avec ce sourire sournois et amusé aux lèvres, ce rire moqueur dans le regard, bras derrière mon dos
Tu n'es pas fâchée à ce point, si ?

Ton énervement est palpable, Malice, et tu sais quoi ?
je m'en amuse
je le trouve particulièrement délicieux ;
oh, je sais qu'elles sont dangers, tes colères, aussi cruelles que les déesses elles-mêmes, mais vois-tu
en moi j'ai ce vilain penchant pour le danger, pour le feu brûlant, pour le poison de la belladone, pour la foudre implacable ;
c'est, après tout, leur dangerosité qui fait bien leur charme, ne crois-tu pas ?
(tu n'es pas si différente)
Ta main tordant les pétales d'une fleur en écho à mes pensées et ton premier avertissement ne font que faire fleurir un sourire imperceptible à mon visage
J'en ai bien conscience, c'est une erreur impardonnable que je viens de commettre

Un rire léger en réponse à tes menaces, comme si elles étaient insignifiantes et vides de sens ─ tout en sachant très bien que tu avais les moyens de réaliser ton caprice si tu l'avais envie
mais en risquerais-tu les conséquences ?
Malice, voyons !  je m'approche de toi, pas léger et insouciant ; inutile de me menacer ainsi  ma voix se baisse et mon regard se plante dans le tiens car je sais que tu ne le feras rien
mon sourire s'agrandit et je recule d'un pas, scrutant avec curiosité ta réaction
Mais il est vrai, que j'ai été bien impoli.e ; alors plutôt que de détruire mes possessions...
je prends un temps de pause, toujours scrutant ta réaction ─ prenant le temps de jouer un peu avec toi et tes sentiments
et mon sourire finalement s'atténue pour laisser place à une expression emplie de malice
... que dirais-tu que je t'accorde ce que tu veux, pour me faire pardonner mon insolence ? Bien sûr, dans les limites du raisonnable et de mes capacités
Et finalement je me détourne de toi, allant simplement m'adosser contre le comptoir comme si de rien n'était
Nous serons quittes, ainsi
par rapport à cette faveur que tu m'avais accordée et que je n'avais pas encore utilisée, attendant simplement le bon moment pour le faire

Et déjà telle une reine te voilà à poser les standards et les imposer et me voilà a aborder un sourire énigmatique face a cette promesse d’exigence
(surprends-moi donc car je n'attends que ça)
J'ignore les insultes faites à mon modeste commerce, tu admets-toi même que ce ne serait que caprice que de le raser mais malgré tout
en toi subsistait une envie de destruction et de vengeance que tu ne parvenais a cacher et
finalement n'était-ce que puérilité mal assumée ?
— cela dit, ça m'était bien égal

Mon sourire néanmoins s'efface lorsque tes doigts viennent se poser sur un bouquet
lorsque lentement ils glissent le long des tiges le long du vase qui s'approche en équilibre au bord du vide et soudain
en bruit d'éclats
à terre
brisé
Un instant je le contemple comme pensif.ve, expression indéchiffrable mais fermée sur le visage et alors soudain
mes lèvres s'étirent doucement et un léger rire s'en échappent alors que je relève la tête vers toi
Malice, voyons, que c'est vilain

Doucement je m'approche de toi, plus proche que jamais, voix basse
Qu'as-tu ressenti, à cet instant ? De la satisfaction ? De la joie ?
mes doigts viennent délicatement se poser sur ton épaule, comme une pression à ton égard — que j'osais te mettre
Est-ce vraiment ce que tu veux, Malice ? Est-ce vraiment ainsi que tu souhaites te venger ? Si tel est le cas
je me rapproche de ton oreille et tel un serpent susurre
Je suis déçu.e
Finalement je m'éloigne comme si rien ne s'était passé, remettant une distance raisonnable entre nous

Comme je te l'ai dit ; tant que je le peux, je ferais ce qui est en mon pouvoir pour apaiser ta colère
car après tout, je suis quelqu'un qui tient toujours ses promesses et qui reste fidèle à sa parole
— du moment que j'en ai un intérêt quelconque
Alors, quel est ton souhait ?