Mais tu ne réagis pas vraiment
pire
tu restes enfoncé dans ton idée
sans en détourner une seule fois l'attention
Tu t'approches de moi
me prends de haut
(littéralement)
alors que je reste droit.e
les muscles tendus
à l'affut
car je comprends que
tu n'étais pas là pour plaisanter
avec ces griffes sorties

Tu te penches vers moi
susurre ta faim
Voyons
ne pouvons-nous pas
négocier ?
je dis
sur mes gardes néanmoins
ayant déjà reculé d'un pas
Je suis sûr.e
que tu trouveras meilleure chair ailleurs ;
la mienne est toxique
je ne voudrais pas que tu tombes malade
Bien conscient.e que ce serait vain
mais je voulais savoir
jusqu'où je pourrais aller
sans devoir me battre ;
mais si tu continuait d'insister
je pourrais toujours te *persuader*
de me laisser tranquille
– néanmoins, j'étais prêt.e à fuir
si la situation dérapait de trop

Tu refuses
ah !
j'aurais du m'en douter
tu avais un tel entêtement
à vouloir ainsi me dévorer
quelle malédiction !
j'en venais à regretter
d'avoir posé le pied dehors
sans réelle préparation

Tu t'offusques à ma réponse car
oui, j'ai bien dit ailleurs
as-tu un problème avec ça ?
manque de vocabulaire, peut-être ?
Oui, ailleurs ;
as-tu besoin de la définition ?
je demande avec sarcasme
quoique considérant ta nature
ce ne serait pas surprenant
qu'il te manque quelques bases
dans les langues humaines
Ah, je vois
à ton explication

De la frustration
de ne plus avoir de gens comme moi
à dévorer chaque jour ;
en vérité si j'étais à ta place
et toi à la mienne
moi non plus tu sais
je ne t'aurais pas laissé repartir
C'est normal de se cacher
quand des vilaines personnes comme toi
nous pourchassent tout le temps
je te réponds
sans vraiment cacher mon mépris cette fois
Si j'étais de bonne humeur
je t'aurais dit notre secret
je lâche innocemment
– un bluff, il est évident
pour gagner un peu de temps
jamais je ne te guiderait vers nous
quand bien même je serais d'humeur
à laisser entrer des choses comme toi en nos terres saintes
tu étais trop grossier et vulgaire
pour ne serait-ce que toucher notre chair délicate

Mais tu as été vilain
alors je ne dirais rien
d'une mine faussement boudeuse ;
meurs donc de faim
ça ne sera pas bien une grande perte
et ça fera une chose en moins
qui me poursuivra potentiellement
lors de mes sorties

Je soutiens ton regard
et en spectateur aimable
j'écoute patiemment
tes délires tes fantasmes ;
tes rêves de sommet de la chaîne alimentaire
de puissances absolue
mais, n'oublierais-tu pas
Et toi, tu finis
tué par des demi-divinités
telles que moi
sourire narquois
comme pour te remettre à ta place ;
bien que je n'avais aucune idée
de ton identité exacte
la finalité restait la même :
toi et ton espèce
était condamnée à se faire écraser à un moment donné
par un héro plus faible que vous
─ c'est ce que les mythes avaient toujours dit
et aujourd'hui juste pour te rappeler ta faiblesse
je m'autorisais à y croire un peu
N'oublies jamais cela
monstre

Tes viles doigts
attrapent mon poignet
─ quelle indignité suprême
qu'un être aussi bas que toi
ose se permettre ne serait-ce que de m'effleurer !
Mais je n'ai guère le temps de m'attarder sur ces choses
non, ma survie
était aussi en jeu
et que cette fois pour m'en sortir
je devrais utiliser mes propres ressources
mes propres méthodes
pour sortir de cette impasse
quand bien même elles étaient peu reluisantes
─ oui, je ne pouvais plus m'attarder
ou je devrais y laisser
une première vie
(ce que je refusais
pas aussi bêtement)

Doucement je viens poser ma main sur ton poignet
comme une provocation
Mon cher !
il serait bien imprudent de lever la main sur moi
encore plus de me dévorer
je commence ma persuasion
Comment peux-tu t'assurer d'abord
que ma chair est consommable
comme celles de des paires que tu as mangé avant moi ?
et même sans cela
je doute de l'éthique et de la morale d'une telle action
dans un lieu où tu pourras potentiellement être vu
en train de commettre un meurtre aux yeux des humains
et non un acte de survie des plus basiques  ;
si c'est le cas
que se passera-t-il si le témoin t'échappes
et divulgue la nouvelle
t'empêchant de manger tranquillement ?
je fais une courte pause
laissant mes talents (mes pouvoirs)
faire chemin dans ta cervelle
avant de reprendre
Pour notre intérêt commun
il semblerait bien que me laisser
soit la meilleure option
Un sourire qui se dessine
Ne crois-tu pas ?

Physiquement il est vrai que je n'avais rien à envier ;
mais peut-être devrais-tu apprendre aussi à te méfier des esprits
car ceux-ci sont souvent bien plus dangereux que les coups
Et alors que mes mots se déploient ta main m'attrape violemment la gorge
me faisant m'interrompre un court temps en un cri étouffé mais je savais très bien que je ne pouvais m'arrêter
ou je pouvais déjà me compter comme mort.e

Finalement la prise se relâche alors que mes mots font chemin dans ta petite cervelle
et ta décision finale me satisfait comme il se doit
─ il t'avait juste fallut d'un petit peu d'aide pour prendre un choix censé
n'est-ce pas ?
Bien je commente
te faisant comprendre ma satisfaction ;
tu me vois ravi par ta clémence
Je souris à ton autre réponse
et bien qu'il s'agissait d'une menace, j'y voyais aussi un sursis bienvenue
ainsi qu'une fenêtre pour battre en retraite et m'éloigner de la menace que tu constituais
Dans ce cas, je m'en vais
j'annonce alors
peu désireux.se de faire durer plus longtemps ce désagréable échange ;
je m'éloigne alors de toi, à reculons d'abord, prudemment
observant ce que tu pourrais bien faire et me préparant à tes prochains actes
Si tu es sage, on se reverra peut-être
mensonge éhonté sous le sourire mielleux porteur d'une promesse que je m’attèlerai à ne pas tenir
alors que je comptais bien disparaître pour un long moment de l'extérieur