Il était une fois un couple sans grande envergure, vivant dans une maison modeste, tenant une pharmacie banale. A l'époque, maman venait de délaisser son activité de fleuriste afin d’apporter soutien et encouragement à père. Car père n’avait rien de modeste, lui. Il voyait grand. A la manière d’Icare, il voulait voler près du soleil … ce qui signifiait avoir l’appartement le plus haut de l’immeuble, dans le quartier le plus en vogue. Puisque l'homéopathie était à la mode, il décida d’explorer ce domaine.

Maman tentait de l’y aider, mais son savoir atteint bien vite ses limites, aussi décida-t-il de la chasser sans ménagement de l’arrière boutique. Elle se contentait donc de servir les clients (car le terme de “patient” n’a pas lieu d’être avec une telle finalité), et d’entretenir les plantes qui servaient de matière première. Ca, elle savait faire maman.

Pourquoi mère s’enticha de père ? Caspian ne le su jamais. Et finalement, il ne voulait même pas comprendre. Quoi qu’il en soit la Reine Perséphone décida d’observer ce mortel qui jouait avec ses végétaux, et sûrement prise de pitié (Caspian ne voyait que ça) elle choisit de l’aider. C’est à force de recherches que père finit par trouver ce qu’il cherchait. Et c’est grâce à la joie produite par ce résultat que Caspian vint au monde. Père étant trop obnubilé par sa notoriété soudaine, et par sa richesse à venir, Perséphone décida de confier l’enfant à son épouse, maman.

Maman n’était pas en colère. Maman était plus stérile que la terre désolée de Tchernobyl. Aussi accepta-t-elle ce petit cadeau vivant avec joie. C’est ainsi en tout cas qu’elle raconta l’histoire à Caspian.

Au fond, le jeune Médicis comprenait. Perséphone n’aurait jamais pu l’amener aux Enfers : imaginez ce balourd de Cerbère piétiner ses plants de tomates et ses pots d'Amaryllis ! Elle ne l’avait pas abandonnée : elle l’avait confié aux bons soins de maman, nuance. Et ça lui convenait parfaitement. Maman lui racontait souvent les histoires de sa famille, et ensemble ils concevaient de nombreux plans pour tenter d’aller chercher Perséphone et la ramener à la maison. Bien qu’il grandissait, Caspian ne laissa jamais tomber l’idée. Les Enfers ...

Si elle avait pu amener père avec elle … La relation de Caspian et de son paternel a toujours été chaotique. Puisqu’il était riche il n’avait pas besoin de perdre son temps. Mais Caspian ne l’entendait pas ainsi. Il prit toujours plaisir à arroser ses camarades, à leur donner un petit coup de boost, à créer des variantes plus solides. Et le fait de le mettre à la boxe de force n’y changea rien. Aussi attisa-t-il le dégoût de son père, qui n’hésita pas à le lui faire savoir, tantôt par les regards et mots violents, tantôt par le biais de ses poings. Puis il finit tout simplement par ignorer son existence, ce qui facilita grandement la vie de Caspian.

Celui-ci n’avait jamais été spécialement bon à l’école, mais l’argent permet d’acheter des places illimitées dans toutes les écoles snobinardes des Etats-Unis. Un avantage qui lui permit d’échapper aux monstres un certain temps. C’est au cours d’un été que Caspian fut particulièrement repéré, et sauvé à de multiples reprises par une nymphe venue le récupérer.

Ni une ni deux, son sac était fait.

La vie à la colonie était bien différente, mais finalement plus agréable. Le fils de Perséphone y rencontra des frères et sœurs partageant (enfin !) sa passion pour les plantes. Et il rencontra d’autres demi-dieux pouvant l’assister dans sa quête insensée. Convaincu dès le départ qu’il y laisserait sûrement des plumes, sa cause lui semblait néanmoins noble. Quitte à se salir les mains.

Ses vingt-et-un ans fraîchement acquis, Caspian décida de rester sur l’île, afin de baigner toujours davantage dans ce monde qui est à moitié le sien. Pour nouer des alliances. Trouver des infos. Ca c’est l’excuse officielle. La moins officielle, c’est que l’île est un immense parc de jeu pour lui : la biodiversité y est affolante, et il tient à en découvrir tous les mystères !