Lorsque j'avais entendu parler des événements récents, j'avais d'abord été curieux ; puis, quand tout s'est fini, celle-ci était retombée aussi vite qu'elle était venue
tout cela ne m'apportant finalement pas grand-chose alors je décide de simplement ne pas y prêter attention, d'oublier cet épisode insignifiant de ma mémoire
Quand soudain un événement des moins anodins m'avait fait rester bien plus longtemps que prévu hors de l'île :
il était bien rare en effet de recevoir parmi ses courriers une lettre singulière, détonant du reste, osant m'adresser un petit défi que je me suis empressé.e de relever avec intérêt et amusement

Avec une passion à peine cachée je m'étais surpris.e à résoudre et suivre avec avidité cette énigme que tu m'avais laissée
─ car il ne m'était pas bien dur de deviner qui était cachée derrière ce petit jeu de piste
et finalement me voilà arrivée au jour et à la date prévue ─ quoiqu'un peu plus tard que je ne l'aurais voulu, mais l'essentiel était de ne pas arriver en retard, pas vrai ?
De loin je te repère et, sourire aux lèvres, je m'avance vers toi d'un pas félin, les mains derrière le dos, allure innocente qui n'était qu'apparence ;
et lorsque j'en suis assez proche pour que tu puisses m'entendre
Ah, pardon pour ce regrettable délais ; l'univers ne voulait pas que je vienne à ta rencontre, il semblerait
m'assois à ton invitation, t'offre un radieux sourire à ton compliment
Je m'en serais voulu.e si je n'avais fait aucun effort pour notre rencontre, ma chère Sophia
avant de finalement revenir à un sourire espiègle lorsque les choses sérieuses semblent débuter
Oh... Me voilà donc honoré.e ; je savais que j'éveillais ta curiosité, mais pas à ce point !
innocence ou sincérité, il serait bien compliqué de déterminer
mais quoiqu'il en soi, mon intérêt avait bien été piqué
J'imagine que ce n'est pas de la pluie et du beau temps dont tu veux discuter, alors passons directement aux choses intéressantes :
quelles sont tes motivations réelles ?
Après tout, il était bien rare que des ennemis héréditaires mettent leur différence de côté pour s'entretenir de manière pacifique
tu avais forcément un but, et j'étais plus que disposé à l'écouter

Patiemment j'attends que tu m'exposes ce dont tu voulais me parler, aussi, bien que je n'en montre rien, je suis surpris.e que tu sembles... déçue ?
par on envie d'aller droit au but mais je n'en dit rien
ignorant ta déception et attendant encore ─ mais je ne peux cacher ma surprise longtemps quand dans un geste inattendu
tu viens te reposer sur mes jambes ; un geste bien inhabituel entre ennemis héréditaires, alors je ne peux m'empêcher de me demander
que cherchais-tu, Sophia ?
ah ! en voilà une belle énigme que tu me posais ; et à cette énigme, je réponds par un sourire amusé, ne pipant mot et n'esquissant pas le moindre geste
─ ni celui de l'amant.e, ni celui de l'ami.e, quand bien même les apparences poussaient à une interprétation erronée de la situation

Oh... comme teinté de tristesse alors que tu annonces que tu t'en vas
─ non pas que tu me manqueras, il est simplement bien triste qu'une personne aussi intriguante décide de prendre sa retraite des affaires mortelles
et, en ma qualité de personne ayant durement besoin de véritables distractions, je trouvais que c'était là une bien grande perte
Un.e membre... du Lotus ? je demande alors, mon intérêt soudain piqué à vif, laissant échapper un rire espiègle ;tout dépend, très chère ; quel genre de personnes accepteriez-vous ?
mais bien vite mon sourire disparaît face à ta proposition
face au sérieux du sous-entendu alors
un temps je reste silencieux.se, réfléchissant à cette éventualité mais tu sais
je manquais d'informations pour réellement prendre une quelconque décision ─ et surtout, est-ce que ça en valait la peine ?
Comme le dit le vieil et sage adage : seul le temps nous le dira. Et puis en me penchant un peu, baissant un peu la voix qu'aurais-je à y gagner ?

Je me redresse finalement, penchant légèrement la tête sur le côté
Moi, tordu.e ? Ah ! non dis-je en la secouant enfin, car il n'y avait que les imbéciles pour me qualifier de tordu.e
─ et puis, qui étaient-ils donc, ces imbéciles, à part des personnes qui n'osaient avouer être tout aussi tordus que moi pour bien paraître en société ?
Ils étaient tous les mêmes, se cachant derrière des masques factices et ah ! j'avais eu le grand malheur de refuser ces artifices
et de simplement me présenter au monde sous mon plus jour véritable
Je suis simplement plus intelligent.e que mes comparses et ça ne leur plaît pas, je te corrige d'une voix douce, sourire cruel au visage
─ oui, qu'ils restent donc idiots, qu'ils se noient dans leurs faux-semblants
qu'ils m'excluent par jalousie s'ils le veulent, je ne renierai jamais mon être pour leur faire plaisir

Je reste d'abord impassible à tes mots et flatteries, à ton aveu d'affection pour moi ─ ou tout du moins, cela y ressemble, mais je n'y prêtais pas grande importance ;
en revanche, la suite était déjà bien plus intéressante à mes yeux car
n'était-ce pas plus épanouissant, d'être au milieu de personnes qui pourraient me comprendre ? mais cette idée est vite rejetée
alors que je me souviens de la brutalité de tes adelphes et ah ! que je déplore qu'ils soient aussi stupides que mes pairs
J'ai rencontré certains de tes adelphes, tu sais ; s'ils sont tous aussi idiots, est-ce que cela en vaut vraiment la peine ?
Sous mes interrogations se cachait un véritable intérêt  : je voulais simplement voir si tu parviendrai à me convaincre, si tu saurais rassurer mes inquiétudes imaginaires
─ mais je n'en doutais point

Nos visages si proches et nos regards se croisent, plein d'entrain tu te projettes déjà alors que rien n'est fait et vois-tu Sophia
je ne peux retenir un sourire amusé à tes fantasmes car il est vrai que
il est vrai que cette perspective de travailler avec une personne qui pourrait me trahir à chaque instant de par sa nature était des plus excitantes car
je ne saurais jamais quand tu te lasseras de moi, quand tu décideras que ma vie avait trop duré
Nous serons donc bien les seul.e.s, très chère
une courte pause avant de continuer
S'opposer à l'Olympe est quelque chose de dangereux, mais...
un sourire carnassier se dessine sur mon visage du à l'excitation
Je dois avouer trouver ça amusant, comme éventualité
réussiras-tu à m'amuser, Sophia ?

Il va sans dire Sophia, tu commençais à me connaître ;
les yeux dans les yeux nous échangeons notre sage folie que même le plus fou des dieux ne pourrait comprendre car finalement
nous étions destiné.e.s à être à jamais rejetté.e.s du Bien
Il est vrai que c'est une perspective plus qu'excitante ; voir leurs museaux dégoûtés et rageurs est amusant au-delà du raisonnable je te réponds tout aussi bas
mais surtout jouer avec le feu l'était bien plus encore

Un sourire amusé s'étire sur mon visage et ah ma pauvre génitrice, déesse de la sagesse dit-on
mais de la sagesse des ennuyeux, des barbants, des vertueux
— mais quid de ceux qui en avaient une bien différente ?
elle n'était, en ce sens, que déesse de la bonne morale car la sagesse venait en formes différentes
(même les plus tordues et innommables)
Ah, pardonne donc ma mère ; elle est bien stricte
et finalement le sourire se mue en léger rire
Cela dit, tu me donnes bien trop d'importance
Régner sur les mortels était une chose qui m'intéressait bien peu, au final, préférant de loin jouer au milieu d'eux
tel un prédateur avec ses proies

Et finalement vient l'heure du serment
— car, ça n'était pas une promesse, au vu de la personne avec qui j'avais affaire, qui, avant d'être Sphinx, était monstre
et les monstres étaient tout aussi capricieux que les dieux : il était bien mal venu d'en décevoir un
Bien sûr, ma chère Sophia ;
amusons-nous comme si c'était notre dernier jour