contexte inspiré de la mythologie grecque et de percy jackson

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Les dieux de l’Olympe existent ! Depuis qu’ils ont créé le monde à leur image, ils règnent sur celui-ci, dominent le ciel, les océans et toutes les couches de la terre. Ils sont à l’origine des cataclysmes les plus connus et des guerres les plus atroces...

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(terminé) Et la sentinelle qui trouve réponse à mes questions, Don
Abel Kozlovsky
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Abel Kozlovsky
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(terminé) Et la sentinelle qui trouve réponse à mes questions, Don Lun 31 Juil - 16:19
Il ne savait rien de vos amours de jeunes filles, éclaboussées de rires sépia sur la ligne du temps ; il ne savait rien non plus de vos embrassades rêvées sur le sacrifice des autres et il ne savait encore rien d’autre de la colombe blanche que tu tenais serrée entre tes dents en or après lui avoir coupé la tête. Il ne le savait pas, mais était assez bon pour en flairer l’odeur du sang, lorsqu’il est frais et qu’il faut le cueillir. Abel s’était enfoncé dans un calme fiévreux et tendu, plein de silence, du bateau au camp, participant de lui-même à organiser et escorter la cohorte blessée de sang-mêlé·es jusqu’à ce que l’île s’enfonce dans une tension affolée mais contenue. Alors, alors seul dans la nuit il avait réalisé lentement, qu’il était dans l’horreur jusqu’au cou et qu’il n’avait nulle part où rentrer, que les enfants dormaient paisiblement et qu’il était terrifié de leur éveil : il avait demandé des nouvelles de tout le monde, puis il avait manqué d’air, puis encore, il t’avait appelée.

Il avait dévalé les pentes en courant. Courir libérait cette énergie mortifère qui le tenait tenaillé, il avait encore chevillées au corps les serres d’Achlys et, il courait pour se libérer, le vent chaud qui venait du front de mer séchait la sueur à son front et sous ses aisselles, séchait les embryons de larme à ses yeux rouges, il courait jusqu’à toi, dans son costume encore couvert de sang. Vous aurez au moins ça en commun : lorsqu’il sonne, lorsque tu ouvres, vous serez là, dans vos habits de coupables et de deuil.
« Ah — » il te prend les bras, il faut le soutenir, il ne voulait pas s’effondrer, pas pour si peu, pas pour la vie ! Mais cette fois la vie qu’il chérissait l’a battu. « Elle est partie, » il tremblait, serrant tes manches pendant qu’il cherchait à rassembler ses esprits pour ne pas tomber maintenant dans cette angoisse de vivre indigne de lui-même, « Dionne, j’ai tout vu, j’ai tout vu, ils n’ont rien fait, est-ce que tu comprends ? Est-ce que tu comprends ce que ça veut dire ? » Abel levait la tête malgré tout, les lumières tranquilles de la zone résidentielle l’auréolaient faussement : il était plein de colère, et ce n’était pas ton secours qu’il cherchait en faisant fondre sur toi ses yeux de feu et d’aurore : c’était de ta rage ! « Que ça se passe, qu’elle fuie, que je vive et que personne, personne ne fasse rien — je dois te montrer. Don, c’est grave, fais-moi rentrer. » Est-ce que la fièvre est un délit d'opinion ? Est-ce que ma peine était un vote de sanction ?
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(terminé) Et la sentinelle qui trouve réponse à mes questions, Don Lun 31 Juil - 20:04

Elle avait la constance des phares qui ne s’éteignent pas même dans les nuits les plus noires, et ce soir-là, l’horreur n’avait pas fait vaciller la flamme qu’elle laissait luire pour mener à elle les âmes errantes, les innocents sacrifiés qui n’avaient jamais vu la réelle violence du monde. La lumière de la cuisine filtrait par la fenêtre et brillait d’une lueur orange indécente dans la noirceur, c’était pour le guider lui, Abel, son agneau mystique qui viendrait trouver dans sa maison la chapelle pour ses confessions. Don ne savait encore rien des crimes, ne savait que le sang versé, gâché, donné pour nourrir une terre qui n’était pas la leur—elle avait l’amertume de constater de l’inutilité de son grand sacrifice, puisqu’il avait fallu ce soir que la mort prenne ses enfants. Elle n’avait pas revêtu le noir approprié pour la douleur des circonstances, ne comprenait pas encore son propre deuil : loin du carnage, c’était une nuit d’été à la douceur imperturbable, mielleuse à en vomir ; en ouvrant la fenêtre, on entendait les cigales et l’air sentait toujours le chèvrefeuille. C’était peut-être là la preuve qu’ils n’étaient pas des dieux : le monde ne portait pas le deuil et rien, au ciel, ne leur donnait des funérailles.
Don avait ouvert à Abel immédiatement, elle n’était plus couchée et l’attendait, assise à la table de la cuisine, fixant un point de fuite futile qui cristallisait toutes ses angoisses. Elle avait dit : Entre, mon fils. Respire, assieds-toi et explique-moi, puis elle s’était libérée de l’étau de ses mains pour passer un bras autour de ses épaules, dans une demi-étreinte qui servait à l’entraîner dans la cuisine en s’assurant qu’il ne s’effondre pas.
Elle avait le cœur en miette et les yeux inquisiteurs, déjà, face au premier visiteur qui venait lui conter les horreurs de cette nuit-là. Le nom de Dionne, jeté comme ça, est une crevure dans sa quiétude, une entaille trop grande ; déjà, on l’empale, on la tue, et elle sait, sans savoir les sacrilèges commis, que la faute transcende tous leurs serments. Ça ne peut plus compter, qu’on se soit aimées.
Elle avait assis Abel à la table pour ne pas le laisser debout sous la lumière : le plafonnier découpait au couteau les traits de son visage, et Don savait qu’ici, cette nuit, le crime serait commis une deuxième fois. J’ai fait du café. Bois.
Elle pose devant lui une tasse de café chaud, et c’est mondain, ce geste, d’offrir à boire à son invité ; c’est d’une dissonance absurde à l’âge des grandes trahisons. Dans sa tasse à elle, son propre visage est rendu déformé, mais elle y lit quand même sa peine, et son angoisse, et l’aube d’une colère qu’elle ne sait pas encore y voir.
Montre-moi.


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(terminé) Et la sentinelle qui trouve réponse à mes questions, Don Mer 2 Aoû - 22:53
Il n’est le fils de personne, ce soir, car ce sang versé ne saurait être dans le cadavre que d’un orphelin pour que la balance soit juste — Abel pénétra dans la maison de Don comme on constate un saccage. Sous la lumière jaune, il tuait quelque part l’intimité sacrée des fleurs en pot et le parfum estival, réhaussé de nuit des herbes séchées, et quelques moucherons entraient avec lui se cogner contre les ampoules comme dans un sépulcre. Il se laissa tomber sur le canapé, prit sa tête entre ses mains pour se ressaisir ; il n’entendait Don lui parler qu’à une distance presque sous-marine. Son téléphone, déverrouillé, jeté en évidence comme une arme de crime sur la table basse, jouait en boucle la vidéo sacrilège, envoyée par Rithy. On y voyait sa soeur commettre le régicide et ouvrir le nouveau millénaire. Le son, répété froidement, qu’il connaissait par coeur, lui donnait envie de vomir.

Il éloigna ses mains de lui pour les serrer, et il les voyait être serrées, étrangères et contenues, blanchies sur les bords et rougies en dedans. Il contenait là l’arme première dont le monde l’avait doté, et il entendait en même temps son souffle qui le dépassait, qui lui battait la tempe. Le silence, sans ce rythme profond, régulier, étrangement lent, aurait sinon été d’une placidité nocturne insupportable.
« Elle est partie ensuite. » Il fixait un point sur le tapis de Don, comme il avait appris à le faire. Autour de ce rond de crème Abel pouvait se concentrer à aplanir tout le contour de sa haine et à retrouver la froideur, le détachement furieux qui le motivait autrement, et qui lui ressemblait ; il fallait, pour que le monde cesse de tourner, qu’il se ressemble. Il ne parvenait pas encore à regarder Don, la radiance bleue, régale de cette vieille femme laissée intacte et en odeur de sainteté même par les pires meurtrissures l’aurait peut-être sinon fait se soulever de rage. « Elle est partie avec l’Hydre — ils se sont donnés la main : » il avait lâché ses propres mains, mimant sans le réaliser l’abandon que Dionne lui avait infligé, sinon voulant se détacher du mythe de la trahison. « les gens avec qui j’étais tentaient de le tuer et lorsqu’il a fui, il l’a rejointe, il lui a donné la main, ils se sont regardés puis ont fui, comme ça, se tenant, personne n’a bougé. »
Il verrouilla son téléphone ; il venait de s’apercevoir que la vidéo, insoutenable, continuait de tourner tant il avait voulu s’en couper, répétant un kaléidoscope froid et flou sur le plafond. Abel trempa ses lèvres dans le café, trop chaud, et le tremblement de sa main le poussa à reposer la tasse pour ne pas la renverser.
Le salon de Don retomba dans un silence suspendu de veillée funèbre. Cela lui glaça le sang. « Ce n’est pas tout. Elle a vu que je l’ai vue, elle a vu que l’Hydre m’a évité » sa gorge lui faisait une douleur atroce, il tira sur son col pour chercher de l’air, « une mort certaine, je ne comprends pas pourquoi il a fait ça. Il a piétiné une créature avant de partir avec elle, et sans ça je serai mort. »

Abel se tut. Il avait les mains ouvertes sur ses genoux, et observait sur le cercle du tapis un miroir abstrait de la Lune qui aurait sinon lamenté la fin biblique dont il avait été privé. Maintenant, la nuit avait la couleur dégoûtante de sa dette, dans ce royaume de paix facile et factice où il était étranger.
« Je ne comprends pas. Excuse-moi. » Abel l’avait dit assez bas, d’une voix polie comme on s’éclipse à la salle de bain pendant une réception de mariage ; il enfouit son visage dans ses mains, enfonça ses ongles dans la peau chaude de ses joues et se mit à pleurer. Il crachait des sanglots brûlants qui le secouaient entier, puisés d’une source de rage secrète, inextinguible.
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(terminé) Et la sentinelle qui trouve réponse à mes questions, Don Jeu 17 Aoû - 22:32

Abel, assis sur le canapé, est une figure pointue et angulaire qui transperce la mollesse de son intérieur. Sa peau froide a la sous-teinte bleutée de ceux qui auraient dû mourir et se retrouvent exsangues de vie, bien vivants pourtant, debouts sur la ligne coupée au couteau qui les sépare des morts. Il est, à cette frontière, une clairvoyance qu’Abel ne subissait pas encore, et il ne restait alors de lui que cette instance pâle et fébrile avalée par les coussins du canapé, par la lumière orange, par la fumée du café qui s’élève et complète totalement ce tableau d’un intérieur à la nature bien vivante, habitée même, infusée d’un amour ancien qu’il fallait dépecer, ce soir, pour le mettre en terre.
Le rainphone posé sur la table basse émet une lumière froide et tranchante qui n’a pas sa place dans cet univers de courbes chaudes, annonçant la violence déplacée du crime qu’il dévoile, de la trahison déjà commise, et de la fin de la paix placide et veule qu’elles avaient tiré de l’argile et maintenu pendant des décennies. C’était aussi l’annonce de leur fin à elles, Dionne et Don, et c’était là le plus grand bouleversement, car c’était pour Don la perte de celle à qui elle avait dédié toutes ses batailles sous couvert d’altruisme, d’abnégation, et de sacrifice. Elle pose enfin les yeux sur la vidéo sacrilège qui dessine la fresque du parjure, et dans les pixels qui défilent et reviennent encore et encore, elle reconnaît Dionne, David, la lame, le sang, puis elle regarde encore une fois, Dionne, David, la lame, le sang—la litanie n’a aucun sens. Elle est encore debout à côté d’Abel, en figure tutélaire qui ne s’incline pas, qui n’a plus le luxe de rejoindre l’indolence voûtée de son intérieur alors qu’elle est témoin d’un crime commis pour bouleverser ses certitudes, pour forcer une sécession qu’elle n’est pas prête à vivre. Qui d’autre a vu cette vidéo ?

Il se joue sous leurs yeux des mythes antiques qui n’ont pas leur place dans la violence moderne. Quand la vidéo s’arrête, et cesse enfin de diffuser en bleu Dionne, David, la lame, le sang, Don a la surprise de retrouver son salon inchangé, immuable face aux bouleversements du monde. Elle avait longtemps attendu que vienne la fin de sa quiétude, savait qu’un jour, la mort trouverait les enfants des dieux, les enfants de son Père, et la trouverait elle aussi ; elle savait que viendrait un jour un enfer trop grand pour elle. Elle ne pensait pas, peut-être, que cette fin serait tranquille, jouée lors d’une nuit paisible de juillet, sans que ne soit changé l’ordre des choses. La beauté de cette nuit était une révélation divine de leur insignifiance, et Don, debout dans son salon, n’avait soudain plus la gloire des idoles byzantines. Je ne sais pas, Abel. Je n’en sais rien. Tu ne dois pas t’excuser, ce n’est pas ton crime.
Dans le silence revenu, elle pose sa large main, brûlante, sur le dos d’Abel, juste entre les omoplates, traçant de son bras une ligne qui imite la trajectoire de la lame ; de Dionne à David, de Don à Abel, dans une reconstitution biblique du péché originel qui marquait la fin de l’ère. Pour le bien de David, de ton adelphie, de l’île, même, il faut que ces images disparaissent. Personne ne doit voir cette vidéo. Et soudain, la main dans son dos n’a plus valeur de réconfort, elle porte le poids de la crainte sourde de l’effondrement à venir : ils n’étaient pas assez divins pour chuter véritablement, et l’interminable été de leur règne pourrait alors s’achever sans éclat, aussi naturellement que l’automne vient, en un massacre futile et léger au large des côtes, loin du reste de la terre.
J’aimerais te dire qu’il y a une explication, une justification, mais je ne veux pas te mentir, et je ne sais pas si j’y crois. Je pense que de toute façon, je ne l’accepterais pas.


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(terminé) Et la sentinelle qui trouve réponse à mes questions, Don Ven 18 Aoû - 18:01
Toute la vie débordante de ce salon lui faisait horreur. Pire : elle le rejetait. Entre ses doigts, et entre la rondeur chaude de ses larmes, Abel percevait la langueur luxuriante des fleurs et des velours capiteux qui se confondaient en camaïeux flous, pour lui enseigner qu’il n’était pas chez lui. Et il nourrissait une haine annoncée, personnelle pour cette négation renvoyée de son espace. Il s’était remis à pleurer après une accalmie, mais de colère et ses hoquets emplissaient le salon comme des coups de tonnerre, lacérant les papiers peints d’une certitude : voici la peine du crime de la vie envers lui, dont il présentait la rouge rançon. Il n’était pas embarrassé de pleurer devant Don. Il n’était plus à ce simple degré de honte.

Il pleura longtemps. Le silence s’était prolongé après les paroles de Don, et Abel le faisait durer consciemment sur le fil de sa tristesse. Il ne prit pas la peine de dégager la main de Don, car la géométrie de l’espace révélait déjà combien cette caresse était étrangère et caressait un autre corps que le sien ; les rides bleues de la main de Don, large, froide, longeaient mal la fermeté du dos d’Abel, noué par cent ans de désespoir. Les plis de sa chemise, tachée de sang et de sueur, formaient des vagues dont le ressac rejetait toujours Don, et les secousses de son dos, de pleurs d’homme, renvoyaient toutes à Don le chant des sirènes de son propre échec. Abel pleurait injustement pour des victimes que Don avait semées, et qu’il nommait au bout de chacun de ses cils. Il avait les yeux lovés dans l’arrondi de ses propres mains, longues et sèches, blanches comme des couteaux, et ses larmes brûlantes roulaient le long de sa paume pour s’écraser bruyamment contre le parquet.

Abel renifla. Il essuya sur le dos de sa main les sillons de ses larmes, puis tira un mouchoir pour se moucher, avec des gestes méthodiques de fossoyeur. Il tira un autre mouchoir pour essuyer ses yeux, ses joues, ses mains, et il les roula en boules serrées et blanches qu’il écrasa dans ses mains.
« Je m’en fous. Je ne te demande pas de me consoler. » Il serra les lèvres, interrompant sur ses lèvres un sanglot comme s’il allait vomir ; sa voix était stable sur la mer. Il s’enfonça dans le canapé sans en épouser le dossier, rejetant ce confort chaleureux d’une vieillesse assassine ; il avait calé sa cheville sur son genou pour tourner toutes ses épaules vers Don, qu’il dévisageait d’en bas, et ce geste interrompit définitivement la communion travestie de leur famille de peine, rejetant tacitement la main de Don.
Les lumières du salon décoloraient sur Abel la blondeur de ses cheveux comme des branches d’étoile, et en même temps, donnaient le reflet gommé de ses larmes séchées comme une madone déterrée. « Je lui ai demandé de ne pas diffuser la vidéo. » Il fixait Don en taisant le nom de Rithy, dont il prenait la responsabilité tacite ; car Rithy ne devait exister que dans l’alcôve viride où Abel cachait toutes ses affections, au secret de cette emprise de fausse chaleur que Don soulignait autour de lui.
« Tu l’aimais, non ? »  Il ne pouvait s’empêcher de dire cela avec une forme de raillerie, et en imposant le passé ; il portait aux amours bafouées un mépris très fort qui n’en accentuait que davantage la vacuité. Il ne se moquait pas vraiment, mais peut-être voulait-il blesser Don encore plus en le disant, afin qu’elle et lui soient sur un pied égal de souffrance. D’ailleurs, c’était même, d’une certaine façon, une forme de communion de la part d’Abel, qui ne connaissait que la cruauté comme compassion.

Il prit une grande inspiration, qu’il expira lentement, dans un soupir sonore. Le salon de Don était un tombeau qui l’étouffait et il rattrapa maladroitement le rythme de sa propre respiration pour sceller définitivement la grandiloquente, mais temporaire, explosion de sa peine. Il pouvait maintenant se rattacher à une image plus commune de lui-même, qui devait être absolue et sérieuse, ancrée dans une haine consciente. Il déglutit, jetant un regard aux photographies accrochées dans des cadres qui posaient sur leur solitude une multitude de regards dont l’espoir était faux et bafoué. Puis il revint à Don. Il découvrait une petite femme, vieille et forte, angélique comme tous les mauvais messagers, qui lui faisait peur, à lui, qui savait instrumentaliser son propre effroi. « Je suis venu te voir toi, personne d’autre, parce que tu es la seule vers qui je peux me tourner sans me tromper à ce sujet. » Il s’interrompit une brève seconde ; son regard doré confiait tacitement que l’horreur de Don était une gageure. « Je ne sais pas encore comment va réagir le conseil ou les gens autour d’elle, et ils ne voudront pas m’associer, de toute façon, à leur réaction. Leurs enjeux ne sont pas les mêmes que pour toi et moi. » Dionne surgit brièvement comme un fantôme, une forme incomplète, qui unit brièvement la plénitude contraire de leurs réalités. « Il faut que tu m’aides. » Il faut entendre dans la braise de cette insolence quelque chose d’intime qui se demande à genoux.
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(terminé) Et la sentinelle qui trouve réponse à mes questions, Don Ven 29 Sep - 17:41

Elle laisse monter le silence de chapelle qui n’accueille que les sanglots lents d’Abel, dont l’arythmie remplit l’espace jusqu’au plafond, repousse les murs, pour transformer le salon et sa tiédeur domestique en tombeau froid de leurs amours perdus. La main de Don reste posée sur son dos sans réconfort, comme le réflexe pavlovien d’un Père vers qui le monde se tourne pour être rassuré : le geste est celui d’un roi qui adoube, d’un dieu qui surplombe, et n’a rien de la tendresse filiale qu’on lui attend. Quand les sanglots se tarissent, que les pleurs s’assèchent comme un torrent à la venue de la saison chaude, Don retire sa main du dos d’Abel, et rompt cette ligne conductrice de la peine qu’ils subissent tous deux sans la partager. Don ne pleure pas, n’a pas envie de pleurer, et garde un stoïcisme indécent face au déferlement des émotions d’Abel qui plie la lumière, transforme le poids de l’air et le goût même de la nuit par son intensité prodigue. Il n’y aurait, dans cette petite scène de genre peinte par un artiste avec le goût du drame, aucune complaisance ni consolation—c’était là le lot des perdants, de ceux qu’on laisse derrière quand frappe la tragédie. Don est d’un pragmatisme qui étouffe, noie, tue au sein d’elle-même les prémices de sa tristesse, de sa colère et de sa défaite : offerts en sacrifices au Ciel ou à la Terre, elle délaisse ainsi ses faiblesses, la bassesse du sang, pour puiser en elle l’absolu de sa sagesse insolente. Elle ne croit pas aux serments profanes qu’Abel peut faire mais, impuissante, elle s’en accommode : Bien.

Abel déroule son dos pour prendre une posture annonciatrice qui dépeint Don en madone, Vierge sainte, et fait de lui l’archange Gabriel, portant au creux de ses paumes l’atroce message de la mort du divin. Il pourrait porter à elle des fleurs de lys qui faneraient immédiatement, symbole du flétrissement d’une pureté vieille de cinquante ans—tu l’aimais, non ? et Don n’a que faire de son ton railleur, de son impertinence, de ses yeux d’or qui projettent sur elle des montagnes de doute, de honte, de souillure ; il ne comprend rien. Elle le sait trop puéril encore, cicatrisant lentement les affres de sa jeunesse, incapable de l’amour placide, lent et infini bâti sur des décennies de douleurs partagées : elle ne se blesserait pas sur la vacuité terrible de la souffrance d’Abel, n’en cueillerait pas les fruits encore verts qui ne portent pas la marque avide d’une affection mûrie au soleil. La dévotion viscérale de Don envers Dionne ne mourrait qu’avec son corps ; survivrait comme une gerçure dans son ventre, stigmate d’un amour qu’elle avait vu naître cet été-là – c’était en 1969 – et que Don pensait voir grandir jusqu’à l’abandon complet du monde, de ses valeurs et de sa personne. Je l’aime toujours.
La confession est trop intime pour ce silence d’église, d’une vulnérabilité feinte pour faire taire l’audace souffreteuse qui malmenait Abel.

Elle s’assoit face à lui dans une tentative d’égaliser la lutte angélique qui lie leurs tourments en une ligne nauséeuse. Au secret de ce salon, elle s’affaisse comme s’érodent les collines à l’assaut pernicieux du vent et de la pluie—soudain, elle se défait de sa grandeur solaire qui la place au centre du monde, et paraît tout à fait son âge dans le fauteuil de velours côtelé qui l’avale toute entière. Son chien vient se coucher à ses pieds en gémissant, docile comme son devoir. Don soupire, pose son coude sur l’accoudoir et déploie sa main comme si elle tenait une cigarette, de celles qu’elle avait arrêté de fumer il y a de ça quinze ans ; seul le geste, désinvolte et anguleux, lui était resté. Un de tes adelphes sera nommé au conseil à sa place, et ce très bientôt. Il en va de l’ordre des choses, ils ne voudront pas garder vide un siège qui rappelle un tel échec. As-tu confiance en tes adelphes, Abel ? Ses yeux bleus sont inquisiteurs, à l’antithèse de son visage paternel et bienveillant dont les os saillants avaient été adoucis par l’âge et les tourments, pour former des courbes racinaires qui en émoussaient la rudesse. Elle se penche en avant pour contempler, par dessus la table basse, l’agneau sacrifié. Don a de la peine pour Abel, dont la jeunesse éternelle était déjà entachée de guerres qu’il n’avait pas initié, en victime civile de crime commis au début du monde, au début du jour, quand l’idée même de son existence n’était encore en place. Sa pitié est immense.

Bien sûr que je t’aiderai. Que nous le voulions ou non, nous sommes éclaboussés par ce crime—Dionne est partie, et l’amour que nous avons eu pour elle a déjà laissé sur nous sa marque. Le voilà, finalement : l’amour au passé, la cassure, la ligne nette tracée entre la part d’elle qui aimait toujours Dionne, et l’autre part grandissante qui la haïssait, au lendemain du crime. Cette part-là se déployait dans les os de Don comme la gangrène, prenait d’assaut ses souvenirs, son cœur, son corps entier qui s’était construit sur l’Amour de cette autre que le soir avait vu partir. La trahison de Dionne initiait ainsi le déracinement total de sa personne : comme un chêne presque centenaire, sa chute entraînerait peut-être l’effondrement du sol sur lequel reposait leur société entière. Ici, ses racines allaient d’elle à chaque maison, chaque monument, chaque route construite au prix du drachme et de l’ichor. Ici, la Terre, la Mer et le Ciel tournaient en sphère dans la paume de sa main : Don sentait entre ses omoplates la lame qui avait transpercé la chair de son cadet. Tu n’as pas à te préoccuper de David et de Darryn, ou de l’Aigle. Ils sont ma responsabilité, tout cela tient à mon sang. Prends soin de tes adelphes, Abel, qui souffrent du même mal que nous. C’est elle, le Pantocrator, qui préviendra l’Apocalypse de ses deux mains qui enserrent leur monde entier.


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Abel Kozlovsky
Un parmi les Autres
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Abel Kozlovsky
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Statut : Demi-dieu
Parent divin : Hébé
Défaut fatal : La violence
Pouvoirs : Rajeunissement (A), régénération cellulaire (A), renaissance (B), jouvence (C)
Poste et/ou Métier : Ambassadeur d'Hébé + doctorant en sciences humaines
Particularité : Incarnation de Sisyphe
Notes : Cicatrice sous l'oeil
Inventaire : Corde d’Ariane
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(terminé) Et la sentinelle qui trouve réponse à mes questions, Don Mer 18 Oct - 23:31
Il ne fallait pas mal comprendre la confiance d’Abel envers Don ; elle était pleine car naissait des vers du mépris. Il suivait du regard la mutation lente de cette silhouette sans âge, ou au contraire trop pleine de lui, comme une plaie infectée ; et il laissait gicler sur lui la percée de ses yeux bleus, qu’il divisait sans s’en laisser pénétrer, car il devenait aussitôt convaincu par un rappel silencieux, sourd et essentiel : Don et lui n’avaient jamais prié les mêmes choses. Il n’était gouverné par aucun souvenir et cette fin du monde le préoccupait sans Annonciation, il ne s’intéressait pas aux messies et crachait d’ailleurs aux pieds dorés du pouvoir des Seigneurs. Bien qu’il était noyé par le piaillement de ses oiseaux de douleur, cette certitude dure s’inscrivait sur son occiput sur le fil d’une pierre enfoncée. Il ne pouvait s’empêcher de la considérer avec un air contenu de défi, de méfiance, et de rancoeur, et ses épaules rejetées légèrement en arrière marquaient très graphiquement son épouvante.

Bien sûr, une telle jeunesse de la rage le rendait faillible. Il baissa les yeux à la question ; c’était un mouvement unique et pur, une représentation scolaire du doute, seules ses paupières avaient bougé avant qu’il ne ramenât les yeux sur elle et là encore il laissait sur elle quelque chose d’imperceptiblement changé, magnifié par la peine, l’inquiétude, celle-là même qui enfantait ensuite la fierté de cette colère longuement sus-citée. Il avait les mains jointes, l’une était fermée en forme de poing et l’autre l’enserrait, le couvrait comme on dissimule une arme ou tente de fermer la gueule ouverte d’un chien ; et il les maintenait enfoncés sur sa cuisse, contre son rein droit. On ne savait pas à quoi lui servait un tel exercice de tension et de douleur. « Oui. » Son ton était sorti bêtement, très mal assuré ; il s’en rendit compte : « Non. » Et cette vérité, qu’il avait dite sur l’exact même ton, ne le confortait pas davantage ; ce refus simple et ouvert dévoilait le sillon cruel de méfiance qu’Abel avait tracé tout autour du coeur, et où devaient échouer ses plus proches, ses plus adorées cibles, car l’amour familial est une chasse où l’on cravache les cheveux. Il sourcilla un peu, pour mettre un terme à ce flottement bizarre. « Je vais voir ça avec eux. » Bien sûr, tout ce doute, c’étai car il n’était pas habitué encore à exclure Dionne.

D’ailleurs, c’est là l’occasion de revenir à cet amour frappant que Don avait montré sur elle comme une belle fleur, et dont la réception par Abel n’est pas encore évoquée : de la même manière qu’il devait exfiltrer Dionne de force de ses considérations, il sentait que Don l’excluait. Ou plutôt, Abel était exclus d’office d’une grandeur si céleste, si pure de l’amour parfait, inaliéné par la plus haute des trahisons : il était trop petit pour le comprendre, ou peut-être, pour être exact, valait-il mieux dire qu’il était trop affolé par l’importance des choses, pas encore rattrapé par la nécessité de la concession et surtout, par l’effroyable injustice qu’apporte l’amoralité nécessaire des grandes passions, et tout cela était l’exercice de sa terrible jeunesse. Il continuait d’appuyer ses mains bizarrement contre lui-même : cela commençait à ressembler à un exercice de méditation dans la douleur. Il ne voulait pas de ces Dieux, et il ne voulait pas de ce crime, de ce sang, ou de cet amour dont il était presque obscène qu’il soit témoin : mais il y était contraint ! Et Don maintenant l’y soustrayait ? C’était une sentence d’adulte, et pas une paix chérie : Abel ne priait pas à ces autels. Il délia ses mains, d’un geste très simple, et il les posa de part et d’autre de lui sur le canapé. Cette pose, étrange, l’ouvrait complètement, lui donnait une espèce de vulnérabilité infantile ou maniérée surprenante sur lui. « Ce n’est plus que ta responsabilité maintenant que tout cela nous concerne tous. » Il ne souriait pas, mais il y avait une espèce de malice dissimulée dans la façon dont il le dit ; ou peut-être était-ce le jeu de la lumière jaune du plafonnier, qui, sa tête ainsi déclinée, découpait sur le haut de son visage une ombre crénelée. « Tu n’es plus au pouvoir. » Non, il y en avait définitivement, de la malice : dans ce contexte, c’est de la cruauté, et de la rancoeur. Il ferma là ce mouvement du sentiment. Il se redressait. Il retrouvait l’argile meuble, terne et de sa composition, en même temps qu’il se levait. « Il faut que je retrouve mes adelphes. »

Abel s’était dressé à cet angle exact où, de son altitude, il occulterait la lumière du plafonnier sur Don. C’était délibéré, bien sûr, et une seconde sur la brèche, il inscrit très profondément en lui l’image de cette vieille femme lapis, dont le chien soupirait sur les pieds marbrés, débordée dans toutes les directions par son ombre ocre. En contrejour, il offrait une image grise, électrisée par son propre vide, où le sang séché formait des traces d’ombre. Les deux images juxtaposées sans s’unir formaient dans le salon une domesticité obligatoire, sucrée d’ironie, noire de ferveur. Abel mit ses mains dans ses poches : il avait trop peur qu’on les lui tienne, ou qu’elles restent vides. Le « Merci » resta coincé dans sa gorge comme une lame de rasoir : il déglutit difficilement, et cet effort, manifeste, pliait chez lui tous les angles de sa gratitude. « Il faut que j’y aille, » il rappela plutôt, mollement, et le lieu se dessinait imprécisément : dans la nuit noire, loin d’ici, il y avait le val imprécis de la douleur, où l’on s’épanche sur les morts, loin d’ici, loin, comme toujours, de toi, c’est cela que ça veut dire, et le détournement lâche de ses yeux était tissé par un fil d’or de reproche, « j’y vais » il ramassait sa veste, il commentait toute sa sortie pour des Dieux et leurs enfants à leur image, étincelants et aveugles.
Est-ce que la fièvre est un délit d’opinion ? Est-ce que ma peine était un vote de sanction ?
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