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Les dieux de l’Olympe existent ! Depuis qu’ils ont créé le monde à leur image, ils règnent sur celui-ci, dominent le ciel, les océans et toutes les couches de la terre. Ils sont à l’origine des cataclysmes les plus connus et des guerres les plus atroces...

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(flashback juillet 2023) Star witness, Henriette
Abel Kozlovsky
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Abel Kozlovsky
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(flashback juillet 2023) Star witness, Henriette Mer 1 Nov - 1:14
Entre les silhouettes des chênes, l’aube embrasait. Vite ! Il fallait fuir le jour qui s’annonçait, et qui ne devait pas le voir : Abel cherchait entre les trèfles écrasés son propre feu, le seul incendie qu’il désirait dans cette terre grasse qui le honnissait. Le honnissait, la canopée, fortifiée par l’été, le honnissait, et le murmure de la nuit chaude entre les feuilles depuis des heures, au lieu de chanter ses lamentations, lui ordonnait de partir. Il était resté ; il avait traversé le ventre de la nuit jusqu’à sa lisière et il y demeurait désormais avec cet instinct de révolte dont l’insolence était une ressource inépuisable. C’était une rancoeur de charbon qui éteignait la peur qui lui tordait le ventre, et qui maintenait à distance les fantômes de la forêt. Ils demeuraient en cercle autour de l’endeuillé déjà revenu : lui refusant la couronne messiaque qu’il méprisait, les esprits posaient sur Abel des regards en lames croisées, qui lui serraient le cou sans le faire saigner. Il était exsangue et trop plein de vie. Il était épuisé.

Il fumait quand Henriette arrivait. C’était une coïncidence ; mais il apprécia qu’il demeurait chez lui une force innée pour la théâtralité fulgurante du réel. Il avait eu le temps, dans son attente, de faire le deuil de lui-même, de son malheur, et de la chambre de résonance de sa solitude. Le temps où il avait fallu en parler était révolu. Il se détacha de l’image de lui-même pour se figurer, de loin, cette silhouette misérable de lui, qui fumait à l’ombre encore tiède des saules. Cette image antinomique tuait la forêt qui l’avait tué : cette rétribution cruelle était une parité juste. Abel maculait la forêt de rouge. Sinistra l’avait lavé comme les pieds d’un ange : mais il gardait sur lui la teinture amarante de ses vêtements, et, sur sa chemise, la collerette de sang séché, giclé de la plaie de son innocence d'agneau. Il gardait, pliée contre sa hanche, sa veste assortie à son pantalon, dont le col aussi avait été cartonné par un rouge plus sombre. Le ton sur ton virait au bordeaux. La fin de la nuit mettait dans ce tableau des touches de bleu qui trahissaient la solitude inouïe de son inutile survivance. Le foyer de sa cigarette envoyait un signal métronomique, lorsqu’il s’allumait, dont le message était la menace avec laquelle Abel frappait la forêt, et ce qui allait au-delà de la forêt. Il n’y avait besoin de parler de rien d’autre.

« Ne pose pas de question. » Ce fut la première chose qu’il lui dit ; et la suffisante froideur avec laquelle il jeta cela à Henriette suffit à tuer le sentiment gonflant de la situation. Il lae connaissait assez pour soupçonner chez ellui cette maladie contagieuse de la tristesse commune et violente que se partagent les congénères, aussi Abel voulait rappeler : nous n’en sommes pas. Son individualité était tracée dans la férocité de sa mort, et l’inconséquence qu’il fallait accorder à sa deuxième vie. Il jeta le mégot encore allumé vers un parterre de digitales. Rien ne prit feu, et il le regretta avec une haine violente. Il fit un pas vers Henriette. Il allait lae rejoindre ; mais il s’arrêta.
Il ne fallait pas qu’il lae rejoigne. Rejoindre Henri signifiait fermer cette plaie béante qui le séparait des vivant·es : il fallait qu’iel vienne à lui. Il fallait que ce service, pénitent, du vivant lui soit servi, pour qu’il justifie qu’Abel poursuive le cours de sa haine. Il ne fallait pas qu’il ait trop besoin d’ellui. L’humiliation de ce secours était déjà la moitié de sa dette et dépassait la peine de sa mort. D’ailleurs, il n’y avait que l’humiliation qui avait marqué Abel de cicatrices, car son meurtre, comme en témoignait sa gorge dorée, lisse, intacte, était déjà imperceptible sur lui.

Il lae toisait. D’une façon, les giclées de sang à son col, perpendiculaires à son nez, suivaient la ligne droite de ce regard et l’accentuaient gravement. Le jeu chaleureux de ses couleurs éclipsait le jour et la nuit n’était plus assez forte pour le refroidir : Abel s’appropriait iconographiquement l’autorité de son sacrifice. Il occultait totalement dans son ombre la Caïn qui avait accompli la besogne des hommes, et il écrasait à son talon le besoin de répéter cette parabole, car le temps était trop compté pour ce genre de peine.
« Je suis fatigué » il dit enfin, et il l’avait dit assez fort, pour que sa voix se diffuse, sur un horizon plat, par toutes les directions. Cette évidence, d’être articulée, tuait dans l’oeuf sa diminution, en l’admettant Abel terminait définitivement le drame. Il était fatigué : il n’élaborerait pas davantage ce fait qui, désormais, se suffisait à lui-même en lieu de réponse. « je vais marcher avec toi. » Il ne fallait surtout pas que ce fut une question, ni que cette affirmation dessine le contour de sa solitude, pire, qu’elle désigne Henriette comme une visite providentielle et non comme un accessoire psychopompe : après tout, l’aube, sur ses talons, pouvait encore trouver le temps de lui mettre fin. « Viens. »
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(flashback juillet 2023) Star witness, Henriette Mer 15 Nov - 17:49

La nuit était d’une clarté absolue qui permettait de dresser l’éphéméride précise de l’heure du crime : Henriette n’était pas couché.e, et observait la veillée particulière des nuits d’été dont l’air est toujours lourd après le crépuscule. Les messages d’Abel avaient fait naître en ellui une inquiétude étrange et malvenue qui, plus que le vent nocturne, pesait sur sa nuque avec la menace du matin à venir ; si seulement il venait. Henriette marchait en longeant la côte, celle de la face inverse de Nausikaa, qui regardait vers la noirceur totale de l’Atlantique : de là, iel avait vu se coucher Saturne, et son pas assuré dans l’obscurité donnait le rythme d’une traversée initiatique de la bande de terre dont les limites physiques, palpables quand on se tient au bord des falaises, l’étouffaient un peu. La Lune, réduite à un fin croissant, n’éclairait rien ; c’était le début de la saison des Perséides, mais, à cette distance de New-York, la lumière de la ville en avalait encore la chute, en un interminable jour qui imposait sa présence au littoral entier. Si Henriette étendait les bras, iel pouvait saisir toute la largeur de l’espace clos où iel se trouvait alors et, au milieu de la nuit, iel dessinerait la ligne sinueuse de sa traversée du monde. Le vent était fort et ne s’était apaisé qu’à l’annonce de la forêt : les premiers bouleaux avaient retenu l’alizé, et imposé un silence religieux propice au deuil à venir, que Henriette ne devinait pas encore.

Quand iel l’avait trouvé, Abel avait déjà récupéré une contenance victimaire et insolente que Henriette lui connaissait bien. Iel avait déjà étudié la couleur de son sang, autrefois, que les premières lueurs du matin rendait plus rouge qu’il ne l’était désormais, déjà séché dans les plis de sa chemise comme une fleur de pavot fanée par le soleil. Ce sang, le sien ou celui d’un autre, ne disait rien de la bataille déjà terminée, dont les érables et les cyprès seront les seuls témoins : ici, où s’était jouée une lutte apocryphe qu’Henri ne connaît pas, le jour apportait la sapience immuable de la désuétude de la vie et de sa fin, et scellait l’insignifiance du crime passé, lavé, dont la terre même n’avait pas voulu.
Iel n’avait rien dit, comme le voulait Abel : c’est un silence qui honorait le dernier souhait d’un homme bien vivant, et l’exauçait avec la complaisance généreuse de celleux qui ne sentent jamais touchés par la violence du monde. Abel, dont la cruauté intentait un procès à la vie même, n’appartenait plus à la catégorie fermée des innocent.e.s. Henriette, d’une enjambée, avait écrasé l’espace qui les séparait, sans vivre comme un affront l’obligation qu’Abel lui imposait, en représentant.e des ingénu.e.s qui, contrairement à lui, n’avaient jamais percé leur flanc sur la lame rouillée des impénitents. Iel n’étreint pas Abel, ne prend pas son bras, et se contente d’écraser le mégot pour en éteindre le dernier éclat, emportant dans le geste un peu brusque les têtes mauves des digitales, dont le poison se répand en pâte verte sous sa semelle.

Il fallait sortir du bois pour voir les véritables couleurs du matin venu, qui annoncerait peut-être la direction à prendre pour traverser l’horizon plat, et rejoindre un territoire où le crime n’avait pas eu lieu, et pourrait être ignoré. Quand Abel lui dit de venir, avec l’autorité éreintée des enfants des dieux déçu de leurs parents, Henriette tend la main vers lui pour saisir la sienne, et se ravise immédiatement, gardant ses paumes dénuées des dernières traces du sang et de la lymphe versés comme de l’eau, sans crainte de les gâcher. Iel annonce : rentrons à la maison, comme pour annoncer l’objectif du pèlerinage entamé ensemble, alors même qu’il n’existe plus de maison qui leur appartienne à tou.te.s les deux. Iel se décide à briser l’obligation du silence, au nom de la tâche de sang dont les contours dessinent une image particulière de la nuit passée, qu’Henriette peine à saisir. Iel trahit alors cette demande d’Abel, avec un aplomb de juste qui appelle à confesser en grandes lignes les péchés des autres. Iel appartenait, désormais, à cette parabole biblique où iel n’était qu’une apparition secondaire, et s’attribuait le droit d’en connaître la morale. Tu veux en parler ?


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(flashback juillet 2023) Star witness, Henriette Mar 21 Nov - 17:54
tw vomi

C’était cette pureté, précisément, qui l’offensait. En louchant d’un côté vers Henri, Abel distinguait nettement cette auréole inaltérée qui lae nimbait comme une tulle de coton blanc et qu’il assimilait aussitôt à de l’insouciance. Sous la frondaison paresseuse des tilleuls, Henriette pouvait évoluer dans cet écrin clair qui fait le linceul des justes, et qui gardent leur menton haut, leur regard droit. Il lae contraignait à ce statut, bien sûr, et en même temps il lui en adressait le ressentiment : de ce procès sans espoir de victoire, Abel était un juge éclairé, qui a déjà la main au fourreau. Sa fatigue heureusement l’empêchait d’être aussi pressé de haïr qu’il aimait l’être, et le pépiement clair des passereaux par-dessus elleux, témoins innocents et omnipotents, l’empêchait de commettre un nouveau crime. Aussi, il se contentait de marcher. Chacun de ses pas faisait crisser l’herbe qui ployait sous ses talons, et il se figurait que les graminées et les joncs piétinés, exsangues, se lamentaient là de son passage, car ce ne pouvait être que leur dernier œuvre. Cela le blessait à chaque fois un peu plus, c’était une nouvelle dent à son collier étrangleur.

Il lui en avait voulu dès qu’iel avait éteint sa cigarette. Henriette pouvait se permettre ce geste absolument juste : c’est l’autorité des saint·es qui lui donnait la permissivité de le faire, et, avec encore davantage de violence, de l’effectuer sans miser quoique ce soit d’ellui-même, ni même sans se regarder l’effectuer. Ce geste était pur et n’appartenait pas à Abel. Ce saccage n’aurait jamais pris, mais Henriette, par l’obligation de la vertu, terminait d’office l’éventualité suspendue de cette catastrophe, dont il se serait rappelé parfois au creux de la nuit, à des mois de cela, et cette abnégation des vivant·es le mettait hors de lui. Il voulait penser à autre chose — il avait beaucoup de faire : d’ailleurs, jusqu’à présent, y penser l’avait distrait de l’horreur sur lui qu’il s’imaginait déjà avoir accepté — mais il revenait sans cesse à l’image du pied d’Henriette, piétinant les digitales. Elles n’avaient pas fait de bruit. Sous ellui, elles s’étaient couchées, dans un soupir soumis et entendu.

La nuit se retirait dans les bosquets, et avec cette espèce de recueillement craintif et pénitent, sur leur passage. Elle laissait sur le bord des feuilles tendues une odeur capiteuse d’eau qui caressait parfois leurs joues et leur adressait une bénédiction silencieuse. Abel sentait ses mains à ses côtés, moites et rafraîchies par le petit matin ; il épousseta plusieurs fois son pantalon pour y chasser les doigts du vent, qui voulait le saisir avec compassion, car il voulait se souvenir du poids absent du vide. Mais il repensait au mégot éteint lorsqu’il le faisait, et il s’époussetait encore — il aurait voulu saisir la main d’Henri, peut-être, et de quel droit s’était-elle retirée ? Il n’osait plus lae regarder, car il savait qu’il trouverait ce beau profil de platine, où le matin a déjà allumé le feu sacré des bienheureuxses, à l’abri duquel il était condamné à se chauffer. Le grand regard de Henriette ne le verrait pas, sinon avec la décalcomanie du vaste pays, où il était seul et condamné. Il s’était mis à caresser l’intérieur de sa propre paume avec son pouce — puisque personne ne le tenait — et peu à peu son ongle raclait et s’y enfonçait plus loin. Avait-il une maison à proprement parler — alors vers où marchaient-ils ? Les étoiles du premier monde luisaient au-dessus de lui et guidaient Henri vers un secours polaire qu’il méconnaissait. Le vertige lointain des falaise, déguisé en brise d’iode, traçait sur Abel le grand vide de la côte Est. Où allaient-ils ? Si ce n’est dans un théâtre où il était désavoué. Le salon de l’appartement miteux, où le papier peint du mur exposé sud se décollait par le coin inférieur, et qui continuait à se décoller peu importe les efforts qu’il faisait pour l’en empêcher, lui manqua alors terriblement.

Iels étaient presque hors de la forêt. Et le jour se levait paresseusement ; il léchait le pied des roches de la crête voisine, qui émergeait de la mer au nord sans les regarder et faisait jouer un collier de diamants sur le front de mer. Le jour lui tombait autour de la nuque, l’image était déjà éculée, presque vulgaire. « Non — non, tu sais bien que je ne veux pas en parler. Pourquoi est-ce que tu me poses la question ? » A travers les branches des tilleuls, le soleil encore orange déposait sur Henri des baisers qui chérissent les meilleurs enfants. Abel fut conquis par une terrible envie de lae bousculer, mais il n’en fit rien, et il ne sut ce qui l’en avait empêché, ce mystère le précipitait encore davantage dans un néant de soi-même. Il lui parlait sèchement ; ses cheveux, épars autour de ses oreilles, faisaient un piètre portrait de lui.
« Est-ce que tu crois que c’est toi que j’aurais appelé si je voulais en parler ? » Il raillait, mais aucun nom dans le vent ne fit écho à son secours. Il passa une main dans ses cheveux pour les ramener en arrière. Il découvrait la baie d’un regard affreux, méchant. Son autre main, serrée à son flanc, tremblait dans un poing. « Qu’est-ce que tu racontes, d’ailleurs ? On n’habite plus ensemble : je vais rentrer chez moi, et tu vas rentrer chez toi. C’est tout, c’est tout ce que c’est. »
Le soleil, tombé sur son col, en revanche, faisait chauffer un peu le sang. C’était à peine la chaleur de l’été, mais c’était suffisant, pour que l’odeur se dégage de son sommeil et l’écoeure. C’était à lui, il avait envie de vomir. « En fait, » il recula. « je n’aurais jamais dû t’appeler. Bien sûr tu es venu·e, c’est ça, ton problème, donc, je n’aurais pas dû t’appeler, tu es la dernière personne que j’ai envie de voir, là. » C’était cruel, il le savait ; il regretta aussitôt de l’avoir dit, c’était une douleur automatique, l’Univers avait bien arrangé les atomes pour qu’ils brûlent de s’en prendre à leurs enfants les plus chers. « La dernière, c’est insupportable de te voir comme ça. » Il aurait voulu dire : tu ne comprendras pas, mais c’était cette connaissance totale qu’il haïssait vraiment d’elle. Il porta ses doigts devant sa bouche, écartés et blêmes : « Attends, je vais vomir. » Il n’avait rien dans le ventre, il ne cracha que de la bile sur la terre.
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(flashback juillet 2023) Star witness, Henriette Mer 22 Nov - 10:49

À la lisière de la forêt, le soleil se lève : voilà. Iels avancent vers la frontière du monde avec la tête baissée, procession pieuse et sépulcrale appropriée pour l’heure des laudes, que Henriette prie le plus souvent en sens inverse, comme l’annonce claire de la fin de la nuit plutôt que comme le début du jour. Le premier angélus suffirait peut-être à laver Abel de son crime, ou du crime d’un.e autre, en l’incitant à laisser sa dépouille dans derrière la ligne des arbres où les branchages lui feraient un éternel linceul — la forêt était un tombeau ironique et inadapté pour lui, dont les couleurs changeant au gré des saisons rappelleraient toujours l’âge de sa mort, et la jeunesse de sa deuxième vie.
Henriette, qui ne savait rien de tout cela et ne soupçonnait rien de la violence du péché, avançait dans l’heure bleue du point du jour vers le refuge imaginaire qui accueillerait leur pèlerinage : iel avance d’un pas sûr vers cette destination incertaine qui, sous les rayons verts de l’aube, lui donne l’illusion d’une réconciliation de sa personne toute entière. Il est, dans le silence qui précède l’abus, une plénitude totale et ronde qui occupe ses sens, et lae pousse à l’appréciation du matin calme qui seuls dérangent les oiseaux.

Il avait fallu, pourtant, qu’Abel abatte son épée de bourreau, geste mythologique chargé de la violence qu’Henriette lui connaissait mais dont iel avait bien voulu faire abstraction, au nom de sa prière. Les yeux fixés sur la ligne fragmentée entre la terre et la mer encore lointaine, iel ne regarde pas la bouche qui profère des railleries blasphématoire et ne pourra ainsi pas témoigner du crime d’Abel à son égard, qui se dessine en vengeance de la violence qu’il avait lui-même subie. À cet instant, Henriette, dont le visage se déforme gentiment sous l’assaut, se dit qu’Abel est peut-être couvert du sang d’un.e autre, et que celui qu’iel avait pris pour une victime – Abel – était certainement le perpétrateur – Caïn.
Iel se dit aussi qu’iel pourrait lui pardonner.
Je sais même pas pourquoi tu m’as appelé.e moi, tout court, mais tu vois, je suis venu.e. Je n’ai pas hésité, et je suis venu.e ! et je crois que c’est pour ça que tu m’as appelé moi. Aux premiers élans mauvais qu’iel reconnaît en lui, Henri répond avec la vivacité d’une proie attrapée qui se débat dans un collet, sans savoir que chaque soubresaut est une condamnation. C’était un piège qui fonctionnait toujours, car iel avait encore cette illusion juvénile d’ellui où iel apparaissait en juste, en sage, qu’il était donc hérétique de blesser. Son amour grandissant pour le jour encore jeune était gâché par cette impression de lutte qui se dessinait en transparence sur le paysage, comme une fresque ruinée par la pluie, le soleil et le vent. Le vent, ici, dans l’espace en trois dimensions de leur souffrance, agitait les cheveux de Henriette et y déposait d’invisibles cristaux de sel. Sur le visage d’Abel, ce sel absorberait les dernières traces de sang, pour assécher véritablement, définitivement, l’écoulement de sa douleur.

Henriette s’arrête de marcher, acceptant maintenant le meurtre des choses, végétales essentiellement, qu’iel piétinait deux fois à chaque hésitation. Iel fait le choix d’une cruauté réciproque qu’iel regrette ellui aussi, et sort de sa poche son portable pour le tendre à Abel. Tu n’as qu’à appeler quelqu’un d’autre, si tu veux pas me voir. Je peux te prêter mon téléphone : vas-y, appelle ! Qu’on voie qui d’autre te répondra. Iel espérait, en vérité, qu’Abel ne le fasse pas, car iel craignait de découvrir dans ses paroles une vérité amère et fratricide — celle de l’erreur de son appel, et de l’échec de sa venue. Iel ne supporterait pas de découvrir que sa présence ici, à la fin de la forêt proche des falaises du littoral, n’avait pas de sens. Quand Abel recule, Henriette craint qu’iel ne s’en aille, et manque encore une fois de saisir sa main ; c’est la colère, cette fois-ci, qui lui refuse cette affection. C’est peut-être mon problème, oui, mais tu vois, contrairement à toi, moi j’aime ce que ça dit de moi. Ce que ça dit, c’est que même toi, Abel, tu sais que si tu m’appelles, je serai là, et que si tu as besoin de moi, je serai là — et je dis pas ça pour me lancer des fleurs, mais c’est elle, la personne que j’ai envie d’être. Iel détestait cette insolence propre à Abel qui appelait en ellui ce besoin absolu de justification, d’étalage de ses qualités pour qu’elles soient enfin embrassées, célébrées, et qu’iel soit absous des défauts qu’il lui prête. Avec un réflexe tendre qu’iel ne regrette pas, iel met sa main sur le dos d’Abel qui se courbe pour vomir, et lui donne avec une abnégation totale le réconfort chaleureux et silencieux qu’on doit aux enfants malades. La scène appelle à ne rien dire de plus, alors Henriette se tait, ne demande pas à Abel s’il va bien, et se contente de caresser une parcelle de son dos, entre les omoplates. C’est une gentillesse apprise, absente, qu’il faut offrir aux plus faibles pour leur rappeler la force protectrice des puissants, et maintenir ainsi l’équilibre du monde.


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(flashback juillet 2023) Star witness, Henriette Ven 8 Déc - 12:32
tw vomi

Le littoral, embrassant le jour, était pourtant le miroir triste et vain de leur culpabilité commune, étrangère, et sans borne. Il n’y avait pas de fin, oui, à la vulgarité de cette lutte sans ange, où ce sont des hommes qui s’empoignent à la gorge et qui se disent des mots que n’ont jamais appris les cyprès. Quel besoin auraient-ils de conjuguer la violence de la fraternité ? Ce sont des mots qu’on n’articule qu’avec le sang. Le feu, naissant et clair, plein d’espoir, de l’aube les menaçait toustes les deux de leur propre médiocrité. Abel, courbé, crachait sa bile en dépassant sa honte. Il la débordait par tous les angles, en même temps qu’il se voyait faire — car il se sentait très loin de lui-même à un tel instant de tragicomique — il était certain de l’inutilité, actuellement, de la honte, car celle-ci sinon l’accablerait et fausserait réellement le sens de cette scène, biblique, car il voulait qu’elle le soit.

Les paroles d’Henriette tournaient dans son esprit comme des braises qui chauffent le foyer, et il était réchauffé, c’est vrai, par la cruauté de leur perfection. D’ellui, il aimait cela, et ne cherchait à s’en dissimuler. C’était l’appel grand, vaste, saint de la vérité qui demandait à Henriette d’être ici, psychopompe et sans justice ; c’était la même chose qui devait lae priver de tous les honneurs. En même temps, Abel contemplait, dans les herbes couchées, comme définitivement défaites par lui, la petite flaque jaunâtre, acide, qu’il venait de cracher, et qui empoisonnerait la terre. Il était très fier de cette certitude : qu’il emporterait la terre avec lui. La caresse d’Henriette, dans son dos, chaude, et divine, complétait malgré elle ce rituel de destruction, il l’y contraignait. C’était la raison pour laquelle il ne lui refusait pas cette tendresse.

Quand ce fut assez, Abel poussa sa main. Il ne frappait pas son bras, ni ne le chassait d’une gifle, mais il le repoussait comme on ferme parfois les portes. Le dos de sa main, glacé, touchait durement la nécessaire chaleur d’Henriette, pour y mettre un terme accompli, et il ne lae regardait pas. « Laisse-moi. » Il cracha encore, tira de sa poche un paquet de mouchoirs, et comme le goût de la bile ne le quittait pas et l’entêtait horriblement — il pouvait se rendre fou de choses pareilles, faites pour alerter les vivant·es — il quitta le bois. Il franchit cette limite sans en reconnaître l’importance, en mettant, même, l’effort particulier de ne pas le faire. Un jour ambigu, gris, ambre dans le secret, voilait tout à coup ses cheveux, puis sa nuque, ses épaules et son front, sans y céder la moindre reconnaissance. Abel ainsi contredisait la forêt, et, à l’intérieur d’elle, la violence mystique dont elle voulait le couvrir de force ; et il en faisait autant de la mer tranquille, de la limite dure du jour, de toutes les nouvelles choses, enfin, de tout. Il tournait le dos à Henriette. Il écrasa sa main sur les branches, tendues avec pitié, d’un arbre proche, pas encore séché de la rosée, et il lava sa face avec elle sans détail. Il se calmait et se régalait de ce vol, car cette eau, pure, il la souillait et la reprenait au soleil. Il fit cela plusieurs fois, sur des branches différentes, toutes offertes à lui avec cette innocence qui ne sait pas qu’elle sera saccagée, et qui s’offre, même, avec cette lassitude mignarde et faible en ne pouvant en ignorer le risque ; quand il dévoila son visage, Abel était un homme nouveau. Il ne se sentait pas différent. Le vent, léger, encore frais, levé du contour des falaises, séchait lentement les gouttes au bout de ses cils.

« C’est tout ? » Il se tourna vers Henriette. Il lae voyait bien ; dans sa grandeur, nourricière et brune, ce grand ciel levé par le ciment des fiertés, et il en lavait de l’oeil chaque détail, il les élevait, sous la canopée basse et bleue, vers une conscience collective, et globale. Et c’était insuffisant. Son visage, fermé, fatigué, et tiède, découpé crûment par la lame de l’aube, connaissait d’Henriette cette bonté seule et suffisante uniquement à soi, et traçait un monde qui ne s’abreuve de rien. La frontière de la plage où Abel était, était celle d’un univers qui ne se contentait de rien, et qui détruisait la seule balance des hommes. Au bord de l’eau, où le vent chante dans les échancrures pierreuses de falaises, la bonté, le contentement de soi, la noblesse, ne se suffisent pas et n’existent plus pour elles-mêmes. Elles sont tuées par ce qui les précède. Il n’y a que soi, et les plaies qu’on partage entre nous. « Tu veux que je te dise merci ? Merci. Je le pense, vraiment. Je pense ce que je te dis. » Il ne se sentait plus du tout fatigué. Il était habité entièrement par l’antithèse de ce qu’était Henriette. C’était un sentiment plus plat, plus fort encore que l’épuisement. « Je t’ai appelé parce que tu viendrais. » Le vent ! Il agitait ses cheveux, séchait son dos. Il emportait l’odeur du sang. Le vent ne laissait rien.

« Tu viens toujours. Peut-être que je serais venu aussi si tu l’avais fait, je ne sais pas. Qu’est-ce que ça change ? » Il se penchait en avant ; il tendait l’oreille, vers ces craquements des os, dans la fortitude d’Henriette, qu’il connaissait, et chérissait, car était le seul langage auquel Abel ne se trompait jamais. « C’est la raison : tu es disponible. Tu es, » il ouvrit les bras, et ce grand espace devait contenir tous les mots, inexistants, de leur relation, petite, insignifiante, il faudrait qu’elle soit insuffisante, et pourtant elle occupait toute cette place, toute cette plaine, entre ses bras, par-dessus l’herbe qui s’éveille. « je ne sais pas, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Tu as de la fierté à être cette personne, d’accord, mais je ne te le rendrai pas, et, dans le long cours, personne ne te le rendra, ou, en tout cas, on te le reprendra, il y aura, comme moi, des gens, qui en ne te le rendant pas, te feront défaut. » Ses mains retombèrent contre ses cuisses, dans un rebondissement de tissu plat. Il méprisait la grandiloquence de la scène. C’était pour lui d’une banalité crue, il fallait, d’ailleurs, que ce le soit, et il renifla l’air matinal pour s’affranchir de toute la théâtralité qu’il pouvait professer par inadvertance. Il fallait que ce soit la vie pure. « Voilà pourquoi je voulais appeler quelqu’un d’autre, et pourquoi je t’ai quand même appeler toi. Voilà. » Il lae fixait, avec cet air de défi qui n’en soumet pas un, car leur défi était continu et sur la ligne ferme d’une antithèse nécessaire, rassurante, et inaliénable. Abel déglutit. Il tournait la tête en direction du coeur de Nausikaa, il présentait son profil à la mer, et l’autre, à l’ombre, à Henriette. « C’est tout. » Il le dit comme un ordre des choses : voilà leur seul équilibre. La mer, dans son ressac paisible, contemplait pour elleux cette nécessaire injustice avec une mélancolie maternelle.

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(flashback juillet 2023) Star witness, Henriette Mer 3 Jan - 16:34

En cette saison, l’air matinal n’a plus la légèreté du parfum des fleurs, celles du printemps, qui habillent le vent d’une douceur qui appelle à la tendresse — ce matin-là, en juillet, l’air a le parfum vert des graminés mêlés aux embruns, et Henriette trouve à cette odeur d’herbe une indolence désagréable, qui appelle avec insolence à une journée légère dont Abel l’avait déjà privé.e. Sa main, rendue orpheline par ce geste froid et ferme qui les avait séparé, reste un instant suspendue, comme une question qu’il est encore trop tôt pour poser, ou une affection qu’iel ne se sent pas le droit de donner avec sincérité, comme il se devrait. Abel avait tranché ce lien qu’iel avait créé entre elleux comme pour annoncer la fin de la complaisance gentille qui les avait lié un instant, une seconde seulement, au nom d’une faiblesse toute primitive qu’on trouve chez les enfants et les petits animaux. C'est cette fébrilité qui avait fait naître, chez Henriette, une pitié qui n’avait rien de supérieure, mais qui trouvait sa source dans la bénévolence honnête et simple qu’iel voulait verser dans le monde, et qu’Abel refusait qu’iel tisse d’ellui à lui, avec l’obstination résignée et fataliste des araignées de maison. Sans qu’Henriette ne le perçoive dans la totalité de sa fermeture, Abel avait cet art de clôre ce qu’iel ouvrait, et de tuer dans l'œuf les amitiés simples, juvéniles et légères qu’iel prétendait lui imposer. Le ciel mauve ne voyait pas venir l’aube nouvelle : ce matin était comme tous les autres, dans les déceptions imposées avec la cruauté acerbe qu’iel lui connaissait.

À la sortie du bois, là où le paysage est enfin plus jaune que bleu, plat comme un galet immense réchauffé par le soleil de la pleine mer, le dos d’Abel découpe un point de fuite où vient mourir le vent d’est, et où vient aussi mourir la nuit. La blessure refermée cristallise toute l’intensité du passage de l’obscurité au jour, mais Henriette ne discerne, dans l’espace en courbe entre ses omoplates, que le noeud de la peine violente et rude qu’Abel emmagasine toujours, avec l’aigreur des perdants. C’était là qu’iel avait mis sa main et déjà, il ne restait rien de sa chaleur, et les plis même de sa chemise n’avaient plus la forme de sa paume. En lavant son visage, ainsi, il lavait aussi l’intimité qu’iel prétendait créer entre eux ce matin, et Henriette subissait ce renouveau comme une injure qu’iel refusait de dire, ressentir ou faire naître dans le monde. Dans le théâtre de la détestation d’Abel, iel n’avait qu’un rôle secondaire, muet, et iel avait en horreur cette indifférence. Je m’en fous de tes remerciements. Je m’en fous aussi que t’aies raison, je m’en fous des raisons qui t’ont poussées à m’appeler parce que c’est pas pour ça que je suis là ; moi, je te demanderai jamais de montrer que tu m’aimes, et même, je te demande pas de m’aimer, d’être reconnaissant, ou de me donner en retour ce que je veux bien te donner à toi.

C’est un mensonge qu’iel prononce au grand air, maintenant que le bois ne lae protège plus des vents : iel ne se fout pas de l’amour d’Abel, qu’iel avait demandé, rejeté, attendu sans le trouver, avec la désinvolture factice des insatisfaits qui demandent toutes les adorations — sa colère envers Abel portait cette frustration comme un stigmate, et Henriette se sentait supplicié.e de son désamour. La théâtralité du moment lui échappe ; ou iel prétend ne pas la saisir, lui refuse la générosité de cette complaisance : iel le regarde, perpendiculaire à cette terre trop jeune pour avoir connu le sang des vraies batailles, sans s’émouvoir du retable macabre qu’Abel peint du monde. Ce que je veux, par contre, parce que je pense que j’y ai droit, c’est savoir ce qu’il s’est passé. Je veux pas le savoir pour te juger, je veux le savoir parce qu’en m’appelant, tu m’as impliqué dans ce qu’il s’est passé ici — peu importe pourquoi t’as fait ce choix, tu l’as fait, et maintenant, tu dois être juste avec moi.
Si Abel se tournait vers ellui, il verrait encore la ligne des arbres, crevées des branches de belladone et d’aubépine qui gardent les tons rouges du soleil déjà chaud, du soir passé, et des crimes lavés par la rosée.

Abel, qu’est-ce qu’il s’est passé cette nuit ?


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(flashback juillet 2023) Star witness, Henriette Sam 13 Jan - 17:23

Au diable l'aurore. Le jour accrochait des boucles d'or sur les dent des feuilles de tilleul et de sureau ? Ce miracle ordinaire et silencieux n’était pas pour les hommes. Il n’était pas pour elleux. Abel s’était tourné vraiment pour faire face à Henriette, et surtout, il tournait le dos au soleil, qui le décevait, et qu’il ne voulait plus voir. Sur sa nuque éclatait la rosace d’un rayon. Cette auréole pourrie le démangeait. La couleur d’or lissait son col, en faisait ressortir les dentures carmin, sèches, craquelées ; le jour soulignait du bout des doigts l’arête dorée de sa mâchoire, la peau claire de sa gorge, nue, parfaite. Ces caresses, ces maigres consolations d’une mère fragile et coupable le gênaient. La douceur de la matinée n’était pas importante. Il y en avait mille, deux mille devant, deux mille derrière.
« C’est vrai. » Il mit ses mains sur ses hanches. « Tu as raison. » Cet aveu, clair, tranchait avec son discours pressé de tantôt, et ce vide concédait largement d’Abel un pardon ; mais de ce crime, commis par lui contre lui, il s’en excusait en lui-même. Il s’excusait de sa détresse, car il aurait fallu qu’elle soit digne et solitaire, et alors elle aurait pu être sublimée par la verdeur des mousses au petit matin, et il aurait béni sur son propre front, le salut d’un dormeur du val, qui n’en méritait pas tant. Mais il partageait l’endroit avec Henriette ; un désespoir enfantin l’avait poussé à tendre les bras vers la ville, et il se connaissait ce défaut, très humain, dont il ne pouvait faire le reproche légitime à personne d’autre. Henriette, au moins, était ainsi loin de sa rancœur. Iel était loin, c’est tout ; il y avait une distance entre elleux suffisante pour que le vent s’y lève, retourne quelques feuilles du sol, secoue un peu leurs cheveux. Ah ! Cette poésie était inutile et dégoûtante. Il ne voulait pas de lyrisme pour le sacrilège qu’il allait commettre. Il fallait qu’il soit aussi vrai et dégoûtant que le reste.

« Je me suis fait tuer. J’ai perdu ma première vie. » Il levait le bras, droit, qui ne tenait pas sa veste, sa main comme d’habitude accompagnait son discours ; ouverte vers le ciel, tendue vers rien, c’était exactement le même geste que lorsqu’il débattait de choses très larges, très loin de lui, des choses qui concernent la société, et jamais vraiment lui. « Inutile de me demander qui c’était, je ne vais pas le dire. C’est entre cette personne et moi. Mais mon portable est presque déchargé et je n’ai pas, tu vois, assez en moi pour rentrer seul. » Cela, il le disait comme une faute d’arithmétique. Il remit sa main, à demi fermée en un poing, sur sa hanche. Les dentures de ses phalanges s’enfonçaient dans son flanc. « J’ai perdu beaucoup de sang. » Il se tut brièvement. « Je ne suis pas blessé maintenant. Mais je suppose que ça joue. » Il se tut encore. Il entendait la mer.

« Il fallait que je demande à quelqu’un que ça ne concernerait pas de trop près. » Il ouvrit les mains. Elles entouraient sa taille. Il la trouvait trop fine, trop fragile sous ses doigts. La tendresse meuble de cette chair d’enfant lui donnait envie de pleurer ; il serra pour la tendre, la faire durcir, cela lui en fit passer l’envie. La mer roulait encore, et le jour, peu à peu, découvrait Henriette. Abel le remarquait maintenant. Voilà qu’iels étaient sous la même lumière. Cela lui fit une drôle d’impression, pas réellement mauvaise, mais cette communion était trop plate, trop évidente pour vouloir dire quelque chose. Il vit sur ellui que le soleil, dans leurs yeux, leur donnait à peu près la même teinte de bronze.
Enfin, Abel saisit qu’il n’avait plus peur, ni particulièrement froid, ni mal au ventre, d’ailleurs ; il n’y avait qu’Henriette et lui, sur le littoral. C’était la somme des choses à savoir sur la corde raide du secret. Cette équation, réduite au maximum, lui convenait parfaitement. Il n’y avait jamais eu de place en elle pour la cruauté, car celle-ci en vérité en arrondissait, soupesait, nommait tous les facteurs, et il aurait fallu parler d’elle comme s’il avait fallu parler du ciel.
Il éleva un peu la voix, il y injectait un peu de ce ton pressant qu’il avait eu plus tôt, car le vent, le jour, la ville, le monde se levaient, et elleux étaient toujours là. « Voilà ce qui s’est passé. Est-ce qu’on rentre, maintenant ? »

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(flashback juillet 2023) Star witness, Henriette Ven 22 Mar - 0:55

On aurait pu construire des cathédrales toutes entières pour rendre hommage à cette vision d’Abel dos au soleil, bloquant ses rayons qui dessinaient une mandorle de rouge et d’or pour envelopper son corps. Il s’élevait dans l’air suintant et lourd comme s’élèvent les sculptures, immuables et belles, avec la violence cristallisée de l’instant moralisateur d’une parabole biblique. Elles étaient là, la mort, la blessure et la guerre : dans la ligne courbe de son menton, dans la courbe affaissée de ses épaules, dans le creux timide entre sa taille et son bras, qui laissait passer un triangle de lumière — la nature seule pouvait dessiner un aussi parfait martyre.
Henriette ne croyait pas en Dieu, ou du moins, pas en ce dieu-là. Cette linéarité parfaite que les copistes déjà avaient donné à l’archange Gabriel dans leurs enluminures ne trouvait pas le chemin dévot de son coeur : iel ne voyait pas la beauté rectiligne du geste qui mimait une lance, des doigts d’Abel à son épaule lorsqu’il lève le bras — Henriette ne mange pas de ce pain-là, et se détourne des grandes bénédictions. De la mort, iel sait la terre, les ossements et les vers, et c’est bien mieux comme ça. Pour cet homme encore debout, soudain, Henriette manque d’amour ; ou alors, iel perd enfin la matérialité de sa tendresse pour Abel, qui ne peut traverser le fossé que la mort creuse entre eux.
D’un côté, il y a les vivants, et de l’autre, ceux qui sont morts une fois.

Entre elleux, il y a un bout de terre, et puis l’odeur de la mer. Entre elleux, il y a toute cette nuit : il y a le noir du ciel et l’odeur de la terre après le premier sang, il y a la chair qu’on rompt dans une coulée de lymphe et les pleurs des mères qui sentent partir leur progéniture ; c’est tout.
Henriette regarde Abel avec la compassion absente qu’il faut donner aux morts. Sur les falaises, il y a des herbes sèches, des mousses nourries au sel et des buissons épineux dont les racines étouffent les pierres — rien, dans cette nature nourrie du divin, ne sied à son deuil. Iel saisit alors qu’il n’y a rien de plus à dire : iel hausse les épaules, et reprend sa marche parallèle au ciel, qu’iel ne rencontrera jamais. Iel ne réalise pas sa perte.

Oui, rentrons.


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