Semi indépendance, les sorties en dehors du campement ont toujours ce goût bizarre, c’est comme une sortie scolaire, sauf qu’il y a pas besoin de toute la classe, et c’est pas une visite de musée, et tu n’as pas de pique-nique dans ton sac à dos… C’est juste ce sentiment d’aller quelque part, avec un emploi du temps, heure de départ, heure d'arrivée, couvre-feu ! Avec quelques marges certes mais le trajet a déjà été vu quelque fois puis, ça va c’est la deuxième fois que tu fais le trajet, il faut s’habituer.
Pourtant New York a perdu toute sa familiarité, trois ans à peine, peut être quatre même tu n’as pas la notion de temps mais les rues ne sont plus à l’identique.

Après tu penses trop, c’est sûr, tu penses beaucoup trop alors que c’est surement qu’une histoire de rue, de trajet, on cherche pas à faire le même chemin, on cherche plus l’ancien quotidien. Aller retour en continu, chez soi direction école puis on inverse en faisant parfois un crochet à l’épicerie ou au parc.
Ici le trajet te semble encore incompréhensible, les rues s'enchaînent sans pouvoir être coupé en différentes sessions, grandes allées et trop grand bâtiment tu avais oublié les hauteurs écrasantes de la ville, alors que tu as grandi depuis. Tu ne détestes pas l’endroit pour autant,ici c’est bien, personne ne se connaît ou se reconnaît, à deux vous passez inaperçus, pas besoin de se justifier, où on va et pourquoi, pas besoin du “bonjour ça va” en politesses inutile ou juste un “hey” car constamment on croise les mêmes, et parfois même à la suite d’une même journée

"Tu es sûr de la direction juste ?" Evidemment Ethan fait confiance à.. Lazare, Évidemment, il était plus que motivé pour l’accompagner. Ce que tu n’as pas forcément compris mais soit sortir seul ne te rassurait pas tellement. Même si à présent tu voulais au maximum éviter d’être en retard, pas besoin de faire patienter quelqu’un en plus.
Les trajets encore inhabituels ont cette part de doute, tu as ce doute, tu as toujours peur du retard, tu finis par courir et au final tu arrives en avance et tu pues car tu as couru sans endurance, sprint découpé en morceaux. Ce qui est juste nul et contre-productif. Le timing c’est pas ton point fort, tu voulais pas y penser et Lazare qui était d’un trop enthousiasme à l’idée de venir avait accepté là tâche de GPS.

Si tu étais parfaitement honnête tu avouerais que tu ne savais pas vraiment qui était Lazare au-delà des rires que tu entendais parfois des tables à la cafet, ou de son regard un peu fatigué. Mais il s’était proposé et tu n’avais pas réfléchi, tu ne voulais pas essayer de chercher quelqu’un d’autre, modifier les emplois du temps d’autre. Mais il ne t’as pas demandé si tu étais honnête et toi, ton emploi du temps semble de plus en plus serré.

Il ne restait que 20 minutes pour se rendre au cabinet, et soit c’est le deuxième rendez vous, mais laisser l’impression que l’on n’est pas forcément impliqué dans le processus est à l’opposé de ce que tu voulais faire. “Je crois qu’on était passé par là, la première fois que j’étais venu… Je crois, tu peux vérifier au cas où …?” La première fois aussi tu n’avais pas fait le GPS non plus, Dionne s’en était chargé, mais Dionne fait partie des gens qui ont leur vie en main c’est sur !! Après évidemment tu ne dis pas pour autant que Lazare n’a pas sa vie en main.. Enfin tu ne sais rien mais la différence d’âge et toutes ces choses-là laissent à croire que l’un est peut être plus fiable que l’autre ?

“Après en soit il reste encore vingt minutes, c’est large…non ?” Sinon on peut se mettre à courir, pas de soucis, aujourd’hui il porte des baskets, un peu vieilli certes mais plus confortable pour courir que les crocs même en mode sport… Mais tu as aussi abandonné ton jogging aujourd’hui, à la place un sweat et un jean qui colle un peu trop à la peau. C’est pas l’optimal c’est sûr… mais pour courir c’est pas un souci... “Sinon on court pas de soucis hein..” Faut juste le dire !

Ange gardien ?
Le terme t’aurait fait rire si la situation était autre, tu ne crois pas à ces choses, bonnes étoile, chanceux naturels, ange et de plus gardien. Tout ça pour toi ne sont que des contes, les histoires que maman te racontait avant de t’endormir quand elle était de bonne humeur.
Unique, rare, mais avant tout fantasque, toutes ces choses ne sont réelles que dans le monde de ton père, alors du réel tu les écartes le plus possible. Après tout, tu te préfères malheureux à désillusionné.

Ok.. Tu ne sais pas si tu te rassures ou pas, tu ne sais pas vraiment ce que les paroles de celui qui t’accompagne valent. En fait tu n’as même pas demandé s’il était de New York, s’il connaissait l’endroit, il avait juste eu l’air motivé et disponible, ça t’avait suffi pour lui faire confiance. Peut être que c’est juste un piège ridicule de sa part et toi tu n’as fait que foncer dedans et tu ne pouvais rien lui reprocher car, encore une fois tu n’avais pas posé plus de question. Mais du coin des yeux, il semble autant (re)découvrir (?) l’endroit que toi. Il regarde tout, évoque les appartements de ceux qui sont là haut et toi, tu connais déjà la réponse. Maryline t'avait emmené dans ses apparts quelques fois, les fins de mois à arrondir en faisant le ménage ici et là, puis le repassage et toutes ces tâches que l'on se permet d’oublier quand on vit là haut. J’pense pas que ce soit bien de vivre aussi haut.. On à trop de choses à perdre en un seul claquement de doigt. Et ça rassure, tu sais très bien que jamais tu vivras là haut, par envie comme par possibilité.

Trop de monde différent à New York, en hauteur comme en divin, vous avez tous déjà trop de particularités pour pouvoir vous permettre de vous élever autant, tout en restant en sécurité.
New York de toute façon a perdu toute sa sécurité pour toi maintenant qu’elle ne vit plus par son cadre familial.

Enfin, tu divague, trop, penser à tout pour ne pas voir le reste et le temps, tu ne peux pas te décider s’il est honnête ou pas, ou peut être insouciant de ne pas avoir regardé le trajet de manière plus exacte plus tôt. Tu crois faire une crise cardiaque lorsqu’il te tend son téléphone, démuni, tu fixes l’appareil quelques instants avant de taper l’adresse vitesse grand V. Tu l’as mémorisé par cœur, en plus du numéro du secrétariat à appeler en cas d’imprévu. Tient. Il à raison, pas besoin de courir, vous êtes même en avance si vous continuez ainsi il ne reste qu’une dizaine de minutes de marche, tu lui rends le téléphone, enfonce vite tes mains un peu trop moites dans tes poches sans pour autant décélérer le rythme. Évidemment vous avez de la marge, mais au moins cinq minutes d’avance restent de la pure politesse qui te tient sûrement trop à coeur de respecter.

Puis, il y a toujours des imprévus, c’est un simple fait du quotidien, les aléas qui ne sont pas toujours dans le sens que l’on souhaite. Peut-être qu’il y a des travaux dans une rue et qu’il faudra faire un grand détour.. Tout semble tout le temps trop changer à New York, la ville se transforme et ne ressemble à aucun de ses souvenirs, toi non plus tu n’es plus reconnaissable à la vue de New York, chacun à choisi sa direction propre.

Vingt minutes, la sentence qui tombe, qui allège avant de relancer les nouvelles vagues trop houleuses. Vingt minutes en infiniment long et infiniment court, source mathématique qui se devrait fiable mais qui lui laisse cet arrière-goût amère, encore un peu trop loin de l'arrivée pour que ses épaules se décontractent légèrement. En fait, il le sait pertinemment qu’il ne sera reposé que lorsqu’il sortira du cabinet.

Ouai, on respire... Soufflé à mi-bas, c’est lui-même qu’il cherche à rassurer, ses mains triturées l’une contre l’autre il oublie si vite les gens à ses côtés, il ne voit que cette foule en constant mouvement, sans visage, sans émotions, seul bruit que l’on transforme en maux quand les résonances montent jusqu’au sommet de tous ses immeubles construit dans ce trop grands, signature américaine que l’on adore adorer en constante surenchère.

Lui aussi semble se prêter au jeu, un peu mais pas trop, les plotwist se dessinent facilement sous cet angle. Popularisé par le cinéma, tous ses films dont on t’as souvent évoqué le nom mais que tu n’as jamais prit le temps de voir, tu les sais, tous ses film d'Hitchcock où l’on attend les derniers moments pour renverser toutes les cadences, ou le rythme se brusque , s'accélère ou se coupe tandis que le spectateur ou l’acteur se retrouve à encaisser le choc. Toi tu n’y trouves rien à gagner, tu préfères les courbes dans leur continuité, sans choc, sans trop, sans bruits, et sans tourments par simple peur de voir le regard d’un autre ennuyé.
Étonnement tu favorises les scénarios linéaires, du simple. Tu avais toujours apprécié ses sitcoms que l’on regarde dans le désordre car un épisode viendra rarement en impacter un autre, ou la fin est légère et où l’on peut oublier la concentration car les applaudissements seront toujours là pour indiquer les rires en oubliant les autres bruitages pour ses moments que l’on qualifierait de triste ou inquiétant s'ils surgissent. Ceux-là sont faits pour être oubliés bien plus facilement. À la fin de l'épisode, si l'on retient quoi que ce soit ce sont ses rires, et si l’on ne retient rien on passe à l’épisode suivant sans penser quoi que ce soit de plus.

Mais ici si l’on s’oublie ce ne sont pas les rires qui rappellent à l’ordre mais les paroles, le regard se relève à l’instant où son nom est prononcé. Tu l’avais presque oublié mais voilà que l’on te le rappelle, tu es accompagné aujourd’hui. Ah.. Tu te fais parasite, sous ses pores, voilà que les différentes sensations ne sont pas appréciées, et pourtant il en rit doucement. Le rire ne se combine pas aussi bien à toute la situation, est ce que c’est un signe comme si c’était à ton tour de rire à présent ? Tu n’arrives pas à le déceler, repose ton regard devant toi. Désolé je voulais pas.. Et ça ne répond en rien à sa question, soit, tes mains s’enfoncent dans tes poches, il sera mieux ainsi, on n’y trouvera pas de gestes d’un trop nerveux. Je sais pas..ça doit être la foule j’imagine…Ou sinon j’ai pas giga bien dormi cette nuit..Mais rien de grave hein !! Tu n’avais pas vu Sherry cette nuit, cela t’avait trop inquiété, toute la nuit à la chercher t’avais même épuisé. Pourquoi tu es là même ?...Enfin ! Je veux dire, pourquoi tu t’es proposé…On se connaît pas vraiment.. Le changement de sujet est simple, très voir trop même mais il te suffit pour penser que Lazare se préfèrera sûrement à parler de lui qu’entendre la suite de tes tout petits tourments qui s’accumulent en trop désastreux. Après c'est pas pour te chasser hein..juste de la curiosité.. Et bas y a tout moment tu vas juste me kidnapper on sait pas.. Tu laisses une sorte de pseudo rire, faire genre d'être décontracté, alléger l'ambiance que tu n'arrives pas à rendre vivante