Cela va faire presqu’une semaine que le monde s’est renversé sur sa tête.
Comme un sceau d’eau, comme un réveil.
Comme une petite fissure sur un plafond en verre.
Presqu’une semaine qu’il devrait y voir plus clair et que rien ne lui a jamais paru si sombre. Il n’est toujours pas certain de comprendre ; plutôt, il n'est pas encore certain d’accepter.
Ses adelphes, à défaut de lui mentir, ont choisi de lui occulter la vérité. Ses amis n’ont jamais vu en lui plus qu’un courant d’air dont il ne fallait pas dévier la course. Celui qui aurait dû l’aimer sans condition, mois après mois, ne lui adressait plus la parole.
L’avait vu lui échapper, au bras d’un monstre. Sans rien dire !
Pourquoi, alors que tous savaient la malédiction qui lui planait au-dessus de la tête, personne n’avait rien dit ?
Malik se souciait peu d’avoir certainement frôlé la mort.
Aurait-il été dévoré qu’il aurait peut-être été plus excusable à leurs yeux. Peut-être est-ce au fond ce qu’il aurait préféré : être dévoré plutôt que paradé, comme un bijou de mauvais goût, dans la paume de quelqu’un qui avait compris. Un homme ou un monstre, peu importe, au fond ! Ils le savaient et n’avaient rien fait.
S’étaient sûrement dit que c’était dans sa nature ; c’était son rôle de maudit que de retomber toujours pour les mêmes travers. On ne le sauverait jamais vraiment.
Les yeux secs d’avoir trop pleuré, Malik entre sans frapper dans l’appartement de son ami.
Son propre frère l’a averti de sa nouvelle affectation parmi les nouveaux gendarmes de l’île ; ne l’aurait-il pas dû qu’à nouveau, il n’en aurait rien su.
C’est qu’il commence à en avoir marre, Malik, mais il n’est pas sûr d’avoir encore assez de colère dans le cœur pour le dire ; plus que tout, il se sent seul, terriblement seul.
Si derrière cette porte-là, personne ne l’accueille, il n’est plus sûr de savoir où aller.