Naissance histoire d'amour trop brève - niké s'entiche de joel un soir de match, charmée sous les cris de joie du public, passe la soirée, puis quelques jours, puis quelques semaines à ses côtés, se sépare de lui sans rien laisser d'autre qu'un coeur brisé. enfant inattendu, inespéré, déposé chez son père neuf mois plus tard, avec l'explication confuse de l'identité de sa bien-aimée bien cachée dans une lettre d'amour sur un carton doré : joel décide de prendre l'enfant à sa charge, envoie une réponse à l'adresse de retour indiquée au dos de la carte. ce soir là, il voit niké passer à la télé.

0-5 ans père aimant, présent quand il peut, maman absente, inconnue dans les publicités, l'enfant grandit bien loin de sa mère mais pourtant entouré par la victoire, s'habitue déjà à la foule en délire, bien agité dans les bras d'amis du paternel quand celui-ci porte une nouvelle fois ses coéquipiers à bout de bras. chaque soir de grande victoire, joel reçoit une nouvelle lettre, d'un papier familier, couleur métalissé - il les garde précieusement dans une boîte à chaussures.

6 ans enfant turbulent mais pourtant au développement bien avancé pour son âge, álvaro est amené chez un professionnel, est diagnostiqué avec les troubles bien caractéristiques de sa condition. son père fait de son mieux pour lui obtenir les solutions adaptées, souhaite à tout prix le bonheur de son fils, souhaite à tout prix son succès.

6-10 ans il se plaint d'être différent, on lui répond qu'il est spécial - álvaro sait à peine lire et compter qu'il fait déjà la fierté des clubs d'athlétisme, se voit promettre un avenir tout tracé loin des difficultés scolaires. populaire à l'école, fait le pitre pour ses camarades, gagne à tous les jeux, reçoit les premiers messages d'affections des filles de sa classe, puis les premières hostilités d'un garçon - bagarre juvénile, le plus grand a 8 ans et se fait envoyer la tête la première contre le mur, les copains rigolent, álvaro s'inquiète. le personnel ne sait pas quoi faire du fils, le père leur assure qu'il fait pourtant de son mieux, promet la sécurité des camarades du plus petit et fini de remplir son calendrier déjà chargé de cours d'arts martiaux. une fois de plus, le prodige s'illustrera, sous une pression dont il ne se plaindra jamais, le larynx écrasé par son poids.

10 ans le fils ne se plaint plus de sa différence, se bat avec son père pour la première fois : dans un excès de colère il a fouillé ses affaires, y a trouvé quelques lettres. la dernière, à son sujet - maman sait qu'il existe, maman est fière de lui, mais lui voudrait qu'on lui dise, ne veut plus avoir à se battre avec papa. impulsif comme on l'est quand les hormones s'installent, il part dans new york seul à la recherche de sa mère, descend les escaliers du grand immeuble qu'il habite et imagine dans son esprit immodéré qu'il la trouvera forcément quelque part puisque tout lui réussi très bien, puisque c'est la réussite même qu'il cherche ici. c'est figé face au visage de sa mère, les yeux levés sur un grand écran publicitaire qu'il commence à perdre ses moyens, se rend doucement compte de la bêtise de sa fugue soudaine, commence à prendre conscience de la foule qui l'entoure et du danger qu'elle représente pour un petit garçon de son âge, ne bouge plus, commence à pleurer, à courir, trébuche, insiste pour se relever mais n'y parvient pas, pleure plus fort.
c'est une main féminine qui se pose sur son épaule, le sort de sa torpeur et relève le pauvre enfant qui demande son père, qui ne le retrouvera pas ce soir, ne le retrouvera pas demain non plus - un monstre traine dans la foule, il ne le sait pas, on ne lui dit pas mais il faut faire vite, et bien vulnérable comme il est, il fait tout ce qu'on lui demande.

10-19 ans l'enfant n'a plus son père, c'est sous la bannière de sa mère qu'il s'épanouit désormais. les années passent et álvaro se découvre une liberté sans précédent, grandit et déploie ses ailes dans cet univers qui lui parait construit pour lui. fils de niké, il brille dans ce qu'il entreprend - se fait quelques ennemis, ne les considère pas comme tel, ne considère rien ni personne comme plus important que la nouvelle joie qu'il se fait à irradier les lieux et qu'il n'abandonne plus, qu'il amènera avec lui sur nausikaa lorsqu'il aura fait ses preuves au combat.

19 ans une semaine avant ses 20 ans, une semaine avant le printemps, álvaro obtient après quelques jours d'insistance la permission de quitter le camp et de s'installer à nausikaa. une idée qu'on lui a suggérée, qu'il aura immédiatement acceptée - considérant avoir assez grandi, le camp n'est à son estime plus qu'une cage et ceux qui se sont longtemps occupés de ses ailes l'empêchent désormais de voler.

20 ans le nouveau gladiateur foule le sol de l'arène pour la première fois, salue longuement la foule de son plus beau sourire, sent le regard de sa mère posé sur lui - il est prêt. aujourd'hui, álvaro est une étoile, et bientôt, il éclipsera la lune.