Ellair a brisé le silence en premier.
Un message via rainphone, pour se donner rendez vous ici, l'excuse d'un manque d'entrainement avec des adversaires sérieux semble parfaite.
Le protecteur des Olympiens a besoin de s'endurcir, c'est ce qu'il s'efforce à se répéter.
Mais ce qui tourne dans sa tête en boucle, ce sont les paroles de son souverain, Cecil Warren  :
"Satya en pince pour toi"

Hantise qui lui revient quand ses pensées se taisent, entre les deux pages d'un roman, à la seconde où son esprit vagabonde. Les bains ne le sauvent plus de ces pensées intrusives, pire même, lui rappellent sa confrontation avec le coupable. Sa démarche, sa promesse, sa peau. Dans un soupire le molosse olympien peine à se concentrer sur autre chose, mais elles reviennent toujours !
Et ce, depuis les thermes.
Maudits bains.
Ils ne lui apportent que de la misère.

A la pensée de trop, Ellair brise le silence.
La rencontre forcée pour se prouver qu'il n'y a rien. Un entrainement comme ils en ont toujours fait, et il en sortira un meilleur protecteur, libéré d'images honteuses et de rêveries stupides.
Fils d'Arès, il s'imagine vaincre son obsession en duel.

Ellair se redresse à l'arrivée de son adversaire au terrain d'entrainement. Le Soleil décline, et l'endroit est déserté, les occupants ayant mieux à faire en ce début de soirée. C'est leur royaume, qu'Ellair garde aux côtés de son épée.

- Hey...

C'est une petite voix qui l'accueille, des yeux reflétant moins d'assurance qu'à l'accoutumée. Mais son allure droite continue de prétendre que tout va bien.
Ses inquiétudes seront tues comme les autres, son attention portée sur l'attitude de son ami, pour y lire le moindre signe de rancoeur. Ou le moindre signe qui donnerait raison à Cecil.

Les mots de Cecil continuent de l'assourdir, alors, Ellair attend. Il cherche sur le visage de Satya ces indices qu'il refusait de voir, n'y trouve que la figure implacable de l'entraineur Sparte. Et il est magnifique ainsi.
Mais là dedans, n'y trouve pas les accusations de l'ambassadeur d'Arès.

- Ah ?

Les Spartes ne l'effraient pas.
S'ils veulent venir lui interdire de solliciter leur entraineur à coup de poings, qu'ils viennent ! Et pour illustrer ce qu'il en pense, les épaules du protecteur se haussent, et la tension qui le maintenant droit se disperse.

Et de lui même, Satya aborde leur dernière rencontre.
Ses yeux fuient, fouillent les terrains d'entrainement d'une nonchalance feinte, mais il ne bouge pas.
Ces adieux, Ellair y a songé longtemps.
Sa démarche, sa promesse, tout.
Et son allié lui arrache un sourire discret; peut-être bien qu'il n'en avait pas eu assez. Le revoilà, à venir quémander sa présence, incapable de le chasser de son esprit. Aussi fort soient les enfants d'Aphrodite, ils ne causent pas de tels tourments.

- Je voulais te voir.

Puis, le vague sourire s'efface, laissant qu'un visage songeur, d'un sérieux trahi par la peine de son affliction, celle qui lutte pour être reconnue par le gardien les olympiens lui même. C'est un poids qui le pousse aux soupirs, retarde ses nuits d'innombrables pensées intrusives et de doutes.

- Tu ne m'as pas fait peur, Satya.

C'est un aveu qu'il n'était pas  encore prêt à exprimer qui lui a inspiré la fuite.
Encore maintenant, il a du mal à sortir.
Alors il piétine, parcoure de quelques pas le terrain, se préoccupant de son épée comme si elle demandait soudain de l'attention. Et après s'être un peu rassuré dans cette diversion, revient poser son regard sur lui.
Ellair désigne alors son arc.

- Tu comptes me battre avec ça ?

Sujet dont il a la maitrise, qui ne fait pas exploser sa poitrine.

Ah, si seulement les gens nus l'effrayaient!
Ses soirées seraient ailleurs qu'aux bains publics.
Satya insiste avec cette histoire de nudité, force des images qu'il aurait aimé ne pas avoir en tête dans l'immédiat...

- Ce n'est pas ça ! Ami ou frère, ça ne me dérange pas, c'est juste...

Sa main passe sur son visage, il la laisse tirer ses traits et chasser ses visions, y tait un soupir, avant de finalement lui faire face. Aucun ami -c'est ce qu'il se dit- ne lui donnait envie de poser sa main dessus, de ressentir la manière dont la mâchoire pourrait se loger à son creux. Il avait toujours posé ses yeux sur lui avec bien plus de douceur. Toujours cherché sa présence, au camp, dès que l'occasion se présentait.

- C'est différent...

Le don des enfants d'Aphrodite, c'est ça, pas vrai ?
Cela ne peut être que ça.
Ou...

- Puis pourquoi tu m'en veux, de toute façon ?

Et si Cecil avait raison ?
Non, impossible.
Les railleries lui change les idées, à point nommé.
Un léger sourire relève le coin de ses lèvres : elles sont nombreuses, les remarques des Spartes sur son obéissance envers Cecil, mais aucune ne fait vaciller sa loyauté.

- Et après, si je suis trop lent ? Je vais devoir me trainer jusqu'à la clinique ?

Combien de flèches avant qu'Ellair ne s'écroule ? Satya oserait tirer autre part que ses jambes et ses bras ?
Mais il ne sera pas trop lent, Ellair en est convaincu.
Il se tait ensuite.
Le détaille du regard en silence, pensif.

- Parions, Satya. Le gagnant aura une faveur du perdant. Qu'en penses tu ?

Soupir.
Satya ne le laisse pas s'en tirer, insiste, réclame des explications. Il a raison, mais ces mots ne sont pas faciles. Cela a toujours été différent, depuis le camp déjà. Satya avait toujours droit aux regards les plus doux. Sans le savoir, Ellair finissait par chercher sa compagnie, lui qui ne cherche pas de compagnon d'ordinaire, en dehors de Cecil.
C'était différant, au point de venir chercher le contact de sa peau sans l'assumer complètement. D'y songer de nombreuses fois depuis leur dernière rencontre, alors qu'il ne cherche qu'à chasser ces images de son esprit.
C'est le pouvoir des enfants d'Aphrodite, c'est ce qu'il se répète.

- Hm...

Peut-être bien qu'il le fuyait.
Ellair ne répond pas. En fait, il fait le sourd, et regarde ailleurs. Là où ses traits sévères ne restent pas néanmoins captivants.

La flèche le ramène à lui dans un léger sursaut.
Ah, son maitre, encore...
Pas de sourcils froncés, ou rien qu'un peu; un air las au visage, pour changer.

- Cecil est autant mon maitre que Seraph est  le votre...

A lui, Ellair se permet de le dire.
Les autres, il les ignore.
Leurs railleries ne peuvent pas l'atteindre.
Mais Satya, encore une fois, c'est différent.

- J'aimerais te demander de ne plus sortir de Nausiikaa.

C'est une requête énorme, Ellair en a bien conscience. Mais ces monstres l'inquiètent. Un Olympien a été capturé, et les éclaireurs se sont retrouvés face à d'autres créatures, organisées... Egoïstement, il lui demande d'être prudent et de rester.

- Pour un moment, au moins... Et si je perds, je te répondrai. Qu'en dis tu ?

Sa poigne se referme plus solidement autour du manche de son épée. Son bras balance légèrement, s'échauffe brièvement, car l'archer risque de s'y mettre immédiatement s'il peut obtenir les réponses qu'il désire tant.
Le molosse commence à piétinner, rester en mouvement, attendant sa réponse, et le départ.

Encore ces propos enrageant, des allusions malsaines, qui lui tirent finalement une grimace. Venant de la bouche de Satya, c'est d'autant plus blessant. D'habitude, la colère l'emporte, les coups partent immédiatement pour ne laisser aucun doute à la bavure tout juste commise.

- Tu lui donnes ce genre de permissions ?

Ellair se surprend lui même à gronder, glacial.
L'image de Satya et Seraph l'agace d'avantage que ces mensonges sur la nature de sa relation avec Cecil.
Seraph ne l'avait jamais particulièrement énervé, mais ce soir, oui. De simples mots, capable de le faire bouillir, de donner des envies de violences.
Il n'y avait eu jusqu'ici que du respect, pour Seraph.
Maintenant, il en doute.

C'est au tour de Satya de s'indigner. L'archer lui rend son hostilité, et derrière le visage sérieux, des souvenirs de ces retrouvailles aux bains; la douceur lui manque, la promesse de se battre contre le monde entier à deux. C'est encore l'un contre l'autre qu'ils se disputent aujourd'hui...
Ses traits se font plus sévères encore quand il lui parle d'amant : ce n'est pas du dégout, juste un mot grave, un de ceux qu'il s'interdit d'imaginer même si son imagination l'emporte sur ses violences, et le tourmente quand le pauvre s'y attend le moins.

- C'est dangereux, Sa-

Une flèche, qu'il tente de parer. Son épée à du retard, et déviée, elle entaille malgré tout son mollet. Un grognement suit, agacé. Sans cette flèche, Ellair aurait gardé ses mots pour lui;

- Je m'inquiète ! J'ai besoin d-

Satya arme son arc.
L'olympien grimace, profite de la dolokinésie pour ne plus sentir les picotements de sa chair meurtrie. Ellair est obligé de courir, dévier sa trajectoire pour ne jamais lui laisser l'occasion de prédire sa position. Mais les flèches le frôlent souvent, et quand une vient finalement se loger dans un épaule, l'ancien Sparte grogne et lance son épée vers Satya -l'arc, idéalement- pour le forcer à se déplacer, et charger sur lui.
Ce sera sûrement la seule  occasion de l'approcher de toute façon...

Son ami se laisse avoir par la colère. Même l'animal violent qu'il est arrive à voir que Satya lui projette des intentions qu'il n'a absolument pas.
Sa charge ralentit, sans savoir quoi répondre à ces accusations.
Puis le frappe d'un coup de poing.
Un "Reprends toi, Satya !" traduit dans un langage primaire, surement plus éloquent que ses mots.
Sans la douleur, il en oublie un élément crucial : la flèche logée dans son épaule.
Ellair se doute de son erreur, car la puissance du coup manque, la trajectoire ne suit pas celle prévue. Elle touche, certes, mais c'est mauvais.
C'est la flèche. La confusion, aussi.

- De quoi tu parles ?!

Qui il doit être ? Et quoi, c'est sa faute s'il n'y arrive pas ?
Le bon dos qu'il se tape, quand même.
Toutes ces histoires que Satya lui hurle dessus, Ellair ne les comprend pas. Et même si ce "parfois" l'a mis hors de lui, sa rage s'est faite soufflée par l'état dans lequel est l'archer. Sa garde est quasi inexistante, aucun autre coup ne se prépare de sa part.
Le chien des Olympiens ne fait qu'observer son adversaire, cherchant à comprendre ce qu'il se passe.

- Je n'essaie pas de... De te rendre la tâche plus dure ? Puis, quelle tâche ?! Quelle leçon ?!

Ellair cherche le regard de son ami -sévère, inquiet, il ignore lui même-, mais ses yeux accroche la coupure laissée par l'épée.
Les siennes, il s'en fiche. Elles sont pourtant nombreuses, ses coupures, aux bras, aux jambes; il ne les sent pas encore.

- Tu abandonnes ?

Tu restes à Nausikaa ?
Tu n'obtiens pas tes réponses ?

- Les monstres s'agitent en ce moment, c'est pour ça que j'aimerais que tu restes ici...

Hors de question de perdre Satya. Avec qui se battra-t'il contre le reste du monde s'il n'es plus là ?

Le mensonge ne passe pas. Il est si gros que ses yeux se plissent, toisant d'avantage Satya, comme si cela allait forcer la vérité à sortir.
Cela ne le concerne pas, mais il le gêne ? A d’autre !

- Parle, Satya !!

L’inquiétude lui déplaît. Ce n’est pas commun de se soucier des états d’âmes pour le molosse de Cecil, et cela pèse. A force, il s’y résigne.
Satya, c’est toujours lui.
Le combat aurait pu se terminer ici, maintenant, si ses poings ne restaient pas si oisifs. S’il était sourd aux tourments de son adversaire, son pari serait gagné.
Si c’est lui, alors, c’est différent. Le combat traîne, Ellair retient ses coups voraces, laisse à la place ses yeux le détailler. Ah, mais il n’y a pas à tant se retenir non plus tant il est doué, le fils d’aphrodite; l’art de la guerre, certes, et cette capacité à forcer son regard sur lui.

Satya reprend le combat, bondit, pendant que lui souffle. Résolus, tous les deux, à ne rien dire sur leurs tourments, rien sur l'autre, rien qui ne les expose.
Sa propre épée se retourne finalement contre lui, le faisant chuter au sol, pour finalement être assiégé par son ennemi. Son adversaire a profité de tout : son inattention, ses inquiétudes et ses blessures. Tout, pour se protéger lui et ses secrets. Ellair grogne à l’impact. Il observe ensuite le visage de son assaillant, sans se débattre. Ah, c’est reparti… cette fois il n’a pas la chaleur des bains à blâmer pour le cœur qui sprinte, et son regard n’a nulle part où se réfugier. Il n’y a que son visage aux traits délicats et sérieux à longer, plonger dans regard à lui.

- Satya… Ne les sous-estime pas.

Le molosse soupire. Sa main s’approche doucement, vient écarter ses boucles pour mieux le voir. Elle s’égare même, ramène la mèches aux autres, et s’interdît déjà un peu tard de s’aventurer dans ses cheveux, bien qu’elle hésite, puis se ravise.
Un silence, à cette victoire.
Ellair hésite. N’importe qui d’autre serait déjà à terre, et son cou saignerait, mais il ne serait pas vaincu.

- Je ne peux pas te laisser gagner. Je n’ai pas fini de me battre !

Son autre main s’approche de la lame et l’agrippe. Elle force, essaie de la repousser de son cou, quitte à se blesser; il grimace, la douleur lui revient, celle de la coupure, celle des flèches.
Un léger rictus étire finalement ses lèvres. Oserait-il le blesser sévèrement ?

- Alors ? Tu vas m’empêcher de te protéger ?

De ces monstres qui l’inquiètent.
Satya est trop loin, et même aussi fort qu’il est, il ne veut pas prendre le risque.
Alors il force, essaie de le renverser; c’est se donner beaucoup de peine, déjà blessé, mis en échec. Bientôt, il abandonnera tout seul.
Il doit essayer. Juste assez pour ne pas le regretter.

La lame lui échappe de la main, suivi d'un choc rappelant sa tête au sol sauvagement. Il se sent presque partir, quand soudain la douleur de la flèche le réveille et le ramène dans le monde des vivants d'un cri étouffé de douleur. La coupure au creux de sa main brûle, sa chair se fait arrachée par la pointe de la flèche, la tête tourne à cause de sa propre épée, et Ellair ne fait que souffler férocement entre ses crocs toute cette douleur.
Le blessé pourrait l'ignorer et sacrifier ce membre pour reprendre l'avantage, l'assommer avec violence et voir ensuite s'il s'en remettrait ou non, même en appeler à la force d'Arès et forcer l'ami d'enfance à capituler.

Non, à  la place il soutient son regard dur, subit ses remarques sans baisser les yeux, car Ellair ne veut rien rater de son assaillant; ni sa sévérité, ni son émoi. Même dans sa cruauté, l'ancien Sparte arrivait à le trouver gracieux. Quant il se fait grand et impitoyable, Ellair se tait et observe : c'est là qu'il le trouve éblouissant. Sa voix l'emporte sur ses plaies et la fureur, elle l'envoute.
D'autres regretteraient amèrement de lui avoir parler ainsi.
Personne d'autre ne gagne contre lui aussi rapidement.
Ah, peut être...

A son tour, Ellair grogne.
Finalement ses yeux se détachent des siens, la tête se tourne sur le côté, vaincue.

- D'accord... J'abandonne.

Cela lui déplait.
Mais Satya refuse et surtout s'obstine à refuser ses conseils. Il est fort, mais un ambassadeur l'est aussi, et s'est retrouvé piégé par ces créatures. Ellair devra vivre avec cette inquiétude, si cela fait le bonheur de son ami, craignant d'apprendre un jour qu'il aura péri des griffes de l'un d'entre eux, loin, sans lui.
Ellair tente sa chance à nouveau. Au sol, blessé et vaincu, peut être que Satya prendra pitié de lui et d'un bref regard en coin.

- Promet moi de faire attention, s'il te plait...

Et comme Satya l'a battu, il doit répondre à sa question.
Le molosse est silencieux, en pleine observation du visage de l'assaillant. Les souvenirs des bains lui reviennent clairement : les mains sur ses joues, cette démarche aussi glaciale qu'il ne l'est ce soir, les bouffées de chaleur...
Lui, qui s'imaginait que Satya allait l'embrasser, au milieu même des bains publics.
Ah peut-être bien oui, qu'il l'aurait souhaité.
Et rien que de le réaliser, il voulait fuir à nouveau. Il voulait à nouveau retrouver son visage au creux de ses mains, et pouvoir -bien qu'il s'en souvienne parfaitement encore aujourd'hui- se perdre dans ses yeux.
Ce n'était qu'un baisé sur le front.
Ce n'était qu'un choc violent, celui de constater qu'il y avait toujours eu plus de sentiments pour Satya qu'il ne l'imaginait.

- Excuse moi d'être parti si vite. Tu... J'ai eu peur.

Non, Satya ne lui a pas fait peur à proprement parlé.
Ellair souffle et attrape le poignet de son ami : il se doute bien qu'il s'emporterait à ces mots maladroits et détalerait à son tour, alors Ellair le retient avant que cela n'arrive.

- Confus ! J'étais confus !

Même maintenant, l'olympien n'est pas  sûr d'y voir plus claire. C'est nouveau, vieux comme le monde à la fois. Et si Satya part, il s'en voudra.

- Reste, s'il te plait.

C'était sûr qu'il allait s'enfuir s'il ne le tenait pas !
Et son regard ne se fait pas plus tendre, ni même son visage alors qu'il essaie de s'en sortir avec ses mots maladroits.
"Tu dois t'en douter"
Cecil le lui a expliqué, mais Ellair prétend ne rien voir. Ce ne serait qu'une intimité liant deux guerriers, qui se sont jurés de rester uni, contre le monde entier. Juste un ami qu'il regarde avec tendresse quand il se force à être aussi dur avec lui.

Satya parle en énigme, le laissant de plus en plus perdu.
Puis il s'approche, taisant le molosse pour de bon. Ses yeux le guettent, la part de lui se rattachant à ce qui est connu et contrôlable serre ses doigts autour de son poignet. Le reste attend, retient son souffle. Ellair aurait pensé sceller ses lèvres dans une telle situation, écarté d'un geste violent comme il sait si bien le faire, grogner et mordre, punir un tel affront.
Le temps l'aurait adouci ?
Ou bien ses propres mensonges ne fonctionnent plus sur lui ? Il ose, après tout, admirer Satya de près; ses cils, la détermination dans le regard -celle de le dégouter, et pourtant-, ses lèvres. Ellair n'avait pu que les admirer de loin jusqu'à aujourd'hui, et comme il s'y attendait, le voilà désarmé.
Léger, hors du temps.
Le souffle coupé.
Comme d'habitude, c'est face à Satya qu'il déclare forfait. C'est le corps qui capitule sans demander ce que la raison en pense. Ses doigts relâchent son poignet au contact de ses lèvres, le corps se détend et se réveille en même temps. Elles le surprennent, leur douceur aussi, contrastant avec la violence de leurs échanges jusqu'ici.

C'est un baisé au gout de trop peu. La tendresse passée, ce sont ses lèvres qui viennent chercher les siennes, avides. Il n'y a plus aucune pensée pour le retenir de toute façon, juste Satya qui occupe son esprit, celui là, celui aux bains et celui à la crique.
Mais Satya lu échappe.
Le corps redevient lourd quand le présent lui tombe dessus, que la silhouette de son amis s'éloigne et lui tourne le dos.

- Eh ! Satya !

Ramené au sol par la douleur alors qu'il voulait se lever et le suivre : il reste blessé, et l'avait bêtement oublié -obnubilé par quelqu'un d'autre-. Ca grogne, puis soupire, abandonnant la poursuite.
La raison lui revient.
Elle se fait silencieuse. Les arguments lui manque, et il n'a que le souvenirs de Satya et des dernières minutes.
Il reste au sol, cache son visage derrière ses mains.
Le coeur léger il n'y a même pas quelques secondes, il pèse tant maintenant.
Et s'il restait là, le temps de s'en remettre ?
Ellair se trainera à la clinique ensuite pour être soigné.