La main qu'il impose sur ta hanche te stop. Tu étais quitte pour partir, mais tu te figes attendant, muet, qu'il te donne la marche à suivre.

Dormir, qu'il te demande. Tu t'en veux d'être autant soulagé. Dormir, ça te va. Tu n'avais pas envie de quitter ses draps, pas plus que de le quitter lui. La nuit aurait été froide et morose seul dans ton lit beaucoup trop grand. Alors tu restes, mais ne te rallonges pas pour autant. Le silence est d'or et tu sens que tu ne dois pas briser le silence. Il y a cette tension tendre entre vous, comme deux cœurs qui se jaugent, s'apprivoisent et timidement, s'ouvrent. Il se colle contre toi, t'ordonne de le serrer fort. Sans lui répondre, tu l’accueilles contre toi, passes tes bras autour de lui et le serre, serre, autant que tu le peux. Tu niches ton nez contre ses cheveux.

— D'accord.

Et tu songes en fermant les yeux, la poitrine au bord de l'explosion, que ce soir tu ne voudrais serrer pour rien au monde quelqu'un d'autre que lui.

(...)

Tu t'es réveillé à l'aube. La lumière au travers des rideaux t'a éveillé, comme à chaque fois. Leslie dort paisiblement contre toi. Tu n'oses le réveiller, tu n'oses pas bouger. Tu sais devoir partir, tu as des rendez-vous dans la matinée et tu devrais passer chez toi pour au moins te doucher et te changer. Tu n'en a pas le courage. Tu respires contre sa peau, te berces de ses respirations. Une partie de toi à peur de le quitter. Lâche, tu choisis de rester. Tu passes ton début de matinée à somnoler contre lui. Les heures tournent et tu sais ce que tu sacrifies pour chacune d'entre elle. Tu finis néanmoins par te lever, tu ne peux pas te permettre de te soustraire à tes obligations. Tu te détaches le plus discrètement du monde de lui pour te lever. Tu regardes à ta montre, si tu cours et que tu pars maintenant, tu peux arriver à temps chez toi pour t'accorder ta toilette. Tu ramasses ta chemise, gagnes le salon en la boutonnant et en replaçant justement tes manches. Mais tu te fais la réflexion que ça te donnerait une image déplorable de partir maintenant. Ton regard dérive vers la cuisine, tu n'as pas envie de disparaître comme tu l'as fait tant de fois avant. Tant pis ta toilette, tant pis pour tes vêtements. Tu remontes tes manches et uses de tes derniers pourcentages de batterie pour regarder sur Internet de quoi préparer un petit-déjeuner japonais. Tu assumes qu'il doit apprécier ça et l'avantage c'est qu'il a tout sous la main. Tu prépares le riz comme tu peux, fait revenir des légumes et prépare une omelette. Tu présentes le tout et le film pour le disposer sur la table accompagnée d'un petit manuscrit :

"Leslie,
Je n'ai pas osé vous réveiller, j'ai des obligations auxquelles je ne peux me soustraire et je ne peux malheureusement pas rester. Je me suis permis de vous préparer un petit-déjeuner qui j'espère vous plaira.

Affectueusement,
Bellamy."