il y a dans cette agitation, quelque chose de particulièrement plaisant. elle est dégoûtée des chaleurs qui se propagent à force de trop bouger mais attirée par les regards remplis de cette euphorie qu'on subit en vidant son verre cul-sec. cette euphorie où elle se sent en premier plan. elle vit chacune de ces soirées qui l'éloignent de l'île toujours de la même manière.
la joie des premières flammes qui viennent balayer les gênes passés d'être là à ne rien faire. cette liberté de glisser ses doigts contre les bras d'une autre silhouette pour l'entraîner et l'inciter à s'amuser. minseo a ce regard complice et qui donne naturellement envie de la suivre. sûrement qu'elle tient ça de sa mère, en tout cas, elle s'en nourrit d'une grande satisfaction.

la folie au milieu de tout, quand l'esprit est embrumé. minseo se noie dedans, s'agrippe à chaque peau et se positionne comme seul recours. le coeur qui bat à tout allure et l'envie d'être aimée qui frappe trop fort contre la poitrine. c'est douloureux, mais minseo y trouve un plaisir dégoûtant à y être associée. elle vit pour les coeurs qui battent et les frissons assassins le long du dos, les centimètres qu'on veut dévorer quand on ne décroche pas le regard de l'autre. chaque jour, chaque nuit, elle trouve sa victime.
puis il n'y a rien. plus rien. ce vide qui dévore la joie, la folie, puis le plaisir dégoûtant et qui ne laisse pas grand chose, plus rien. minseo se sent seule et ne se raccroche à rien. il y a le monde, puis minseo. soudain, tout semble la détester et l'ignorer. les bruits sonnent sourds et elle ne sait plus pourquoi elle est ici. elle ne retrouve plus le plaisir des figures inconnus et elle a envie de pleurer, et de rentrer.

ce soir, le plaisir horrible de minseo est rongé depuis quelques minutes déjà, et assise sur un canapé qui accueille déjà trop de monde son esprit vacille sans savoir où il devrait se situer. ses yeux ne cherchent aucun point fixe et balayent trop souvent le salon bonder du regard, jusqu'à trouver un semblant de bonheur qui l'empêchera de s'étouffer elle-même. de gestes peu contrôlés, elle se lève, s'appuie sur les autres corps sans y prêter plus d'attention. minseo se plonge déjà dans un déni assassin qui la tue à penser que tout est réciproque, la rend légitime de l'étouffer lui. le sourire dessine à nouveau ses lèvres et redonnent des couleurs à son visage fatigué. sans gêne, ses bras s'enroulent autour du sien comme pour capter son attention.

- abeeel ! la voix essaye de se porter plus forte que la musique, mais traîne de la fatigue et des quelques verres déjà bus. - tu m'as pas dit que tu venaais.. ! on aurait pu venir ensemble ! imperméable au moindre rejet. minseo ne pouvait, ne voulait pas concevoir que sa présence n'était pas désiré alors que son coeur battait déjà trop fort. - tu m'as manqué.. alors qu'ils ne partagent jamais rien.

minseo n'avait pas besoin des autres pour se retrouver à aimer. il y a de ces moments où les mots doux, les sourires rendus et les mains délicates sur le corps de l'autre ne comptent plus. elle pouvait très bien s'imaginer tout ça au début, et vivre sans. les amours, elle les invente, alors si ses yeux se sont plantés sur abel, c'était peut-être trop tard et elle se retrouvait imperméable à tout rejet. ce n'est pas qu'il détourne honteusement le regard qui importait l'enfant de l'amour. elle n'avait pas besoin de ses yeux, ni de ses mains, encore moins de ses lèvres pour prétendre à de fausses affections seulement conçues pour calmer le vide qui dévore la joie des moments d'euphorie.

elle observe un instant son bras qui se détache des siens et le fantôme de sa chaleur est horrible. légère moue de façade, elle hausse les épaules mais s'approchent quand même.

— baah, je sais pas.. ! c'est mieux que d'être tout seul non ? parce qu'elle imagine mal une envie de solitude, parce que cet aspect là n'est pas fait pour elle et qu'elle s'en retrouverait heurtée.

elle essaye d'ignorer tout ce qui l'alerte qu'elle n'est en aucun cas désirée car ça lui semble impossible. elle ne voit pas un monde où elle n'a pas un minimum son désir. alors sans prendre conscience des limites, ce sont maintenant ses doigts qui s'agrippent aux tissus de son haut, comme pour ne pas le perdre dans la foule.

— .. tu comprends pas c'est tout, c'est pas grave ! elle souffle pour alléger les méchantes vérités. — t'es venu avec quelqu'un ? elle demande, qu'elle puisse l'écarter des autres.

chanceux ou non, minseo ne désirait pas pour le moment de se montrer cruelle en venant fabriquer un amour complètement faux. parce qu’elle ne tient pas à abel de cette manière, parce que c’est différent. elle voit abel comme un joli objet à posséder, comme quelque chose qu’on apprécie avoir un moment, et qu’on veut simplement obtenir. elle n’en viendrait pas à assassiner le cœur d’abel quand elle-même n’a pas besoin qu’il l’aime en retour. ces affections sont imposées, puis délaissées quand elle trouvera encore quelque chose qui la désire moins.

— bah.. tu étais tout seul, tout perdu ! logique horriblement simple et stupide.

elle préférait ignorer tout signe d’agacement de sa part et c’est comme-ci elle ne l’écoutait pas, complètement aveugle face au refus de ne pas être aimée et pourtant c’est ce qu’elle recherche le plus à cet instant. il ne la regarde pas, mais ses yeux à elle ne l’ont pas quitté une seule seconde.

— je n’ai pas besoin de faire des choses avec toi pour que tu me manques ! genre ma mère me manque parfois mais je fais rien avec elle… ‘fin t’es pas comme ma mère pas, du, tout ! elle assure d’un ton horriblement mielleux.

sur le moment, elle déteste sa question comme elle le déteste le temps d’une seconde. elle déteste la simple idée d’être seule. elle ne veut pas se retrouver sans que ses doigts entrelacent ceux d’une autre personne. elle ne veut pas les sensations glaciales d’un manque humain. elle fronce les sourcils, presque outrée de ses dires mais oublie vite; parce qu’elle ne veut ur tout pas détester abel loin de là.

— de base non ! j’étais avec des amis puis je me suis ennuyée et ils sont partis je sais pas où.. c’est chiant ! mais après je t’ai vu alors ça va mieux ! les humeurs changeantes et soudain, elle l’aime à la folie quand abel a eu le malheur de tomber sous ses yeux.

quand il propose alors, elle ne trouve rien de méprisable, rien d’humiliant et se sent même avoir les joues qui prennent des couleurs. le sourire dessine ses lèvres et ses bras se resserrent autour du sien, le tire presque un peu. c’est comme-ci elle avait attendu ces mots depuis qu’elle était venue le voir.

— tu veux bien sérieux ? oui de fou ! j’espère que tu sais danser !

pourtant, minseo a toujours pensé son amour et ses affections comme quelque chose d’unique et terriblement sincère. elle ne cache pas ses amours sont mauvais, indélicats et tout à fait maladroit, parfois même trop imposant, mais c’est comme ça qu’elle les aime et elle assure que c’est cette manière d’aimer qui est la plus belle.

c’est pour ça qu’elle comprend les réactions d’abel mais n’en est pas affectée dans tous les cas. elle ne peut pas nier être blessée par son manque d’envie, son manque évident de sentiments, mais c’était le simple processus des choses. alors elle ne lui en veut pas pour le moment.

— c’était juste un exemple, puis je sais.. !

quand abel prend enfin l’initiative de lier leurs mains, minseo à cet instant est la plus heureuse. elle ne cache pas son sourire et directement ses doigts se resserrent autour de sa main. elle s’applique avec une attention particulière, elle veut bien faire ! elle se dit qu’elle avait bien fait et cette simple chose la plongeait un peu plus dans ses maux qui lui semblaient complètement légitime à présent.

— si on danse ensemble ? non ! puisque tu es là. mais c’est après qu’il lui manquera terriblement. ce sera toujours de pire en pire.

contre lui, elle n’a même pas le temps de se dire que c'était enfin gagné qu’able venait la ramener trop violemment à la réalité. minseo est loin d’être comme lui, et ils dansent juste, sans plus sans rien. ses yeux remontent sur son visage dont elle distingue les traits grace aux lumières ambiantes de l’appartement. elle l’aime de cette manière paélia tout, quand il ne désire rien d’elle.

— c’est grave ? si je ne suis pas comme toi. moi je pense pas ! elle se dit au contraire que ça serait terriblement ennuyeux. — on danse juste oui ouii ! tu veux rien faire de toutes manières.. minseo l’accuse presque.

c'est ça qu'elle a toujours voulu, être noyée du monde mais ne voir que lui. la chaleur l'étouffe presque mais elle s'accroche à lui. minseo à cet instant précis, a tout ce qu'elle désire d'abel. ses doigts glissent le long de ses bras, s'échappent sur ses épaules un instant. dans des envies dégoûtantes, elle prenait attention à chaque trait de son corps qui le rapprochait malheureusement un peu plus de la perfection qu'elle s'était faite de lui. elle ne le voit pas comme un prince charmant, juste un homme qui pourrait ne rien voir en elle, et ça lui suffit.

— mh ?

la question sur le moment lui semble stupide. minseo n'a jamais souhaité danser pour simplement danser. minseo veut s'oublier dans ses bras. elle veut son sang mélangé au sien et ses ongles contre sa peau nue. elle veut marquer l'épiderme et qu'on garde d'elle un souvenir violent mais délicieux. alors à sa simple question, elle retient un rire innocent qui ne se traduit que dans un sourire.

— bah évidemment ! ce n'est pas comme si je le cachais..

plutôt qu'elle écrasait abel avec ses amours assassins et qu'il fallait être aveugle pour ne rien voir. mais elle l'excuse dans sa bonne volonté d'exister au travers ses yeux. minseo ne lui en veut pas de ne pas donner assez alors que d'habitude elle demande au centuple. alors un simple compliment la laisse silencieuse le temps qu'il vienne nourrir sans jamais être rassasié son affection. ses joues prennent quelques couleurs dans une joie simple et naïve d'enfin recevoir quelque chose. naturellement, ses bras s'enroulent autour de son cou, n'étant pas désireuse de le laisser partir maintenant.

— merci.. j'ai fait des efforts pour ce soir ! elle joue les modestes quand sa beauté est innée et un cadeau maternelle. — je suis contente que tu le remarques.

contre la chaleur de son corps, minseo s'y plaît. elle se conforte de l'innocence de ses propres sentiments en sentant ses mains contre son dos venant parfois lui décrocher quelques frissons. elle se construit ainsi une légitimité effrayante d'avoir le droit de ressentir ce qu'elle ressent, de pouvoir le regarder comme elle le veut, et de vouloir se l'accaparer tout naturellement. et puis, c'était de la faute d'abel ! à la tenir comme rien du tout -comme si elle était tout-.

— Hein.. ? Bah, je vais pas te forcer. elle répond quand sa voix s'essouffle dans une légère moue.

c'est qu'elle a du mal à comprendre pourquoi tout à coup, il lui demandait ça alors que quelques minutes avant, elle avait bien compris qu'il aurait préféré ne pas la voir ici -bien que ça ne la dérange pas-. il s'écarte à peine et elle se retrouve encore perdue. minseo se demande si c'était la fin et qu'il avait fini par reprendre ses esprits. elle ne lui en voudrait pas, ça ne l'arrêtera pas de l'aimer à la folie et elle ne reviendra que plus vite. mais il ne la lâche pas, ne tourne pas ses talons et lui demande même l'impensable. elle n'y croit pas, elle pense avoir mal entendu. elle n'ose pas demander, de peur d'être idiote et à ce moment-là son coeur tambourine contre sa poitrine, les papillons dévorent son estomac. ses doigts glissent le long de ses mains, remontent sur ses épaules pour arriver à ses joues. il lui faut à peine quelques secondes pour garder en mémoire la forme de ses pommettes ainsi que les grains de sa peau. elle ne préfère pas demander qu'il se répète quand elle vient presser ses lèvres contre les siennes. minseo ne sait pas si ça lui fait du bien, mais c'est comme ça qu'elle aime l'amour.

minseo a attendu ce baiser comme on attendait avec une crainte naïve la mort. elle n'était pas naïve -quoi que- et s'attendait presque à être repoussée, qu'il invoque du sarcasme ou autre conneries qu'elle ne désirait pas prendre en compte. elle fond sur les lèvres d'abel dans une affection simple, innocente, et superficielle. elle y croyait dure comme fer, on n'embrasse pas quelqu'un pour qui on éprouve du néant. ça lui semblait impossible, alors son coeur bat à toute allure et elle profite de chaque seconde où elle peut s'accrocher à lui.

ses lèvres lui manquent déjà et la sensation fantôme contre ses lèvres lui semblent presque amer. ses yeux retrouvent trop vite les siens et aveuglée dans son propre amour, elle ne discerne même pas les traits durs et injustes d'abel. d'une délicatesse assassine, ses doigts retombent contre ses épaules, elle ne veut surtout pas le lâcher. c'est comme si elle reprenait son souffle et il n'y a plus rien autour d'elle. la musique trop forte est un son étouffé qui ne se fait entendre seulement par le coup des basses. minseo ne voit que lui dans l'image la plus simple que dessinait son coeur.

— Hein ?

ça l'a pris de court. cet espèce de silence brisé pour tout gâcher, son visage prend ses airs quand elle ne comprend pas. ses sourcils sont haussés et ses traits tirés dans une légère grimace. elle se demande ce qu'il raconte alors qu'il est si proche d'elle. elle a peur mais n'en dit rien, garde son refus de voir la réalité pour elle. pourtant il le dit clairement. ô, elle ne demandait pas autant. elle ne voulait pas qu'il tombe amoureux, mais pourtant de sa bouche c'est douloureux. la fierté fragile qui se devait d'être toujours cajolée. c'est la honte -et un peu de rage- qui vient alors rougir ses joues. il ne lui faut pas cinq secondes plus pour s'écarter, le quitter comme si son contact la brûlait. elle le repousse même d'une violence à la hauteur de sa force minime, il n'a sûrement pas énormément bougé.

— De quoi tu parles ? Tu te fous de moi alors ?! elle s'emporte aussitôt, et maintenant abel lui semble insupportable -elle oubliera ce méchant tableau demain-. sa voix tremble de ces débuts de colère.

mais minseo était aveuglée de sa propre bêtise. elle se refusait simplement de voir les signaux contraires qu'on lui renvoyait. alors quand il accepte simple, quand il joue au jeu, à cet amour qu'elle pense gagner, elle se dit ah enfin. il n'y avait aucune réflexion derrière. selon elle, il ne fallait jamais vraiment réfléchir quand on parle d'amour. alors elle l'a accepté à la seconde où pour elle, il semblait ravaler sa fierté et accepter ce coeur qui bat trop vite. minseo avait l'habitude de la fierté des hommes qui s'effritent avec le temps, ou l'épuisement au choix. s'ils voulaient garder cette carrure de grands garçons, grand bien leur fasse, elle pourrait les aimer quoi qu'il arrive.

c'est pour ça que minseo se retrouve désarmée, ne réalise pas de suite l'emprise qu'il a sur elle. elle ne comprend pas ce qui lui vaut se retournement de situation ainsi que la cruauté de ses mots. elle n'a jamais pensé que ses sentiments aussi étouffants étaient-ils méritait un tel traitement.

— Non, tu mens !

elle ne voit pas les choses d'une autre manière. abel à ses yeux, ne pouvait pas lui sembler aussi détestable. pourtant elle avait beau chercher, elle ne trouvait rien dans sa voix qui témoignait d'une réelle affection à son sujet. ça l'énervait plus qu'autre chose, c'était comme écraser son coeur. et en lui proposant à nouveau sa main s'abat sur sa joue sans une once douceur. ça lui pique quelques secondes, ça lui fait mal à elle aussi et c'est à la hauteur de sa colère.

— Tu te moques de moi en plus ?! T'es vraiment un connard en fait ! C'est toi qui agit bizarrement pour me faire passer pour une désespérée ! sa voix essaye de porter au dessus du reste. abel dans son champs de vision devient un supplice, elle aimerait le voir six pieds sous terre plutôt que face à elle.