Avant Carolin Rosenzweig vit une vie monotone, pas celle qu’elle s’imaginait, pas celle qu’elle voulait mais elle ne n’arrivait pas la changer. lasse, elle se dit que c’est plus simple d’en finir ! un soir, une bouteille d’alcool - elle ne sait plus lequel - plus tard, ivre, penchée sur la rambarde d’un pont, prête à en finir, un homme l'accoste. l’homme qui redonnera un peu de couleur à sa vie l’espèce de neuf mois. peut-être que cet enfant, peut-être que devenir mère, donneraient tout son sens à sa vie ?
Naissance Et neuf mois plus tard, Kristine naît. les parents de Carolin se réjouissent de cet évènement, espérant que l’enfant amène un peu de joie dans la vie de leur fille. mais bien au contraire. au début, on dit que c’est une dépression post-partum. un mois, deux, trois, rien ne change. Carolin ne veut pas sa fille - même son prénom a été choisi par ses parents -, ne l'aime pas, ne la touche pas, refuse d’être dans la même pièce qu’elle, effrayée presque par cet enfant si petit. finalement, elle se jettera du même pont où elle a rencontré l’amour d’un soir. ses grand-parents endeuillés, trop âgés, déposent le bébé à l’Angel Guardian Home, un orphelinat catholique de Brooklyn, dans les bras de la Mère Supérieure, sa seconde mère.
0 à 8 ans Krista grandit parmi tant d’autres enfants sans famille, mais tous sous le regard du Père et des sœurs. mais elle n’y trouve pas sa place dans cette grande famille. elle ne lit, n’écrit pas aussi bien que les autres, elle peine à suivre les cours, les messes, peine à se faire des ami.e.s - elle semble un fantôme avec ses cheveux noirs et son teint pâle ! -, peine à prendre du poids et à grandir comme les autres. certaines sœurs disent que c’est la faute de sa mère, d’autres une épreuve envoyée à cette enfant par le Seigneur, d’autres se taisent simplement.
Krista n’aimait pas grand-chose. la première fois qu’elle a senti son cœur trépider, elle s’en souvient parfaitement. une nouvelle sœur était arrivée et c’était le coup de foudre pour la petite — “je t’aime” lui avait-elle soufflé en la serrant très fort, ne voulant pas la laisser partir. les adultes ont pensé à l’amour platonique, les enfants lui ont dit qu’une fille ne pouvait pas “avoir d’amoureuse” et elle s’était jurée de changer cela. comme elle s’était jurée de partir d’ici, de devenir riche et célèbre.
8 ans à 20 ans et quelques semaines plus tard, elle pensait un de ses rêves réalisés, après tout une jeune femme était venue la chercher - est ce qu’elle aura le droit de l’appeller maman ? mais cette jeune femme n’était qu’une Lampade, messagère de son père qui l’avait emmené dans cette énorme famille où elle ne trouvait pas sa place.
ainsi elle vivait, comme tout le monde, allait en cours où elle rêvassait, dessinait, écoutait parfois, allait aux entraînement en essayant de se persuader qu’elle avait la force et l’endurance pour, et elle se faisait ronger, ronger, ronger par cette jalousie et cette tristesse d’être, malgré les ami.e.s, malgré les ennemis, si seule au monde.
21 ans la sortie de la colonie — l’occasion de commencer une nouvelle vie ! les ruines de l’Atè sont un paysage qui la sied à merveille et dans lequel elle s’intègres parfaitement. peut-être trop, puisque toute motivation pour un avenir radieux qu’elle avait s’écroule peu à peu - trop de candidatures rejetées, trop de cœur brisé, les bas du manque toujours plus bas. elle vit d’un extrême à l’autre, d’une obsession éphémère à l’autre, avec l’art comme seule constante.
22 ans elle regarde le massacre de l’Hydre avec une certaine distance, elle ne pleure pas les morts, se réjouit un bref moment d’avoir été revendiquée par Thanatos. mais c’est un père qui ne veut pas l’être, à la place elle obtient un frère, enfin une vraie famille.
le coup d'État des Grands qui suit la laisse aussi insensible. elle n’a jamais été intéressée par la politique, a juste suivit les règles, trop occupée par sa propre vie. défier le divin, le père, est une idée tentatrice mais elle reste une idée.