-9 mois – Les Crawford étaient un jeune couple d’amoureux dès plus normal, presque ennuyant pour certains de leurs amis. Aucun souci d’apparence, détendeurs de biens modestement confortable. Mais leur plus grand mal était qu’ils souhaitaient, depuis quelques années, s’agrandir afin de fonder une « véritable » famille. Un enfant serait bien, deux sans doute mieux. Pourtant, rien n’y faisait. Tristement, qu’aucun d’eux n’avait jusqu’alors pensé à consulter, car finalement perdu dans l’ignorance que l’homme était stérile. Et cela parce que le hasard est trompeur face au charme d’un Dieu. Beauté parfaite au fond d’un bar, alors que madame Crawford avait peut-être un peu trop bu.  

0 an – Naissance de l'enfant tant attendue : Hazel est perçue comme une bénédiction par le couple. Le père mortel n'a jamais soupçonné qu’elle n’était pas de son sang. Pour ainsi dire, même la mère était persuadée que sa fille était aussi celle de son tendre amour.

1-7 ans – Mais comme l’avoir avait était si difficile, les parents craignaient tellement de pouvoir la perdre du jour au lendemain. Hazel est alors surprotégée par ses parents, d’une façon bien indécente. Privée de beaucoup de choses, détournée de tout ce qui semblaient être impurs pour son jeune âge. Une éducation enfermée dans un cocon, ou plutôt une réelle prison. Hazel qui ne pouvait pas jouer comme les autres de peur qu’elle puisse se blesser, car la moindre petite entaille était semblable à une fin du monde aux yeux de ses parents. Alors elle ne pouvait pas sortir dans le jardin, ne pouvait pas jouer avec les plus bagarreurs, le regard qui était instantanément couvert à la moindre « atrocité », et cela allait jusqu’à changer de trottoir lorsqu’un chien arrivait…  

Surprotégée, aimée, embullée, engouffrée.. A la fois pure et dérangée, si le monde extérieur et les liens sociaux lui sont inatteignables. Malgré ses difficultés de lecture et d’écriture, ses parents ne paraissent pas vraiment inquiets : après tout, Hazel avait tout le temps de se perfectionner. Mais au fil du temps, il arrivait que le couple Crawford fasse quelques compromis lorsque leur fille réussissait ce qui n’était pourtant que pure banalité…

7 ans 1⁄2 – Alors qu’ils étaient en route pour le Grand Canyon, le père perd le contrôle de la voiture qui fonce à vive allure dans une pierre gigantesque. S'il sera indiqué plus tard par les autorités que le couple Crawford est décédé à la suite de leurs blessures, Hazel se voit être beaucoup plus chanceuse. Et cela, même si la police sera incapable d’en expliquer la raison car l’enfant est retrouvée immaculée, érant non loin de la collision.

En vérité, Hazel aurait bel et bien dû mourir ce jour-là, car les secours sont arrivés tardivement sur le lieu de l’accident. Sa survie n’est dû qu’à son véritable paternel, le dieu Apollon qui tentait de façon bien hasardeuse de se racheter envers certains de ses enfants. C’est donc face au soleil ardent qu’il fut témoin de l'accident et décida de soigner sa fille, la revendiquant ainsi comme demi-dieu.

Hazel est alors transportée à l’hôpital le plus proche et récupérée par les services sociaux. Comprenant être orpheline malgré le manque de souvenir de l’accident, elle n’a même pas le temps de comprendre la situation dans laquelle elle se trouve, qu’un satyre vient à sa rencontre pour l’amener auprès de sa « nouvelle famille » qui se trouve sur la presqu’île de Nausikaa.

7 ans ½ + – Durant ses premières années, Hazel était assez contente d'être dans la colonie des sang-mêlé sans pour autant vraiment comprendre cette signification de demi-dieu et de ce qui lui arrivait. Elle était une enfant terriblement discrète, aux amitiés très limitées, qui faisait globalement ce qu'on attendait d'elle à quelque exception près. Car Hazel a toujours eu beaucoup de difficulté à participer au Capture-l’étendard ainsi qu’aux entraînements pour les demi-dieux, notamment parce que la moindre vision du sang l'horrifiait et la peur finissait toujours par la dominer.

Moyenne dans l'ensemble, car malgré son statut de fille d’Apollon, sa capacité d’archerie n’avait rien d’exceptionnel, elle n’était ni charmante et encore moins rayonnante, au goût artistiquement passable aux yeux de sa fratrie. Les seuls points pour lesquels Hazel arrivait vraiment à se mettre en avant étaient son excellence en grec ancien et son chant sensationnel, la poésie antique ne semblait avoir aucun secret pour elle. Une voix douce au grain particulier, qu’on savait porteuse de bonne décision le peu de fois qu’elle venait à siffler.

20 ans – L'insouciance de l'adolescence, qu'ils soient Hommes, demi-Dieux ou même Dieux ne change pas grand-chose. Alors lorsque Zeus indique que Nausikaa ouvre ses portes, il ne fallait pas à ces trois amis un seul mot de plus. Car la curiosité et le désir de s’amuser, de retourner à leur vie d’antan les avaient tout bonnement happé. Naïf, presque ignorant face aux bonnes paroles que le mal semblait avoir été tari, ce trio qui n’avait sans doute pas conscience que l'enseignement qu'ils suivaient au camp était pour assurer leur survie. Ils tombent alors très rapidement face à une créature qui avait été attirée par leur odeur. Monstrueuse et assoiffée, pour elle qui n’avait pas pu voir de demi-Dieux depuis des décennies. La fuite était à leurs yeux la meilleure des options mais l'un d'eux est blessé. Une blessure qui n'est ni grave ni profonde, mais le sang qui se présente à Hazel, tétanisée. Dorénavant incapable de s'enfuir, l'obligation de leur faire face pour tous revenir sain et sauf au camp. Mais dans cet acte héroïque, l'un perdit la vie.

20-22 ans – Semblable à une claque en pleine figure, Hazel à la sensation que toute sa vie était faussée. Ses souvenirs sont pour elle la naïveté d'un enfant surprotégé à qui on aurait promis un monde de magie et de mille merveilles. Hazel comprend enfin le véritable sens des demi-dieux et est rebutée par cette découverte. Une morosité qu'autrui considérait comme passagère, mais en vérité, Hazel aurait préféré une vie normale et humaine. Durant longtemps, elle est détruite par la mort de son ami - car si elle n'avait pas été tétanisée, ils auraient été capables de fuir. Plus encore, si elle n'avait pas été tétanisée, elle aurait été capable de chanter pour le soutenir.

22+ ans – C’est finalement une étrange fatalité. Hazel qui prend enfin conscience de tous ses maux, les souvenirs d’il y à plus de vingt ans qui ont refait surface durant ses dernières années. Elle comprend qu’elle aurait dû s’éteindre cet après-midi là, en compagnie de ses parents. Hazel réalise que toute son existence est aussi misérable à cause de sa partie de Dieu, qui lui a été imposée de naissance comme, elle se l’imagine, pour beaucoup d’autres sang-mêlés.

Elle n’avait alors pas d’autre choix que d’accepter, ou plutôt subir et c’est ce qu’elle avait fait sans un mot depuis cette vingtaine d’années. Sa lassitude s'est peu à peu installée, Hazel happée par son défaut fatal au cours des années. Elle rejoint la clinique et aborde le titre de guérisseur malgré sa peur effroyable du sang, car Hazel n’arrive pas à se résoudre à abandonner, à les abandonner. Pour ses parents qui sont morts alors qu’elle a survécu, pour celui qui est mort par sa faute et pour d’autres qui ont été blessés pour sa protection. Tant de disparition car c’était ça, d’être un enfant de Dieu, de part l’entraînement durant leur adolescence ou les dangers de leur sang, cela signifie inévitablement être mis en danger. De vivre face aux risques et de mettre le reste du monde en péril.

Pourtant, malgré ses idéaux Hazel n’est qu’un demi-Dieu parmi tant d'autres. Sans réel intérêt, morne et abattue. Si son désir de changer de monde, de protéger les siens est sincère. Que peut-elle faire d’autre que guérir des blessures ? Elle ne soigne ni le monde, ni les problèmes. Perturbée, désabusée Hazel n’arrive pas à comprendre le rite de la première sortie et bien d’autre chose, elle n’arrive pas à comprendre pourquoi cette naïveté face à l’extérieur subsiste encore, années après années.

Mais parfois, les efforts finissent par être récompensés - du moins, c’est ce qu’elle vient s’imaginer. Car un beau jour, elle finit par se faire remarquer, pour son envie de changement malgré le fait qu’elle n’était personne, si ce n’est une enfant aimé de son père qu’elle rejetait. Elle ne sait pas vraiment comment et encore moins pour quelle raison. Mais un nouveau jour qui vient briser sa lassitude dévorante, Hazel reçoit une invitation pour rejoindre le groupe fermé des Olympiens.

D’une nouvelle perspective, dorénavant, Hazel se lève tous les matins pour mettre sa voix aux services du peuple, car elle n’acceptera plus aucun décès sous sa garde.

Et cela, qu’importe les moyens qui lui faudra mettre en place.