Trente minutes de trop. Il ne répond pas aux messages et aux fenêtres le ciel est clair, sans alarme, les oiseaux chantent.
Quarante minutes de trop et je suis sorti de chez moi, chaque pas que je fais plus brûlant que le précédent. Mais ce sont des braises encore gentilles qui me font le pas preste et alerte, un feu étrange qui allonge mes pas pour ne pas se cramer à rester inactif ; vous trouverez peut-être ça bête, mais Bellamy répond toujours.
Sans doute que ce n'est pas un instinct supérieur, je ne crois pas à ces conneries ; j'étais inquiet et je le connaissais trop bien. Cinquante minutes de trop et que je l'ai retrouvé tient du miracle. Je capte direct le flou dans ses yeux, et ses pas erratiques qui ne sont pas les siens.
‹ Bell ? ›
Il ne m'entend pas. ‹ Bell ! › Il ne m'entend pas. Les gens se retournent devant la droite que nos deux corps forment dans la foule ; en vérité lui trace la sienne, imaginaire, et moi je peine à le suivre dans le sillon des gens qu'il bouscule avant moi. Je ne vois pas qu'il s'agit en fait un triangle, qu'Ivy court à côté de moi. On se rapproche du bord. Mes yeux s'écarquillent.
‹ Oh, BELLAMY ! ›
Un cri se mêle au mien, appuie le prénom dans deux gorges qui ne comprennent pas qu'on ne les écoute pas.
Le triangle se forme. Il n'y a plus de vent. Je vois l'oiseau trop tard ; c'était une pyramide, l'aigle au sommet.


Résumé

— Leon avait rendez-vous avec Bellamy. En le voyant en retard, il panique, sort de chez lui et le cherche partout.
— Il tombe finalement sur lui et le suit à la trace dans la foule en criant son nom en même temps qu'Ivy, Bellamy ne les entend pas. Il traverse finalement l'isthme avant que Leon ait pu le rattraper, mais il est sur ses talons.

La dernière chose que je vois avant le déluge, c'est la silhouette de Bellamy se stoppant sa course folle pour s'effondrer à terre ; puis la douleur, la surprise, dans trois râles dépassés et impuissants, sur des visages tuméfiés de terreur. Je me dis qu'on ne s'était préparés à rien.
Et soudain l'eau monte. ‹ Bellamy- › Elle grimpe jusqu'à ma bouche, jusqu'à mon nez, jusqu'à mes yeux que je garde ouvert à la recherche des autres, en fendant le flot continu à leur recherche ; de l'extérieur je suis parfaitement immobile. Je demeure en vérité debout en me noyant dans l'espace clos de ma tête, qui me paraît infini — en moi j'étouffe, seul, mais c'est surtout l'incompréhension qui me tue. Il arrive un moment où je ne peux plus rien dire. L'instant solennel où le cœur explose mais soudain, les flots se retirent, mes cheveux ne collent pas à mon crâne, c'est étrange, je suis parfaitement sec-
Et juste quand je retrouve de l'air, le couteau.
Le couteau avant la douleur mais avant le couteau — l'Hydre, ‹ Ah- › L'Hydre, et il n'y a plus de mots. Il me regarde à peine et moi je ne vois que lui. Je ne regarde pas ce qu'il me fait, il n'y a pas besoin. Ce qui est atroce c'est la sensation d'un corps externe qui se meut de bas en haut, déchire la peau et les organes non pas par accident mais par une volonté autre — que je connais déjà pour les humains, qui, je le sais désormais, est autrement supérieure et détachée pour les monstres. Mon visage est trop engourdi pour pleurer. Tout se passe si vite juste en-dessous de mes côtes, et dans tout l'isthme, dont l'eau retirée révèle le véritable décor quand l'Hydre me repousse.
La stupéfaction la plus pure qui fige l'horreur du paysage. Le coup très vite oublié en retrouvant les silhouettes familières. Je pose ma main sur mon ventre, qui s'empoisse immédiatement d'un sang lourd et chaud, et j'avance avant qu'une prise de conscience complète ne me fasse perdre pied ; je me concentre sur mes sensations plutôt que sur leur cadre, l'apocalypse continue qu'on s'en inquiète ou non. Je ne réfléchis pas trop, les pensées me viennent en pulsations. Je vais vomir mes tripes, et mon cœur, et ma voix qui a cessé de l'appeler depuis, comprenant que c'est inutile ; ma bouche commence déjà à déborder de sang. Pourtant je reste mâchoire ballante en titubant, les yeux fixés avec une sourde rigueur sur le corps désarticulé d'Ivy. J'avance comme un pantin mû par la peur et par l'amour, par des sensations très humaines qui échappent à mon agresseur. Encore une fois, je ne le rattraperai pas.


Résumé

— Bon le mec voit Bellamy qui s'effondre dans un râle de douleur c'est pas fou
— Puis POV je suis dans une illusion : l'eau monte, monte jusqu'à presque le noyer, redescend juste assez pour lui permettre de reprendre de l'air, c'est là que Duke le stab. Il le reconnaît, le moral n'est pas au beau fixe mais pas le temps pour les traumas il a un ami et un frère de son ami à sauver
— Il avance en titubant et en se vidant de son sang vers Duke, Bellamy et Ivy, il a envie de lui défoncer sa mère mais le taux de menace est de 1/10 actuellement mais il ne peut pas rester sans rien faire