première éternité Des paradis fleuris et des paysages idylliques : fille d'Atlas et de Pléioné, Taygète n'a connu pour ce qui lui devait durer toujours la joie des jeux et des rêves nymphatiques. Elle se rappelle quelquefois être benjamine de Maïa, Alcyone, Astérope, Céléno, Électre et Mérope. Elle se rappelle quelquefois avoir accompagné Artémis dans ses ballades et d'avoir couru avec ses demis-soeurs. Taygète avait ceci de rêve que de ne profiter toujours : tout lui était dû et elle ne serait jamais perdue, toujours trouvée. Elle dansait avec les hommes et chantaient avec les femmes. Taygète, pour toujours, devait être heureuse.
seconde éternité Lorsque Zeus la trouva, elle puis ses soeurs, c'est bien de Taygète dont il s'enticha. Prise d'une appréhension qui avait vite mutée en une détresse, elle s'enfuit, persuadée d'avoir ses soeurs à ses côtés ; elle détourna le regard un instant et les perdit pour toujours. Elles prirent la voie des airs alors qu'Artémis les transformèrent en colombes. Quand elle supplia la déesse de la sauver, elle aussi, elle se retrouva métamorphosée en biche. Un instant fugace, elle se sentit libre. Farouche et caractérielle, elle refusa de se placer dans l'attelage d'Artémis et en subit sa fatalité : elle restera à jamais coincée sous cette forme qui devrait devenir sienne.
troisième éternité Taygète n'était plus. Les Pléiades n'étaient plus. Il n'y avait plus que la biche, seule, sans troupeau et sans personne. Ne demeurait que la peur, la fuite et la vie passée sous la menace : il ne resterait pour toujours et à jamais que la biche de Cérynie.
épisode d'hercule Et alors qu'elle fuyait pour toujours, seule, isolée, paniquée et vulnérable, la biche fut prise en chasse : de nouveau. Elle eut été chassée depuis toujours mais avait appris à s'enfuir, toujours. Son idylle était devenu un tombeau : elle ne retrouvera jamais le chemin de son paradis et de sa maison. Ses jardins nymphatiques, elle ne les reverra jamais. Elle ne connaîtrait plus que la chasse.
Hercule arriva : la biche fuit. Une année durant, celle qui fut Taygète, fuit à travers le monde, chez les Bienheureux, chez les Hyperborées, au bout du Monde. Elle retourna sur ses pas, épuisée mais Hercule vainquit : d'une flèche entre son os et son tendon elle ne put fuir de nouveau. Elle crut mourir mais Artémis revint. Elle lui accorda la grâce et força Hercule, une fois ses preuves faites à la relâcher.
quatrième éternité Elle avait fui les hommes et les femmes, en son coeur il ne demeurait qu'une rancoeur rance et des appréhensions acariâtres. Rien ne sut apaiser ses tourments misandres et elle prit en aigreur tous ceux responsables de son malheur : il y avait les hommes et il y avait les dieux. Il y avait Artémis et il y avait ses filles. Il n'y avait plus de place que pour la fuite et la peur. Taygète, la biche de Cérynie, cette entité n'aura connu toutes ses éternités que la détresse et la persécution.
XXe siècle Ses pensées reprirent quelque fois formes de mots. Elle retrouva progressivement ce qu'elle fut autrefois : la biche redevint tout doucement Taygète. Quand elle retrouva son visage, son corps et ses vulnérabilités de nymphe, elle pria pour retrouver ses soeurs. Son père fut puni et elle ne le reverrait jamais : c'était écrit. Sa mère n'était plus là pour elle, Taygète s'en était fait une raison. Mais les Pléiades devaient demeurer. Si elle, elle était là, alors celles qu'elle aimait devaient l'être aussi.
Elle les chercha parmi les hommes (mais toujours calfeutrée, en retrait) pendant près de cent ans. En vain.
Taygète alors, abandonna sa quête. Elle pleura des lacs, des rivières et des mers pour les faire revenir : personne ne répondit jamais à ses lamentations.
Elle comprit alors sa condition et son sort : puisque Taygète n'était plus, il fallait devenir Diantha. Et Diantha demeura, parcourant les époques, jetant son dévolu sur les néons et les sonorités funk et psychédélique. Il y avait quelque chose de superbe, elle trouva, dans les couleurs jaunes, violettes et les rythmes entraînants qu'elle écoutait sans cesse. Diantha se réconcilia avec ce corps qu'elle avait longtemps rejeté car aliéné. Elle se réconforta de voir que quelque part, dans le monde, il y avait un reliquat de son monde nymphatique idéal.
Puis l'ère du disco prit fin et avec elle, la peur revint.
aujourd'hui Mais Diantha était devenue quelqu'un : elle avait des aspirations et des rêves, souhaitait corriger la peine qu'on lui avait infligé. Taygète n'avait jamais mérité tout ça mais Diantha, elle, décidera qu'elle vaincra. Placée sous l'égide de la bannière du Lotus, elle se rapprocha d'Echidna et s'imagina retrouver chez elle et ses filles cette famille qu'on lui avait amputé. Elle n'avait pas faim d'un destruction que les monstres autour d'elle réclamaient, non.

Diantha n'eut toujours qu'une envie, elle : qu'on la laisse danser. Et puisque c'était un droit qu'on ne voulait que lui ôter, alors elle détruira à son tour ceux qui veulent la posséder.
C'était décidé : plieront sous ses sabots les chasseurs, les archers et les chasseresses, Artémis, les hommes et leurs vices.