contexte inspiré de la mythologie grecque et de percy jackson
contexte
Les dieux de l’Olympe existent ! Depuis qu’ils ont créé le monde à leur image, ils règnent sur celui-ci, dominent le ciel, les océans et toutes les couches de la terre. Ils sont à l’origine des cataclysmes les plus connus et des guerres les plus atroces...
je suis rentrée ce soir il ne s'est rien passé de spécial aujourd'hui tu étais à tes armes j'étais à mes armées enfin tes armes sont bien réelles mes armées sont potentielles (que j'aimerais voir leur potentiel!) je suis rentrée et tu es rentrée il ne s'est rien passé de spécial ce soir nous étions à notre repas à notre série à nos rires il ne s'est rien passé de spécial je pense que personne n'a rien vu il n'y avait sans doute rien à voir rien à voir juste la mémoire comme la mémoire portée par les dessins médiévaux que tu aimes tant que je vois dans tes yeux plus que sur le papier (je n'ai jamais trop lu le papier) rien à voir juste le chemin vers un souvenir lointain et pourtant à jamais présent
je suis rentrée ce soir et tu es rentrée et j'ai su instinctivement j'aime l'instinct il ne me trahit pas il ne me tourmente pas il ne questionne pas il affirme et il a raison j'ai tendance à l'oublier parfois mais l'instinct est tout ce qui me restera quand cette île aura coulé
j'ai su je ne dirai pas ce que j'ai su car ça ne se dit pas ça se dessine ça se peint ça se souffre je pense mais ça ne se dit pas ça ne sert à rien de dire ce genre de choses ça ne se dit pas
alors
j'ai su que ce soir serait un de ces soirs et j'en ai tremblé tout du long tout le long du repas tout le long du badinage tout le long de la partie de cartes j'en ai tremblé encore plus que d'habitude ah j'avais l'impression de partir en chasse, déjà ! je chasse ce soir et toi aussi nous chassons non pas le dragon (réel ou imagé) je ne sais pas ce qu'on chasse je ne sais pas trop bien mais ça me prend aux tripes au front à l'âme ça me suffit je chasse cette sensation je crois dans le sens où je l'attrape à bras-le-corps pour l'étouffer contre mon sein (loin de moi l'idée de l'éloigner)
j'ai glissé un
« ce soir ? »
à ton oreille et puis j'ai ri à la blague d'une autre il nous faut nous offrir en partage à toutes même si nous partageons des chasses secrètes
puis les lumières se sont éteintes
alors
je t'ai retrouvée j'ai vu tes bras nus clairs comme la lune sous la lune peut-être ah c'est joli j'y lis déjà les cartes (indicibles elles aussi) que nous y traçons les cartes en relief les montagnes de notre affection j'ai approché mon visage un peu trop je ne sais pas trop pour quoi faire mordre ou embrasser
C’est quelque chose qu’on ne dit plus, c’est un rituel plus vieux que le monde lui-même ; c’est une chasse qui n’appartient qu’à nous et dont nous sommes les proies. Depuis toujours, c’est Dow Lintang et moi, c’est moi et Dow Lintang, et notre amour se grave en longs stigmates qui s’écrivent sans pleurs, c’est une Passion que seules les Vierges savent : nous sommes très pieuses et c’est la seule que je voudrais sauver.
C’était rentré et au son même des rires de Dow Lintang, ça avait su ; ça l’avait lu dans l’air sur le chemin, déjà, le soir sentait la tubéreuse et appelait au sang. Ça l’avait lu dans le cerne blanc de la lumière qui dessinait un croissant de lune dans les yeux gris de Dow Lintang, ça l’avait lu dans le rythme de son souffle qui chantait des psaumes plus saints que ceux des églises, ça l’avait lu aussi dans l’arc de cercle que traçait sa nuque et dessinait dans la nuit son amour du monde. Dow Lintang avait le parfum du Soleil et du Ciel, et ça aimait tout cela d’elle, ça aimait tout d’elle—ça aime, aime, aime, aime Dow Lintang. Ses chuchotements, déjà, portaient le frémissement de l’anticipation adoratrice du crime d’amour qu’elles allaient commettre. Oui, ce soir.
La Lune est une chose à elles, gibbeuse ou pleine, ce soir, comme un œil immense que Mahaut voudrait fermer. Dans le noir, à la lumière argenté de l’astre qui appartient à leur Madone, elle glisse ses mains douces et froides sur les bras de Dow Lintang, pour tracer du bout lisse de ses doigts la cartographie des douleurs déjà infligées, déjà vécues, déjà passées, dont le supplice est sempiternel dans la mémoire de l’univers.
Puis, j’ai pris sa main : je l’ai portée à mon visage pour sentir la brûlure de sa peau damnée de Dieu qui prendrait toute la géhenne de mon Amour pour elle, de mon adoration. Elle n’est pas Marie-Madeleine, moi non plus, mais elle porte à son front le martyre d’une sainte ; c’est fou, comme je l’aime ! J’ai mordu sa paume, son éminence thénar, là où les muscles sont plus charnus ; j’ai enfoncé mes dents jusqu’aux canines et me suis arrêtée avant le premier sang—il lui appartenait. Sa peau a le goût des graminées.
Dow Lintang
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Pouvoirs : tir à l'arc (A) + vitesse accrue (A) + photokynésie (B) + zoolinguisme (C)
Poste et/ou Métier : entraîneuse sportive au camp des sang-mêlés
Particularité : maudite (miroir de la douleur) + incarnation d'ulysse
Inventaire : un faucon des prairies béni par artémis, aditya
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(tw (auto-) mutilation) passionnément – mahaut Sam 7 Oct - 19:21
passionnément
avec mahaut | septembre 2023
sur ton front la croix sur mon front la sueur froide des suaires
la croix on dit tu dis celle du christ je ne sais pas moi je vois plutôt celle d’une étoile la croix d’une étoile une étoile polaire — mais pas la vraie, l’immense, tête de l’ourse — ça serait mon étoile polaire et c’est déjà ça elle m’indique le nord on m’a dit ne perds pas le nord ! comment aurais-je pu le perdre avec toi à mes côtés
tu es là étoile du nord mon septentrion
et cette main que tu portes à ton visage ma main à moi ma main dépossédée (il est des soirs où la frontière entre toi et moi est si floue que plus personne ne s’appartient plus) la morsure du froid de ta peau la morsure du chaud de ta bouche tes dents ivoire tes dents qui viennent marquer pour une nuit à peine ma peau c’est inutile et vain et passager c’est très beau cette douleur-là car il n’y a que moi qui la ressens, que toi qui la sais tu sais qu’elle a été là et quand tu me verras tu sauras qu’il y a eu une douleur là (beaucoup de douleurs là, toutes de toi je pense), les autres, tous les autres n’en sauront rien jamais comme le secret d’un lever de soleil pour celui né au milieu du jour
tu me rends ma main cette main notre main je la fixe cette paume cette chair éclaircie par la pression de ta mâchoire l’interdiction de l’écoulement du sang toute blanchie autour des jolies tranchées en arc de cercle que tu y as creusées (rongées, presque !) on dirait les cratères de la lune comme personne ne les as jamais vus (la face cachée est à nouveau pour nous seules).
je saisis la flèche que j’avais prise avec moi comme un trésor comme un attentat elle était posée à côté de moi et déjà sa pointe est sur ta peau que tu m’offres en sacrifice la pointe est sur la peau que nous offrons en sacrifice je la fais glisser à plat, d’abord, comme un frisson, comme une caresse
et puis je l’oriente autrement, comme un stylet comme pour écrire le compte-rendu de cette lune la vérité des levers de soleil la beauté de l’étoile du nord ta beauté c’est toi l’étoile du nord c’est toi
« … c’est toi ! »
j’ai pris une grande inspiration entre les dents ça a fait le bruit des rafales dans les gorges rocheuses
je vais te faire saigner faire saigner rouge rouge rouge rouge ! ça y est ça coule rouge une goutte et puis le flot ça c’est planté dans la chair ferme de l’avant-bras juste sous le coude (on ne fait plus le coude une fois ça l’avait incapacité des semaines durant il y avait eu des questions des grimaces ; il n’y avait plus eu de soirs comme celui-là le temps que ça passe)
ça fait mal ça fait rouge dans le bras je continue encore
j’ai encore ce souffle entre les dents un rire comme un sanglot je ne demande pas si ça va bien sûr que ça va
je fais se lever le soleil au nord rouge sur blanc sang sur chair le soleil dans ma chair le soleil de nos nuits !
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(tw (auto-) mutilation) passionnément – mahaut Jeu 19 Oct - 15:06
Ce soir, c’est une flèche ; demain, un couteau. La lame est une extension de nos doigts pour faire (et non infliger) des plaies jumelles, les miennes visibles et les siennes invisibles. Demain, ces plaies prendront le même soleil, et après-demain, elles commenceront à guérir au même rythme, celui de mon sang, de mes battements de cœur. Dans la grande harmonie du monde, il n’y a qu’elle, et pour elle et moi, tout se tait—je n’entends plus le bruissement des ailes des oiseaux nocturnes, je n’entends plus respirer la terre, je n’entends plus les morts se décomposer ou la Lune courir dans le ciel : il n’y a que son souffle, sa vie, ses yeux, ses dents, et cette pointe de flèche qui court sur ma peau, sa peau, menaçante et douce, promettant une douleur qui sera une extase martyrielle.
Le premier sang est une douleur particulière : ça a ce savoir de la souffrance qu’on ressent quand la première ligne rouge est dessinée dans la chair, au point le plus ferme de l’avant-bras (la peau plus molle viendrait après). Ça sait le supplice qui vient avec la fracture tracée par le métal dans le blanc d’albâtre de la peau nue, et le plaisir tiré de l’anticipation du stigmate, puis de son accomplissement ; les plaies suivantes ne sont jamais égales à celle infligée avant que l’adrénaline ne soit diffuse. Ça ressent une émotion toute particulière – bonheur grandiose – de savoir qu’elle aussi subit cette douleur qui ne marque pas sa peau, jamais, qui ne s’écrit pas en palimpseste sur ses propres cicatrices, non ! la beauté du rouge n’est qu’à Mahaut. Sous la lumière argentée de la nuit, étoiles et satellites confondus, les dents de Dow Lintang brillent comme des petites perles et Mahaut voudrait en garder une pour elle, s’en faire un collier, la chérir et sentir l’émail contre sa peau au rythme de ses chasses. Elle ne dit rien, ne fait rien, et pose son front sur son front à elle, presse pour que s’imprime sa cicatrice très chrétienne dans la peau de son plus grand Amour. La pureté de la scène l’émeut aux larmes.
Dow Lintang continue de tracer la ligne qui est comme une fissure dans le sol du désert, mais le corps de Mahaut n’a rien d’aride, rien de sinistre, et le sang coule à flots. Elle refuse d'en abreuver la terre. Elle lève son avant-bras jusqu’à sa bouche pour lécher une goutte trop lourde qui menaçait de s’écraser et de marquer le monde de la preuve absolue du Déluge. Le geste est absolument animal, mû par l’instinct pur des prédateurs qui ne veulent pas laisser la trace de leurs faiblesses. Mahaut voudrait dire est-ce que tu souffres ? mais à la place, elle souffle sous la Lune la plus grande des confessions : je t’aime.
Son front sur mon front, sa lame sur ma peau, nous nous offrons ainsi l’une à l’autre, comme hier et comme demain, sur l’autel le plus religieux de tous : le nôtre.
Dow Lintang
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(tw (auto-) mutilation) passionnément – mahaut Jeu 19 Oct - 21:55
passionnément
avec mahaut | septembre 2023
je perce je crée des sinuosités des rivières pourpres qui n’étaient pas là un instant auparavant je t’offre des veines ouvertes sur l’extérieur — enfin tu sentiras un instant le monde comme je le sens, intensément l’air bleu et immobile de la nuit qui se pose sur le sang chaud, une fièvre inconnue de beaucoup, mais pas de nous c’est pour la science, tout ça, la science
tu lèves ton bras jusqu’à tes lèvres ça picote quand tu lèches, ça réchauffe la plaie, alors, ça saigne plus je te soupçonne d’y avoir mis les dents ce premier sang est à toi tu te bois devant moi calice clos libido sciendi m’as-tu dit un jour c’est pour la science, tout ça, la science : et tu en sors des savoirs interdits dont tu me frappes.
je dis souvent je t’aime je dis souvent ce genre de choses
mais toi seule me le rends bien toi seule sait me dire je t’aime en retour je crois que c’est parce que nous manquons toutes deux notre cible quand nous disons cela moi quand je dis je t’aime je vise trop large, je n’atteins jamais une chose en particulier et toi quand tu dis je t’aime tu vises trop loin, ta mire est au-delà de l’objectif, au-delà du visible même
voilà c’est cela je vise trop large et toi trop loin : quand mon amour meurt de ne pas trouver de destination quand le tien meurt de percer la peau perforer les os et s’en aller au loin il est logique que nos amours jumelles, après avoir fait le tour du ciel et de la terre se retrouvent en un seul point de fuite.
ce point de fuite est ici, dans l’infime espace entre nos fronts : qu’est-ce-que je ne donnerais pas pour vivre en ce point !
« moi aussi, j’ai mal.
car c’est cela, l’amour, n’est-ce-pas l’amour saint l’amour sain (peu importe) c’est l’amour du pire, dans le pire, par le pire je n’ai jamais rien aimé autant que toi et cette idée-même me blesse plus profondément que tout.
quand tu dis ce genre de choses, j’ai envie de te transpercer la langue, ou bien le coeur il faudrait souffrir quelque chose de grandiose, au lieu de ce simple dérivatif (ton bras mutilé, ce dérivatif : il ne faudrait pas que quelqu’un m’entende)
quand avons-nous commencé ces chasses ?
ces choses obscures cet amour maladif je déteste un peu t’aimer plus que tout mais j’aime tant cela, plus que tout t’aimer est la chose que j’aime beaucoup, et déteste un peu.
j’espère que ça ne se finira jamais.
je pose la flèche, un instant ; nous y reviendrons, sans doute.
« est-ce-que tu seras encore avec moi quand tout ça sera fini ? »
la question n’a pas de sens pas de but une résurgence de ma discussion avec garance cela doit être le rouge sur le blanc ou bien l’ombre des arbres ou bien la douleur que je suis si heureuse de ressentir, et qu’elle a oubliée.
est-ce-que tu souffriras toujours avec moi ? est-ce-que tu me souffriras toujours ?
je prends ta main doucement et à mon tour je lèche la traînée sanglante. ça picote, car ça réchauffe la plaie, ça saigne plus sans doute j’utilise mes dents.
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(tw (auto-) mutilation) passionnément – mahaut Mer 3 Jan - 15:26
La douleur vient sans peine, comme un châtiment. La douleur vient en réponse à la prière : ça prie à la chapelle de Dow Lintang, où le sang des bêtes éteint les cierges et où les pleurs naissent étouffés dans des sourires — c’est une chapelle qu’on a construit dans le berceau du monde, un temple païen pour la nature, la force et l’amour, un temps où ça se couche en chien de fusil au pied de l’autel pour en défendre le sacré. Sa passion n’est pas celle du Christ, son amour n’est pas celui de Dieu : ça reconnaît la sapience de cette sainteté, la même que porte la terre, l’aube et le lichen ; c’est la Toute-Puissance de la nature elle-même, qui dort dans la chair des innocentes. J’espère (par Amour) qu’au-delà de la douleur, elle sent aussi la chaleur de ma langue, râpeuse et molle, qui commet ici-même le sacrilège de compassion que nous ne devons pas nous permettre. La tendresse, la douceur et la pitié n'appartiennent qu’aux faibles, aux sacrifiés, et nous, nous, sous la Lune du Chasseur, nous n’en faisons pas partie.
C’est une violence que seules peuvent se permettre les choses cruelles — d’une cruauté très pure, très juste, et qui n’a rien de celle qui coule dans les veines des Hommes, descendants de Caïn. Mahaut sait que la douleur signifie qu’elle l’aime aussi : elle laisse sa tête rouler et se poser sur l’épaule de Dow Lintang, son front lourd de stigmates pressé contre l’os saillant. Son corps se déploie tout entier comme le font les fleurs, tôt le matin, pour recevoir la rosée — c’est une invitation, une imploration, même, une offrande religieuse qui prend la forme d’un corps entier. Mahaut a la rigidité de ces statuettes de Vierge toutes faites d’ivoire, beauté chryséléphantine d’un siècle noir que l’histoire veut oublier. Elle pose la flèche, c’est l’abandon, et crève son cœur d’une question qui demande un serment. Il ne reste que la douleur résiduelle du premier sang, qui coule encore de la plaie vive comme une rivière lente et morne, intensément rouge.
Toujours. Pour toute notre vie, et au-delà de la mort.
Ça a cette manière toute désinvolte de donner à Dow Lintang des choses qui ne leur appartiennent pas vraiment : la mort, qui se refuse toujours à ces bêtes qui ne voient jamais venir le soir, est un cadeau que Mahaut promet sans le savoir, avec la générosité bénévolente des filles de l’église. C’est un rêve pieux que ça a, de donner la mort avec une dévotion plus grande que celle que ça voue aux lièvres, aux renards et aux fouines, et à toutes ces choses qu’on chasse sous la lune ou sous le grand soleil — il viendrait un matin d’apothéose où elles trouveraient leur fin, au nom du grand Amour.
Et Dow Lintang, elle aussi, goûte le vin ferreux de mon sang qui se cristallise déjà en paillettes brunes là où ma peau est la plus froide : il faut en verser plus, et s’en abreuver jusqu’à l’ivresse. Qu’on me laisse exsangue, tant qu’elle prend ma vie ! J’ai pris son poignet et je l’ai enserré ; de mon pouce, j’ai pressé cet endroit où se durcissent les tendons, point précis où les clous traversent la chair des martyrs qu’on met à mourir sur les croix — j’ai pressé là pour sentir le battement régulier de son poul, et la vérité canonique de son sang qu’elle et moi ne versons pas. Là, dans ce petit creux qui faisait comme une niche pour mon doigt sans empreinte ni relief, je trouve la tiédeur que j’imagine aux premières morts.