noël avait toujours été une fête familiale pour le petit garçon : issu de tradition croyante, décembre était le mois où il retrouvait toujours sa famille pour célébrer, où il rentrait au pays de son père pour dire bonjour à ses cousins, passer la nuit dans une église en fête pour bien finir par découvrir que depuis que papa avait rencontré maman, il ne croyait plus vraiment aux messes de minuits. trop petit pour s’impliquer dans les attachements religieux, il ne les avait jamais vraiment compris non plus : pour lui, noël, c’était la famille, et pour la première fois cette année, c’était une autre famille qu’il devait célébrer, troquant la flamme des cierges pour les flambeaux de la victoire.

c’était bien son premier noël à nausikaa, à álvaro. onze ans à peine, il découvrait l’effervescence festive de ses adelphes avec les yeux brillants, le rire des enfants rois qui se découvraient un trône encore plus beau que le précédent. la plus belle fenêtre du bungalow, voilà un siège bien digne des ambitions infantiles - un de ses frères y est déjà, mais le petit estime qu’on lui doit bien ça. de toute façon, c’est winnie qu’il reconnaît à la place convoitée, et winnie, il l’aime bien. alors, il lui laissera une place.

”c’est pas juste, t’es plus grand ! moi aussi je veux voir !” il boude, puis, quand l’ainé s’écarte, lui fait un grand sourire. on lui a toujours dit qu’être plus petit, ce n’était pas forcément un désavantage - il a appris à s’en servir. puis un jour, il sera grand, d’abord. alors maintenant, il a le droit. ”merci t’es le meilleur !” et il se positionne devant, presque sur la pointe des pieds, accoudé à la fenêtre pour prendre le rôle de la tour de guet.

grande inspiration quand on le prévient d’une surprise, ”c’est vrai ?” puis, immédiatement déconcentré par l’arrivée de jayden, il tourne le regard, fait un grand geste tout sourire, ”COUCOU JAYDEN !!”, et puis, et puis, et puis - il ne tient plus en place, tremble presque d’excitation, mais fait de son mieux pour garder son attention à l’extérieur.

”t’es pas le dernier parce que ethel, il est pas encore là-” soudain, on l’aperçoit. ”ETHEEEEL !! ETHEL !” il sautille, part immédiatement en courant à toute allure vers la porte de sortie pour l’accueillir en fanfare, manque de trébucher au passage. montre lui encore, ethel, comment tu fais pour te battre ! qu’est ce qu’il est content, ce soir là.

ethel, ethel est là, c’est fabuleux ! il faut lui montrer, à quel point on grandit vite quand on est tout petit comme álvaro - précipité sur lui, ”ethel ! je vais t’aider moi !” avec le plus grand des sourires, il ramasse un des sacs pour l’aider à le porter à l’intérieur - et puis c’est même pas compliqué, parce qu’il est super fort, regardez ! il peut même en porter deux !

”c’est vrai, on a bien travaillé, tu vas voir.” il s’était bien appliqué, avait insisté pour participer malgré ses turbulences fréquentes, et avait presque réussi à cuisiner quelques petites choses de lui-même - il vous dira, qu’il n’a pas tant été aidé que ça, qu’il aurait pu faire sans l’aide des plus grands, mais ça serait vous mentir de dire qu’il n’en a pas eu besoin, alors on accentuera le presque ! ”ça va être trop bien !”

un regard à son frère vautré sur le canapé, empli du jugement bien habituel des garçons de son âge, qui ne voient pas les choses sérieusement, mais les disent bien comme ça : ”t’es un loser, jayden, c’est pour ça que t’aimes pas les entraînements. et tu viens même pas aider ethel, franchement, tu pourrais faire un effort-” et le lancer du coussin suffit à le faire éclater de rire, arrêter les remarques qu’on ne saurait entendre, puisque la vérité, c’est qu’il l’aime bien, son frère ! c’est pas grave d’être un loser, puisque de toute façon, ici personne ne l’est vraiment : on est chez les niké, et ce soir, c’est la fête des vainqueurs.