Premières années (Philadelphie) Daphnis est un bébé presque silencieux : plus observateur que causeur. Aux interrogations indélicates, Adelheid prend l'habitude de répondre que cet enfant a déjà la tête perdue dans les nuages. Ce n'est qu'une partie de la vérité. Le reste est moins plaisant, moins poétique : les jeunes enfants sont des éponges à émotions.

Adelheid a passé sa grossesse seule. Elle a accouché seule et élèvera son fils seule, le laissant sous la garde toute relative de sa voisine septuagénaire pendant ses heures de travail.  Elle a eu beau tenter de cacher sa détresse tant bien que mal, Daphnis à toujours ressenti sa présence : comme une petite voix qui lui susurre de ne pas s'agiter, de ne pas causer de problèmes à cette femme couverte de réussite, mais qui n'a personne vers qui se tourner.

4 à 9 ans

Le plus tôt, le mieux : Daphnis se voit envoyer à l'école. Il n'est plus le bébé silencieux. Ça ne lui suffit plus qu'on lui lise des contes, il veut les vivre. Madame Suzy, la vieille voisine, n'arrive plus à trouver de quoi occuper cet enfant. Il est trop inconstant, trop tête en l'air et semble vomir un flot de mots inarrêtable que personne ne s'attarde vraiment à décoder, si ce n'est Adelheid. Sa mère est l'oreille la plus attentive qu'il soit. Elle l'encourage à parler plus, à parler mieux, et à toujours laisser libre cours à son imagination.

Daphnis n'arrive pas se mêler aux autres enfants. Ce n'est pas faute d'efforts, mais ce n'est pas grave. Il continue de parler tout seul, et ne prête pas spécialement attention à ce qu'il se passe autour de lui, dans la salle de classe, dans la cour de récré, dans la rue...

Sa mère garde espoir : ce fils si spécial ira loin. Pour pallier illusoirement au vide que les absences créent dans le coeur de l'enfant, elle le couvre de cadeaux.

10 ans (éveil des pouvoirs)

Décès de Madame Suzy. Après l'école, Daphnis apprend à rester seul, les baby-sitters se faisant rares à force de les excéder. Il s'occupe de lui-même, et réchauffe des plats au micro-onde en attendant que sa mère rentre du travail. Il a bien du mal à comprendre les affaires d'adultes qui peuvent l'occuper jusqu'à si tard, mais ne se plaint jamais.

Sans personne pour l'y contraindre, Daphnis ne fait plus ses devoirs. Le garçon s'occupe comme bon lui semble. Inlassablement, il démonte et remonte les objets qui lui passent sous la main. Rien ne lui échappe : jouets, chaise, télécommande, vélo, horloge, radio, ... Parfois, les composantes électriques finissent brûlées. Bien qu'admirative, Adelheid ne peut s'empêcher de craindre ce que laisse deviner l'apparition de cette aisance. Cela aurait pu être l'occasion de révéler à Daphnis l'identité de son père, mais elle la laisse passer sans éprouver le moindre regret : par instinct de protection, ou peut-être par égoïsme maternel.

11 ans

Daphnis se fait une amie pour la première fois. Daisy est une nouvelle élève qui a pris l'initiative de partager son goûter avec lui. Pour une enfant, elle est étonnamment patiente et empathique. Sa personnalité influence directement celle de Daphnis : elle lui apprend à comprendre les autres.

12 ans (Nausikaa)

Daphnis n'a jamais été aussi épanoui. Cette année, il a eu quelqu'un à inviter à son anniversaire. Il est toujours ailleurs, toujours inconstant, toujours bavard, mais il n'est plus seul.

Très exactement deux semaines après avoir soufflé ses douze bougies, Daphnis fait la connaissance d'Avalon. Elle l'attend sur le trottoir, à la sortie de l'école, comme si elle le connaissait déjà personnellement. Sa démarche est peu commune. Dans un premier temps, le garçon l'ignore. Mais elle parle. Elle parle beaucoup, et Daphnis ne peut s'empêcher d'écouter. Il ne sort de sa bouche que des choses insensées, tellement déraisonnables qu'elles attisent obligatoirement sa curiosité enfantine. Le garçon ramène Avalon à la maison.

(TW: mort violente, sang, morsure)

La mère de Daphnis accueille leur invitée avec une froideur qu'il ne reconnaît pas. Les adultes s'isolent et chuchotent avant de lever la voix. Le garçon attend, assis sur le canapé et les mains qui se tordent dans tous les sens. La porte de la cuisine claque, laissant apparaître Adelheid et ses yeux rouges, suivie par Avalon. Les mots de sa mère, à moitié déformés par la peine, pose un nom sur ce qu'est finalement Daphnis : le fils d'un dieu. Daphnis ne trouve rien à dire. Il ne le connaît pas, après tout, ce dieu.

On ne pose pas de question au garçon, on ne lui demande pas ce qu'il veut : c'est une affaire de grandes personnes. Il rejoindra la colonie, à la condition que sa mère les accompagne dans ce voyage. À 12 ans, on ne peut dire ni oui, ni non.

Daphnis aurait voulu posé la question fatidique plus tôt. Quand se reverront-ils ? Le visage caché contre le cœur de sa mère, il le sent battre. Et puis, il le sent s'emballer. Un hurlement qui résonne encore. Ce ne sont pas des bras, qui lui arrachent sa mère : ce sont des crocs, plantés dans son flanc et qui mutilent hargneusement ses chairs. Les bouts de peau pendent, ne laissant apparaître aux yeux de l'enfant qu'une bouillie rouge, presque noire là où la salive du monstre se mélange au sang. Laissant la créature de repaître de la mortelle, c'est Avalon qui traîne le demi-dieu en sécurité pendant qu'il hurle et se débat.

Quand se reverront-ils ? Jamais.

La Colonie Dès qu'il passe la Brume, Daphnis est réclamé par Héphaïstos. Il passera les premiers jours après son arrivée muré dans un silence presque complet. Il n'a d'ailleurs plus jamais autant parlé qu'avant. La colonie le découvre passif, calme et réservé. Jusqu'à sa majorité, ses nuits sont peuplées de cauchemars. Il lui faut du temps pour nouer quelques amitiés proches. Hanté par les images que le temps n’a pas su effacer, Daphnis est incapable de prendre part à quelque acte de violence que ce soit sans se mettre dans un état de profonde détresse. Il se fait remarquer par sa mauvaise volonté à participer aux entraînements et à Capture-l'Étendard. : le forcer a donné lieu à plusieurs épisodes de colère qui ont marqué les esprits. On a plus ou moins fini par le laissé tranquille, y voyant un moyen de le laisser se concentrer sur sa maîtrise de la forge.

Après la colonie (21 ans et ...) Daphnis occupe un petit cottage avec jardin à Nomos District. Il ne peut pas être le bras qui porte l’arme. Le temps l’a cependant convaincu qu’utiliser son don pour la forge en dotant les héros de lames d’exception est la chose à faire : un devoir qu’il s'impose et se doit de respecter pour peut-être éviter aux prochains demi-dieux de voir les mêmes horreurs que lui.

Son métier ne le rend pas heureux, il préférerait passer son temps à travailler sur ses autres projets. C'est lorsqu'il a quitté la colonie qu'il a commencé à errer de plus en plus souvent au cimetière d'automates. À ses 22 ans, alors qu'il y dessinait les machines abandonnées, Héphaïstos lui a adressé la parole pour la première fois : "C'est un bon début", a-t-il marmonné.

Depuis, Daphnis vit un quotidien tranquille et répétitif, sans se préoccuper des affaires politiques ou guerrières. Il passe son temps libre dans son cottage, au marché ou au cimetière d'automates pour un jour redonner vie aux créations d'Héphaïstos.  

résumé très rapide: